Encore une bafouille allez vous me dire, celle d’un vieux con qui n’est plus dans le milieu… Peut être que vous avez raison, peut être pas. Mais si vous pensez qu’elle n’a aucun intérêt, telle est votre opinion et je la respecte. Pour ceux que ça peut courroucer, ce n’est pas la peine d’aller plus loin et de vous ennuyer à lire cette longue page, cela ne vous servira à rien… Pour les autres, je tiens à m’excuser de mon langage châtié mais c’est celui que l’on retrouve souvent sur le bord des routes et souvent dans les pelotons, celui de la base, du milieu populaire.
Pourquoi prendre ma plume aujourd’hui?
Ces derniers temps, j’ai lu et entendu des mots, des phrases, des lettres d’insultes envers des champions qui ont porté les couleurs de notre cyclisme national au plus haut. Ces mots m’ont fait mal à la gueule, au coeur. Je me suis demandé pourquoi un Président de Fédération était si prompt à répondre à une lettre d’un mouvement qu’il juge pourtant « ridicule » alors que, d’habitude, on l’entend beaucoup moins s’exprimer sur la mort des courses et des clubs formateurs. Puis, j’ai su que les élections des comités de cyclisme de notre France approchaient. Je comprends mieux pourquoi certains de ces notables « costards cravates » s’égosillent en montrant un constat de notre cyclisme sous les plus beaux hospices, en écrasant toute rébellion venue d’en bas au passage. Au final, les politiques restent les mêmes, ils ne se bougent vraiment qu’à l’approche des dates butoirs pour renouveler leurs contrats, leurs jobs de fonctionnaire. En ces temps incertains, c’est plutôt l’union et non la division dont le cyclisme a besoin.
J’avais déjà écrit une lettre à Mr Lappartient. Ce jour là, j’ai su que je m’adressais à des politiques
Mais je l’avais déjà écrit à Mr David Lappartient, il y a 2 ans, dans une autre lettre. Oui, notre cyclisme amateur ne va pas bien. Le cancer le ronge depuis de longues années et ça ne date pas de ce mandat actuel. Mais le déni de certains me fait froid dans le dos. Quand j’avais écrit cette petite missive, je n’ai reçu aucune réponse bien sûr. J’aurais pissé dans un violon, le résultat était le même. Mais ce jour là, j’ai appris une leçon. Celle que ces gens là, en face de moi, étaient vraiment des politiques et que le cyclisme n’était qu’un tremplin vers d’autres ambitions personnelles. J’ai aussi appris que nous autres, les cyclistes d’en bas debout dans nos bottes, n’étions que des passionnés manipulés. Je ne peux me résoudre à cette idée, je ne peux laisser notre cyclisme amateur crever à petit feu alors qu’il ma tant apporté.
Cyrille Guimard, Bruno Cornillet, Pascal Campion, Thierry Bourguignon, Amaël Moinard et les autres
Oui, j’ai entendu Cyrille râlant sur le fédération. Je lui ai même répondu en lui donnant mon point de vue. Oui je suis d’accord avec ses propos, son point de vue. Je partage totalement son analyse. J’ai aussi tenté d’aider les clubs comme l’AC Bisontine mais je n’étais pas ce technicien bardé de diplômes UCI ou FFC. Je venais du monde du vélo, le vrai, celui qui te fait mal à la gueule, qui te forge à la dure. Oui, Cyrille a raison mais il nous faut du sang neuf à la tête. Cyrille était dans le jardin d’Eden et il a croqué la pomme. Mais son concept pour sauver notre cyclisme est bon. Alors place aux « jeunes » qui connaissent bien le monde amateur et à ceux qui veulent nous donner un second souffle, ceux qui n’ont jamais été élus et qui veulent faire vraiment bouger les choses, ce sang-neuf dans cette vielle dame qu’est la fédération.

J’ai su que lui et d’autres anciens champions avaient alors formé un mouvement, un concept pour tenter de sauver cet art qui nous avait tant apporté. Ils lui ont donné un nom qui me plaît avec « Prends ma roue« . Comme ce conseil que les anciens nous lançaient quand nous étions au bout du rouleau, comme ceux qui voulaient tenter un truc et nous disaient: « Prends ma roue, on va faire péter le peloton »
Bruno m’a fait comprendre que nous voulions tous la même chose : sauver notre cyclisme amateur.
Je ne suis toujours pas redevenu ami avec Cyrille, j’ai la dent dure et la rancune tenace. Mais je reconnais les qualités de celui qui a beaucoup apporté au cyclisme tricolore, de celui qui a été à l’origine de nombreuses bonnes idées et Prends ma Roue en est une justement. Quand mon ami Bruno Cornillet est venu me trouver pour me parler de ce concept, de cette redistribution de pouvoirs aux clubs et à la base, j’ai adhéré. Bruno m’a fait comprendre que nous voulions tous la même chose : sauver notre cyclisme amateur. J’ai adhéré mais je lui ai demandé tout de même qui serait à la tête de ce mouvement? J’ai eu la confirmation que ce ne serait pas quelqu’un qui a déjà été à la FFC, ce serait un homme nouveau. Je ne suis pas si bourru que cela et mes griefs personnels je sais les ranger dans un coin de ma caboche quand il nous faut nous unir pour une cause commune.
Pascal Campion est un coureur, un vrai, issu de la base. Il a fait une belle carrière de pro puis s’en est allé monter sa société avec réussite. Pourquoi un mec comme lui irait se fait chier à s’engager la dedans à sa retraite? Car, comme nous, il aime tant cet art et voudrait le voir vivre encore. Il n’a rien à gagner personnellement mais le cyclisme devrait en gagner certainement avec des gars comme lui et Bruno.
Thierry Bourguignon, 10 ans chez les pros. Un champion et un véritable passionné. Il suffit de l’écouter quand il cause de vélo, il le fait avec le coeur et les tripes…

