Le 7 et 8 octobre prochain se déroulera le premier championnat du monde UCI de Gravel dans la région de Vénétie au nord est de l’Italie. Le départ sera donné de Vincenza et l’arrivée sera jugée à Cittadella, quelques 190 kilomètres plus loin. Entre temps, le profil de ce mondial sera composé à 75% de pistes en graviers.
Au départ, des amateurs et les pros sont réunis avec Mathieu van der Poel, Zdenek Stybar, Magnus Cort, Greg van Avermaet, Miguel Angel Lopez, Alexey Lutsenko ou Peter Sagan entre autre. Et parmi les « amateurs », on retrouvera les frères Roche, Nicolas et Alexis, qui porteront fièrement les couleurs de la Verte Erin (Irlande). Mais comment sont ils parvenus à se retrouver au départ?
Pour être sélectionné pour les championnats du monde, il faut terminer dans les 25 premiers dans sa catégorie d’âge sur les qualifs ou alors être enregistré dans une équipe UCI ou aussi sélectionné dans une équipe nationale. Les frères Roche font parti de la sélection nationale d’Irlande, ensemble pour la première fois pour ce premier championnat du monde.
L’ancien pro Nicolas Roche était pourtant en retraite comme coureur depuis la fin de saison 2021 mais le virus lui est vite revenu quand son petit frère Alexis lui a demandé de participer à ses côtés sur la Gravel serie de Millau (Whish one gravel race). Ni une, ni deux, revoilà Nicolas reparti sur un vélo!
Alexis Roche a été un bon amateur en DN1 notamment sous les couleurs du team Côtes D’Armor Marie Morin et de l’UC Monaco. Après quelques années de bastons, il pensait ne plus jamais épingler un dossard à jamais . Mais l’appel du Gravel et de liberté ont été plus forts que les souvenirs et le voilà reparti sur les compétitions. Il portera, par ailleurs, pour la première fois le maillot du team National Irlandais que son père Stephen et son frère Nicolas ont représenté fièrement il y a quelques années, Stephen ayant été champion du monde sur route en 87.
Alexis et Nicolas ont retrouvé ces sensations de leurs enfances, celles qui leurs donnaient l’envie d’aller plus loin que le bout du chemin de la maison, plus loin que tout et surtout plus loin que leurs limites en gardant ce plaisir retrouvé, quand ils se marraient ensemble sur leurs bikes, le Gravel est ce retour aux sources pour les deux frères, pour de nombreux autres aussi..
Te revoila sur un bike, toi l’ancien coursier, mais sur un Gravel cette fois ci. Pourquoi as tu opté pour cette discipline?
Alexis Roche: « Et oui ! Je pensais en avoir fni avec la compétition de haut niveau mais je me suis retrouvé à n’avoir qu’un vélo gravel à la maison. J’ai roulé avec et je suis vite devenue accroc à ce côté aventure. Le fait de ne plus avoir de limite mais en gardant la possibilité d’aller loin sur la route. C’était un trip personnel au début.
Le Gravel, c’est un retour aux sources
Puis l’UCI arriva avec les gravel world series (un sorte de coupe du monde) et les premiers championnats du monde ! Mon instinct de coursier est vite revenu, l’ambiance sur les épreuves de Gravel c’est comme chez les cadets, tous ouvert à aller les uns vers les autres. Le Gravel, c’est un retour aux sources, c’est une aventure collective, tout le monde se soutient peu importe le club, l’équipe, le pays.
Enfin, les courses sont très exigeantes et demandent toutes les parties du corps sur des durées allant de 4 à 6h en Europe et même 8 ou 9h aux USA (sans parler des épreuves ultra). C’est tout ces côtés, de partage, de limites et de cohésion qui m’ont plu. «
Quelles sont les différences, notamment sur les efforts, entre le vélo sur route et le Gravel? On se souvient tous de ces photos légendaires de Bartali, Coppi ou Bobet roulant sur des cols dont les routes étaient faites de graviers
Alexis Roche: « Parfaite transition avec ce clin d’oeil du passé pour le comparer à la route. On est bien sur du route retro moderne même si ont est encore plus proche du VTT d’il y a 30 ans. C’est un mixte de tout ça au final, le fruit de ces disciplines confondues (rires)!
