Pour autant que je m’en souvienne du haut de mes 22 ans, j’ai toujours entendu des exploits de Francis Mourey depuis ma tendre enfance. Dans ma famille, férue de cyclisme, ton nom et tes exploits revenaient souvent le dimanche soir en regardant les courses et surtout les cross les plus épiques. Certes, à mon très grand regret, je n’ai jamais connu le dernier champion du monde de cross Français Dominique Arnould en 1993 mais j’ai connu tes exploits comme cette dernière médaille dans un championnat du monde, en Bronze, en 2006. J’étais là, au sein de ma famille, plantée devant le poste de la télé (Le cross était plus souvent diffusé à cette époque). Je me aussi souviens de ton dernier succès aux championnats de France 2016, titre que tu as porté par 9 fois, sur tes terres franc-comtoises, là-bas à Besançon. Ce jour là, à l’arrivée, je me souviens que tu tombais dans les bras de ton ami Pascal Orlandi (AC Bisontine)… Je me souviens très bien de ces batailles sur le cross de Lanarvily, le temple en terre Bretonne, cette terre où tu remportas, non loin de là justement, le « Paris Roubaix Breton » que l’on nomme Tro Bro Léon. Tu l’avais gagné en 2013, en solitaire bien sûr, à la pédale. Tu as participé à 8 Grands Tours (1 tour de France, 1 Vuelta, 6 Giro dont 20ème du général en 2013) sans jamais abandonner. Tu conjuguais merveilleusement cross et route sur une même saison, au grand dam de certains dans tes dernières années. Tu envoyais du rêve aux plus jeunes, le plus important…Aujourd’hui à l’arrivée, parmi la horde de micros qui t’entourait, j’ai planté le mien et je t’ai écouté faire le bilan après cette dernière course en France. L’Ambassadeur de notre cross depuis toutes ces années tirait sa révérence mais en n’oubliant pas de dire, à ces micros tendus, quel était aussi le rôle d’un vrai champion: «
avoir donné envie aux enfants de venir dans cette discipline et de faire des courses. Pour moi, c’est mieux qu’une victoire. » Et cette dernière parole, oui c’est celle d’un vrai champion…
Merci Monsieur Francis Mourey
Francis Mourey;
« L’objectif était de faire un belle course… Après je savais qu’au vue des espoirs et des juniors que ça allait être une course en peloton, très rapide et j’ai couru avec ma tête pour aller essayer de faire la meilleure place possible, fallait rester bien placé. Dès qu’il y en un qui accélérerait, je jaugeais leur force par rapport à la mienne. Le premier groupe je pouvais pas y aller et quand Lars van Der Haar y est allée une 2ème fois, là je me suis « non autant resté derrière et d’aller chercher une place dans les 10.
J’ai fait une petite glissade mais ça ne m’a pas trop perturbé et après j’ai essayé de jouer pour rentrer dans les 10 mais…
La der en France
C’est comme ça, la boucle est terminée et finir à Pontchateau c’est un honneur parce que je suis venu ici, pour la première fois de ma vie, en 1998 et j’ai fait le championnat du monde élites en 2004 et tu vois nous sommes en 2019 et je suis toujours là en jouant toujours dans les premiers rôles et c’est ça qui est important, c’est la longévité
Les 2 dernières à Hoogerheide et les championnats du monde
Il reste les 2 dernières courses à Hoogerheide et les championnats du monde. J’espère que tout va bien se passer, la forme est bonne, les sensations sont là mais après c’est une course d’un jour. La dernière saison, tout a été réussi. J’ai gagné le Challenge (Coupe de France), une petite déception sur la coupe de France mais c’est comme ça
Finir comme ça, ç’était mon souhait et je m’y suis préparé. Je sais très bien qu’il y a une fin à tout et pour moi finir en bonne forme avec les bonnes sensations, c’est plus important que de finir en traînant sa misère, je n’ai pas trainer ma misère justement… Depuis mon premier cyclo-cross je me fais plaisir autant à l’entraînement qu’en course
Bilan de carrière
Ma carrière j’en suis content. La liste est longue mais ce que je retiens c’est que j’ai toujours pris du plaisir. Pour moi le vélo, ce n’était pas un métier, c’était une passion et j’ai réussi à vivre de ça pendant plus de 20 ans
Son apport au cross Français
Je n’espère qu’une chose , c’est d’avoir donné envie aux gamins de vouloir faire du cross et ça c’est plus beau qu’une victoire. Celle d’avoir donner envie aux enfants de venir dans cette discipline et de faire des courses. Pour moi, c’est mieux qu’une victoire. »
Par Marie Greneche