Pourquoi je soutiens « Prend ma roue«
Alors oui, je soutiens ce mouvement à 100 % avec cette promesse de voir des leaders que l’on n’avait jamais vu auparavant à des postes clés, des champions ou des gars qui sont réellement issus des clubs amateurs et des organisations de courses, celles montées et qui rapportent de l’argent à notre FFC en ces temps de crise. Car j’ai lu que la Fédération s’enflammait en racontant qu’elle avait été à l’origine de nombreuses courses. Mais juste un détail, si ces courses ont eu lieu, c’est surtout grâce au travail des bénévoles, des organisateurs et des clubs. C’est à eux d’abord qu’il faut rendre hommage et ça je ne l’ai pas lu dans la lettre ouverte du Président. Un autre point : en ces temps de crise, il valait mieux que ces courses aient eu lieu pour renflouer une caisse déjà bien mal en point.
Car qui casque au final? Les clubs que l’on ignore en haut lieu, les coureurs, les familles, les organisateurs, bref la base. Celle qui crève en silence pourtant.
Il nous faut redonner le pouvoir aux comités, au clubs, aux organisateurs, au local, au département. Et il nous faut soutenir toutes les disciplines. Regardez dans quel état est notre cyclo-cross? Regardez le réellement, ne déviez votre regard… Et pourtant, on sait tous que de nombreux champions en sont issus. Regardez l’état de nos pistes? Vous allez me parler surement du vélodrome national de Saint Quentin en Yvelines. Entre nous, vous en voyez beaucoup des clubs de jeunes qui ont accès à cette piste? Vous avez été voir les autres vélodromes laissés à l’abandon? Oui, vous allez me dire que vous avez des projets de vélodromes couverts. Mais vous savez très bien que vous n’en parlez qu’aux élections, de belles promesses mais au fond de vous, vous savez aussi que cela ne vous coutera rien car, avec la crise du Covid les collectivités (les coupables parfaits pour vos échecs) ne pourront pas vous suivre quand les architectes vous présenteront les devis. C’est de la communication, c’est tout…
Mon hommage à ceux qui, droits dans leurs bottes, s’échinent à maintenir le cyclisme en vie
Je voulais rendre hommage à ces hommes que l’on entend peu. Ces présidents de clubs qui se cabossent à garder des clubs en vie. J’ai vu des gars comme Cédric Le Ny de Hennebont Cyclisme mettre la main à la poche pour que ces gamins puissent rouler sur les courses dont ils rêvaient, j’ai vu des gars comme Pascal Orlandi de l’AC Bisontine se décarcasser, avec ses bénévoles, pour que le club soit toujours à la pointe de la formation pour les jeunes, pour leurs transmettre le savoir.

J’ai vu des organisateurs de courses comme Jean Paul Mellouet du Tro Bro Léon, Patrick Le Her du cyclo-cross de Lanarvily, Alain Baniel du Kreiz Breizh élites, Jean François Bernard avec le Tour du Nivernais Morvan, je les ai vu se défoncer pour aller chercher des partenaires, arpentant les ribines, les routes et les forêts à la recherche du meilleur parcours. Je les ai vu batailler avec les élus pour leurs permettre que « la course » ait lieu. Je les ai vu éreintés, cassés, usés, les yeux dans le vide mais toujours debout tant la passion les animait. Puis l’année suivante, au bord de la déroute financière, ils nous remettaient tout ça en route, entre bénévoles, tirant toujours sur cette sonnette d’alarme que vous feignez ne pas entendre.
De ces hommes, j’ai vu des vrais champions, bien plus que nous autres simples coureurs. J’ai vu des gens qui font notre cyclisme, qui sont à l’origine des légendes.
De votre part, à la fédération, je n’ai rien vu pour les soutenir financièrement….Bien au contraire…
Mes ambitions? Je n’en ai aucune dans le cyclisme. Ma vie est au milieu de mes abeilles, au fond de ma forêt.
Je tenais aussi à vous rassurer. Je n’ai aucune ambition dans le cyclisme ou vers ces instances. Non, je laisse ça à des gens qui en veulent et qui ont encore un peu de temps disponible. Je soutiens juste un mouvement en espérant que les choses changent vraiment. Il est temps d’agir…
Pour ma part, je récolte le miel de mes abeilles. Ce miel est le fruit d’un long travail, d’une communion entre elles et moi. Nous avons misé sur les valeurs de notre terroir local, notre miel des Hautes Saônes. Venez le gouter, il a très bon gout et il vient de la base, de cette région que Mr Yves Krattinger à fait découvrir au Tour de France avec la Planche des Belles filles, de cette terre du cyclisme, ce terroir si fertile!
Les abeilles m’ont aussi appris une chose importante. Quand la Reine ne produit plus, elles est chassée de la Ruche avec sa cour pour que l’essaim puisse continuer à vivre. Je ne suis juste que le simple acteur de leurs vies en société et de leurs efforts pour survivre. Ces abeilles, ce monde, je les aime…
A bon entendeur,
Joël Pelier
PS: J’ai pris la roue de Bruno, de Pascal, des autres et je les emmènerai à l’arrivée comme au bon vieux temps. L’heure est à l’union.