Il se nomme Padraic Quinn, il est chef d’entreprise (s) dont l’une d’entre elles se nomme Velotec Clothes Limited, il est aussi organisateur d’événements sportifs et commentateur à la télévision nationale Irlandaise TG4 pour le cyclisme. Il est à l’origine de nombreuses fusions entre partenaires économiques et équipes sportives. Bref, il connaît le monde du business tout autant que celui du cyclisme dont il fut un bon coureur en élite auprès de son ami Rod Ellingworth (patron du Team Sky) à l’UV Aube dans les années 90.Pour l’Irlandais, le départ du Groupe Sky (racheté par la société ComCast) n’est pas forcément une mauvaise nouvelle pour l’équipe Britannique mais cela reflète quand même la crainte des grandes compagnies mondiales d’investir, en ce moment, au sein d’une équipe. Désormais, les espaces publicitaires dans les épreuves internationales sont plus demandées par les sponsors qu’un emplacement sur le dos d’un coureur, moins de risques surtout contre les attaques de certains médias recherchant le buzz et les grands tirages. Que penses tu de la nouvelle sur l’arrêt du Groupe SKY? Padraic Quinn;
« C’est peut être un coup dur pour le Team Sky mais je ne suis pas inquiet pour leur avenir. Rod et Dave Brailsford sont des gens qui savent quoi faire et ils ont déjà plusieurs solutions qui s’offrent à eux j’en suis sûr. C’est la meilleure équipe du monde, ne l’oublions pas. Ils ont une bonne image dans le monde, même si en France, sur le tour, ils ont fait l’objet d’une campagne de presse incroyable. »
En tant qu’ex coureur, businessman, commentateur télé pour le cyclisme et passionné, comment vois tu le cyclisme pro, à l’heure actuelle, dont tu commentes les épreuves pour l’Irlande?
Je pense que le cyclisme est dans une période de transition. Le cyclisme a eu une tâche difficile pour se relever après l’affaire Festina, Richard Virenque « à l’insu de son plein gré » et de celle d’Armstrong. Virenque et l’affaire Festina ont tué la Nissan Classic en Irlande par exemple. Personne ne voulait investir dans cette epreuve après 98.
Armstrong a contribué à la croissance du cyclisme dans le monde en tant que sport. Oui, c’est vrai, il a aussi endommagé l’image du Tour de France (l’épreuve la plus vue au monde). Au final, je pense que Froome et Team SKY ont subi les effets de ce lourd héritage de ces dernières années.
Je comprends que les grandes compagnies ne prennent pas le risque de sponsoriser une grande équipe à l’heure actuelle
Cela n’aide pas non plus que certains journalistes attendent le Tour de France pour promouvoir leurs livres ou qu’ils publient un article sur le dopage, sachant qu’ils auront un public plus large, non cela n’aide vraiment pas. En tant qu’homme d’affaires, je comprends que les grandes compagnies ne prennent pas le risque de sponsoriser une grande équipe à l’heure actuelle car le cyclisme est constamment sous les tirs de certains commentaires.
En tant qu’homme d’affaires, penses tu que le cyclisme peut se relever de ces « affaires » et plaire de nouveau aux grandes compagnies?
Le cyclisme peut reprendre et, espérons-le, se redresser très vite. Mais il faut changer de cap. Il se peut que les équipes doivent travailler temporairement avec des budgets plus réduits dorénavant et aussi demander de l’aide auprès d’ASO et d’autres organisateur pour les droits TV par exemple, ce qui se fait déjà dans le monde du foot et dans d’autres sports. C’est une piste vraiment sérieuse et interessante à suivre. David Millar (qui se présentait à l’élection de Président du CPA) a raison sur ce point.
Je pense notamment à des passionnés comme comme Oleg Tinkoff qui avait une vision juste sur ce cyclisme du futur.
Une équipe WorldTour est très chère. Peu d’entreprises de taille moyenne peuvent se permettre d’investir entre 10 et 20 millions de dollars. Ceci est en partie dû à l’austérité dans le monde. Le public n’a pas beaucoup de revenus disponibles et cela affecte le cyclisme. En outre, beaucoup de petites entreprises / marques ont été achetées par des groupes plus importants, plus intéressés par les bénéfices à court terme en priorité. Vous avez moins d’entreprises avec un décideur qui aime le cyclisme, je pense notamment à des passionnés comme comme Oleg Tinkoff qui avait une vision juste sur ce cyclisme du futur.
2019 sera donc une année difficile pour le cyclisme?
Je pense que 2019 sera une année plus difficile pour le cyclisme oui. Mais si vous considérez la vie des coureurs professionnels et leurs salaires dans les années 80 avant l’arrivé de Bernard Tapie qui a fait évolué ce sport, vous réalisez que ce n’est pas si grave au final. La vie d’un coursier s’est considérablement amélioré après lui. Tout a évolué dans le bon sens. De plus en plus de cyclistes gagnent leurs vies et certains en vivent très bien grâce à ce sport. C’est une étape de transition en ce moment, les choses sont en train d’évoluer de nouveau avec surtout de nouvelles pistes d’investissements qui sont en études.
Justement, des nouveaux pays émergents attirent les investisseurs. Peut être que les prochaines grandes équipes viendront de ces pays là. Qu’en penses tu?
Certaines entreprises technologiques, comme les américaines, peuvent facilement dépenser 30 millions d’euros, mais peu d’entre elles investissent dans le cyclisme à l’heure actuelle et particulièrement en Europe. Je suis sûr qu’ils observent les marchés émergents d’Asie et d’Afrique et si le cyclisme est l’un des sports les plus importants, ils peuvent investir beaucoup d’argent. Je pense que le cyclisme se développe très bien dans certains de ces pays. C’est donc une bonne nouvelle pour l’avenir, il y aura toujours des grandes équipes.
Que penses tu de l’avenir des courses de classe 1 ou de l’avenir des équipes continental avec ce manque de partenaires financiers?
Le problème que ces gens rencontrent actuellement est l’exposition, en particulier celle de la télévision. Je suppose que le public, en général, pense que si ce n’est pas diffusé, ce n’est clairement pas très intéressant. Donc les courses et les équipes travaillant avec un petit budget devront être très inventives et créatives pour générer de la visibilité dont leurs sponsors ont besoin. Je pense que les médias sociaux aident en ce sens, ils sont devenus très suivis à travers le monde et il faut croire en eux même si il reste toujours difficile de battre la télévision aux heures de grande écoute.
Quel est le coureur qui symbolise l’avenir du cyclisme?
J’aime beaucoup Peter Sagan, c’est un rêve pour tout les sponsors. Il est très sympathique, ne critique aucune équipe, ne cherche jamais d’excuses et il est toujours suivi même quand il est largué, loin derrière tout le monde. Même quand il passe une journée difficile dans les montagnes, il continue à divertir les fans qui le suivent souvent plus que le vainqueur. Il a tout compris sur la communication de ce sport et la visibilité pour ses sponsors. Un Français commence à plaire au public à l’échelle mondiale, c’est Julian Alaphilippe, il a un peu l’esprit aussi fou que Sagan je pense. C’est ce qui plaît aux sponsors ce genre de gars.