A 25 ans, le Breton Kylian Etienne est de ceux que l’on nomme : « Les crossman ».Il est de ces gars un peu barges, ces adeptes du cyclo-cross, s’éclatant sur des sentiers boueux et dans l’ombre des sous bois. Afin de pouvoir assouvir son besoin d’évasion, il a rejoint le team Hennebont Cyclisme, cette équipe que l’on retrouve chaque hiver dans ces « mud-trip » et le reste de la saison sur les courses sur routes. Peu d’équipes amateurs le font encore…
Sous les couleurs de son équipe, il a encore décroché quelques belles victoires cette saison comme à la Chapelle Neuve la semaine dernière ou sur la Coupe de Bretagne à Grace. Régulièrement sur les podiums régionaux, le Breton aime se faire son « trip » dans cette gadoue en donnant tout ce que son corps et ses limites peuvent offrir! Bref, il est l’un d’eux.
Dimanche, il sera sur le championnat de France à Flamanville avec tous les autres à la grande messe du cross tricolore .
Certes, il n’est pas l’un des favoris mais il compte bien s’offrir ce pur moment de bonheur, de sentir encore et encore cette sensation indescriptible, celle qui leurs fait monter l’adrénaline dans les tours, pour s’ écrouler d’épuisement sur cette terre bénite, la bouche grande ouverte et les yeux braqués vers le ciel en remerciant les dieux du sport de leurs avoir donner ce moment de transe tant recherchée!
Quel est ton objectif sur ce France?Kilian Etienne ;
» Mon objectif pour le France est un top 20 si je suis dans un bon jour. J’ai surtout envie de me régaler, on verra bien le jour « J ». »
Pourquoi as tu choisi le cross?
« J’ai choisi le cyclo cross car l’ambiance est bien meilleure que celle que l’on trouve sur la route. Ca te demande beaucoup moins de préparation que sur la route qui plus est, c’est un plus quand tu dois aller travailler chaque jour de la semaine. »
Il suffirait que chaque équipe professionnelle française prenne deux cyclo crossmen puis les accompagnent
Beaucoup de routiers comme Zdenek Stybar ou même dernièrement Romain Bardet pensent que le cross est un bon entrainement pour la route. Peut être que l’on verra plus de monde au départ des cross les prochaines saison du coup, et des événements à la « Belge » par exemple . Qu’en penses tu?
« Oui je pense que c’est une bonne préparation pour la route, comme pour travailler son explosivité par exemple. Je suis sûr qu’il y a de très bon crossmen chez nous.
Mais pour que la sauce monte encore plus, il suffirait que chaque équipe professionnelle française prenne deux cyclo crossman puis les accompagnent tout au long de la saison par la suite.
Il y aurait un très bon retour pour les équipes au niveau publicité pour les sponsors et en terme d’entraînement hivernal. Mais cela permettrait aussi de motiver plus de jeunes qui ne veulent faire que du CX puis leurs permettre de découvrir la route par la suite. Il suffit de regarder le nombre de champions qui ont commencé par le cross avant de connaitre la route justement.
Dès lors, toutes les équipes amateurs de niveau DN ou autres prendraient des coureurs pour faire des saisons de CX complètes.
Quel coureur t’impressionne le plus?
« Sans hésitation ; Wout van Aert. Pourquoi? Car il a une classe sur son vélo et chaque course que j’ai pu regarder de lui, tu vois qu’ il donne toujours tout ce qu’il a dans le ventre et dans tout ce qu’il fait comme sa rééducation après son accident.
Mathieu Van der poel est seulement plus fort techniquement que Wout mais pas physiquement. »
Me vider la tête et respirer. Et surtout pour ne penser à rien,
Que ressens tu quand tu pars sur ton vélo de cross?
« Un pur moment d’éclate totale! Quand je pars rouler en cross, je prends énormément de plaisir. Déjà pour, simplement, me vider la tête et respirer. Et surtout pour ne penser à rien, seulement juste à m’amuser. Au départ d’une course, je veux toujours tout donner et je veux la finir au bout du bout, physiquement et mentalement, me retrouver dans cet état indescriptible ! »
La sensation est elle plus importante que la victoire?
« Oui et non car on peu gagner sans être dans une grande forme. Mais la gagne ça peut être simplement cet élément déclencheur pour pouvoir se faire encore plus mal mentalement et ensuite progresser encore davantage. »
Photo en-tête par Cassandra Donne Photographies