Les courses gravels se courent assez différemment que celles sur route bien sûr. Déjà, il n’y a pas d’équipe, enfin pas d’équipe suffisamment forte pour être à plusieurs à l’avant. Il faut donc compter sur ses seules forces physiques et utiliser les parties gravels comme il faut. Comme je l’ai dit plutôt, elles mobilisent tout le corps sur toute la durée de l’épreuve, pas de temps morts. Par conséquent, ca se court beaucoup à l’usure. Il y a très peu de moment de récupération, il faut donc rester concentré tout le long pour ne pas mettre les roues aux mauvaises endroits. «
Le final, c’est à la pédale que ça se décide
La première partie se résume souvent à un rouleau compresseur pour arriver à un groupe réduit. La deuxième partie devient très tactique, ça se joue beaucoup entre nous. Le final, c’est à la pédale que ça se décide avec des coureurs qui reviennent de nulle part, des craquages physiques, mentaux, c’est de la souffrance pure …. du vrai vélo. »
Ce mondial sous le maillot de l’équipe d’Irlande… Enfin tu es Irlandais (rires) après tant d’années d’attente. Une fierté de porter ces couleurs sur le mondial?
« Ça y est!! Oui (rires). En effet malgré de belles performances dans les rangs espoirs, je n’ai jamais eu l’honneur de porter la tunique verte . C’est donc un grand privilège de porter ces couleurs sur les tous premiers championnats du monde de gravel et de pouvoir représenter mon pays de naissance dans cette nouvelles discipline. »
Tu seras avec ton frère Nicolas au départ, pourtant en retraite du cyclisme?
« En effet je lui avais demandé de participer avec moi sur la Gravel serie de Millau (Whish one gravel race) pour le fun histoire de courir entre frère. Il est retombé amoureux de la compétition et ensuite et de l’atmosphère, il est à 100% à fond dedans (rires). On a participé déjà à plusieurs courses ensemble et bientôt tout les deux aux championnats du monde pour conclure le premier chapitre de notre aventure gravel ! Et il y a beaucoup de projets pour l’année prochaine déjà ! »
Ça va être un expérience de folie
Tu vas te retrouver face à Peter Sagan, Mathieu van der Poel, Zdenek Stybar ou encore Greg van Avermaet. Ca va te laisser un sacré souvenir, non?
« C’est énorme ! J’avais le choix entre la courses amateur et la course Elite. Le choix était vite fait. La course élite va être très dure et je sais que je vais être parmi les plus faible parmi tous ces pros mais le parcours reste ouvert. J’espère pouvoir rester au bon endroit assez longtemps pour profiter un maximum pour courir avec les grands noms de cette décennie ! Ça va être un expérience de folie ! «
Penses tu que le Gravel va progresser avec le nombre de pratiquants et particulièrement en France, pays très protecteur du cyclisme sur route?
« Bizarrement en France on en parle très peu du gravel, et encore moins de la compétition. Heureusement pas mal de comité d’organisation se bougent et créent de belles épreuves, je pense à la Whish one, gravelman, les baroudeuses, look et d’autres bien sûr.
Je pense que le gravel va exploser en France. Cette discipline nous permet de découvrir la France qui est tellement belle et si dense en diversité de paysages, de routes, de pistes. Il y a des pistes partout en réalité en France et pas seulement en montagne. Il y a de tout en France, tu peux faire du VTT hardcore mountain bike descente tout comme tu peux faire de la route magnifique avec des cols et de belles routes «
en VTT tu peux aller partout mais tu ne vas pas très loin, en route tu peux aller très loin mais pas partout. Le Gravel tu vas partout et très loin
Mais pour pratiquer le Gravel, il faut être ouvert d’esprit. Ne pas voir ça comme une discipline exclusivement pour les chemins de graviers ou les pistes en terre. Le Gravel c’est un entre deux où tu n’es pas pénalisé sur la route et tu peux prendre des chemins mais avec un vélo de route, tu crèveras sûr à 100%. Là où il y avait des culs de sac avec un vélo de route, le gravel au contraire nous permet de continuer et d’accéder à tous ces chemins dits impraticables.
On multiplie les possibilités sans compromis. La route sera toujours reine en France car c’est le plus accessible mais le gravel à maintenant aussi ça place. C’est plus complet et plus ludique que la route car c’est plus technique et on découvre de nouveaux chemins et profils. C’est moins risqué que le VTT où tu dois prendre des descentes super raides pour pouvoir t’amuser avec un bike avec des suspensions de 14 cm avant et arrière. Bref, en VTT tu peux aller partout mais tu ne vas pas très loin, en route tu peux aller très loin mais pas partout. Le Gravel tu vas partout et très loin. Au final c’ est un entre deux entre la route et le VTT et personnellement, je m’éclate plus. «