48 ans au compteur officiel mais le sien est resté bloqué à ses années cadets et peut être encore plus tôt tant la passion, immuable au fils des ans, empêche l’âge d’avoir une emprise sur le Breton Pascal Kerjean. Déjà en juniors, il y a 3 décennies, il était ce cannibale, celui qui terrifiait le peloton de l’ouest rien que par sa présence au départ. Des courses et de belles, il en a raflé des tonnes. Le titre de champion de Bretagne, de juniors en espoirs, il en a porté tant de fois avec fierté. Il était notre champion, il était celui dont tous les jeunes Bretons voulaient ressembler en tant que coureur. Une gueule, un caractère, une passion qui l’enflamme, un savoir et un passé à transmettre, Pascal Kerjean est au cyclisme Breton ce que les menhirs sont à Carnac. Demander à Pascal Kerjean de raccrocher le vélo est tout bonnement inimaginable tant cet art est vital pour le Breton, il est son art de vivre, il fait parti de son ADN. Désormais, il transmet sa passion, sa vision du cyclisme, son « sens of life » aux jeunes de CC Bourg Blanc, là bas dans cette terre du Finistère comme tant d’autres à travers la France.
Pascal, 48 ans, et tu gagnes encore comme dimanche dernier à Mespaul sur la An Hi Kenta, Pourquoi vouloir continuer à compétiter?
Parce que j’aime ça, point barre! Les courses, je n’y viens pas en cyclo-touriste. Je prends toujours le départ pour gagner et cela depuis plus de 33 ans. La gagne pour l’un d’entre nous ou pour moi au CCBB (CC Bourg Blanc), leurs apprendre la gagne oui, c’est notre mission. Que veux tu! On ne se refait pas. Mais sur la An Hi Kenta, ça a été juste. Ma pointe de vitesse me sauve une fois de plus. `
Leurs apprendre à la lire, à la sentir, à la vivre et à l’encaisser quand cela se passe mal!
Tu entraînes les jeunes de Bourg Blanc. Tu gagnes devant Maxime Arzel (17 ans, juniors) justement celui que tu coach?
Oui. Je gagne surtout cette année me retrouver au départ d’une course avec les jeunes dont mon dauphin Maxime Arzel que j’entraine depuis 3 ou 4 ans! Oui, je voulais vraiment être au départ. Pourquoi? Pour tenter de leurs apporter mon maximum de connaissances avant, pendant et après l’épreuve. Je veux être là tout le temps auprès de mes jeunes. Ok, il y a l’entraînement, mais il y a aussi la course et l’après course où l’on refait le match comme on dit. En tant que coach, et si tu le peux, il te faut être à leurs côtés durant tout ces moments, leurs apprendre à la lire, à la sentir, à la vivre et à l’encaisser quand cela se passe mal!
Oui mais ça ne t’embêtes pas de claquer devant eux justement?
Pourquoi pas ? Je ne suis pas du genre à laisser les autres gagner, même Maxime Arzel. La victoire, tu y vas avec la couteau entre les dents la chercher. Mais tu as raison, il faut la gagne pour motiver les jeunes. Oui mais il faut aller la chercher aussi contre tous sans exception… Un sprint est toujours serré, tu as le nez dans guidon et tu ne vois plus rien. Il nous fallait ramener le bouquet, pour nous, pour les jeunes, qu’ils soient fiers de porter les couleurs du club.
Qu’ils soient fiers de porter les couleurs du club.
Je serais le coach comblé si un des jeunes du CCBB gagnerait. Dimanche avec Max, le sprint a été serré, on n’avait pas le droit à l’erreur. Mais si il m’avait battu, j’aurai préféré et j’aurai été super content. Son sprint était parfait, il était dans mes roues, j’étais là à ses côtés pour le pousser dans ses limites. Max je l’aurais laisser gagner mais c’était tellement rapide que je ne l’ai pas vu à côté de moi et le moindre relâchement ça aurait peut-être D’hervez qui nous battait alors. Max sera un grand coureur un jour. Je ne me fais pas de soucis, il va en claquer plusieurs bientôt.
Le cyclisme, l’un de tes battements de coeur?
Oui, j’ai besoin de ça, un besoin vital. Je sais que je me débrouille pas trop mal encore (rires). En plus avec Bourg Blanc, j’ai trouvé un team où je me sens bien et où les jeunes se sentent en confiance, encadrés. Certes, on a pas beaucoup de moyens comme de nombreux clubs en France mais on a cette passion qui nous permet de faire les choses bien et avec nos moyens.
Un sens de la vie, de l’abnégation, de la volonté
Qu’est ce que le cyclisme t’apporté dans ta vie?
Des valeurs en plus de celles transmises par ma famille. Un sens de la vie, de l’abnégation, de la volonté et une petite notoriété du coup. Comme j’étais plus ou moins connu, j’ai trouvé un travail chez Guyot Environnement il y a 22 ans et c’est grâce au vélo que j’ai pu avoir cette place. Michel le créateur de la compagnie est un grand fan de sport et des valeurs qu’il apporte à tous. Il est l’un des sponsors du Stade Brestois en foot et c’est bien plus qu’un simple investissement. C’est aussi un passionné du sport. Son fils Erwan a aussi cet amour du sport et ce respect pour les sportifs notamment dans la voile.
Revenons à notre question première. Pourquoi continuer?
Pour tout ça, tout ce que je viens de te dire. Les jeunes du club me respecte et me le rende bien. Ils veulent tous me surpasser et j’aime ça. Car plus tard, ils auront des bases pour la compétition, pour la vie de tous le jours. Si ça avait été le contraire, j’aurais arrêté depuis longtemps. J’ai foi en nos jeunes, ici, au CC Bourg Blanc.