Il a été l’un de ces champions Bretons, de nos champions Français, Christophe Le Mével, 37 ans, s’est reconverti depuis en agent de coureurs. Fraîchement diplômé en droit et économie du sport au CDES de Limoges, il crée sa société « Cycling Life Management » et retrousse ses manches pour aider nos jeunes à passer le cap vers les pros, ce monde qu’il connaît très bien après 14 ans passés dans ses rangs. Du Crédit Agricole, en passant par la FDJ et Garmin puis Cofidis, il a en claqué quelques belles victoires comme sa 9ème place du Tour de France 2009, 14 ème du Giro en 2011, vainqueur d’étape sur ce même Giro en 2005, vainqueur du Tour du Haut Var en 2010 entre autre. Le Breton n’a jamais oublié ce club qui l’avait formé à son plus jeune âge: l’Union Cycliste Briochine.
Ce monde amateur qu’il redécouvre après toutes ces années, il en tire un constat alarmant et rejoint l’appel de Sven Nys sur son état de santé à l’heure actuelle. Une rencontre avec le DS des Côtes d’Armor Marie Morin Véranda Rideau Mickaël Leveau va alors lui donner une idée des plus simples mais aussi unique dans le milieu du cyclisme international. Celle d’intéresser financièrement les clubs formateurs qui collaborent avec lui dès le départ d’un des leurs dans le monde professionnel. Christophe Le Mével nous explique son initiative devenue bien réelle.
Christophe Le Mével: » Après ma carrière de coureur pro, je suis devenu agent de coureurs avec ma société Cycling Life Management et j’ai aussi redécouvert le monde amateur. Je dis bien redécouvert car lorsque l’on est professionnel, nous sommes si accaparés par les courses à travers le monde, nos entraînements, nos stages que nous ne sommes quasiment plus disponible pour les nôtres et ceux qui nous ont formés à la base. Mais ça ne voulait pas dire que je les avais oublié, bien au contraire. Dernièrement, sur Paris Nice, j’ai rencontré plusieurs directeurs sportifs qui m’ont fait par de leurs inquiétudes quand à l’avenir de leurs clubs formateurs. J’ai rencontré Mickaël Leveau avec qui j’ai réalisé qu’il fallait vraiment faire quelque chose pour notre socle, notre base.
Ca n’est peut être pas grand chose mais c’est une pierre à l’édifice
Et quelle est votre idée?
C’est vrai qu’il est difficile pour un team pro de soutenir tout ces clubs formateurs avec une taxe « indemnité de formation » comme au football car les moyens ne sont pas les mêmes. Ils ont déjà leurs équipes de réserve comme la FDJ qui aura bientôt son team continental, AG2R qui a Chambéry CF ou Direct Energie qui a crée le Team Vendée U Pays de Loire. Je pense qu’il n’est pas envisageable de leurs demander plus. Du coup, mon idée est assez simple. Je propose un pourcentage de mon contrat, avec le coureur dont je m’occuperai, pour son équipe formatrice. Un agent touche en moyenne 5% du contrat annuel brut d’un coureur, une part de mon contrat sera alors donné de ma part à son équipe qui l’a formé, la moitié pour un néo pro et ensuite à définir si il fait carrière. Ca n’est peut être pas grand chose mais c’est une pierre à l’édifice. Il faut que chacun y mette du sien pour tenter se sauver nos clubs et cette modeste contribution annuelle est déjà peut être un pas en avant. En plus, de manière indirecte, sans que le coureur soit impacté financièrement, il pourra se dire qu’il contribue à la pérennité de son club.
Mais vous perdez alors de l’argent avec ce système?
Non, je ne vois pas ça comme ça. Tout le monde est content et il n’y pas de lésés dans ce système. Le coureur aura son contrat et bien protégé par mes soins, le club formateur sera intéressé et concerné par l’avenir de son champion et pour ma part, cela me fait aussi une publicité, il ne faut pas se mentir. Un agent ne doit pas être là que pour se faire du fric, j’ai envie de casser cette image car il est un acteur essentiel entre le monde amateur et le monde pro. Notre rôle reste très important pour la carrière d’un coureur. Si nous, les agents, n’avons plus de clubs formateurs pour les équipes pros, c’est aussi notre métier qui sera amené à disparaître à l’avenir. Donc, il est de notre devoir de montrer que nous sommes là. J’étais coureur, j’ai commencé par cette base, elle est en danger, c’est ma façon de leurs rendre la pareille.
Je ne demande pas aux autres de faire pareil, chacun fait ce qu’il veut
Ce pourcentage donné au club formateur, seulement si il collabore avec vous?
il faut être clair, les scouts des équipes pro sont très efficaces, plus 70% des coureurs peuvent ou passent pro sans avoir besoin de l’aide d’un agent. Par contre, le rôle de l’agent reste très important durant la carrière d’un coureur pour l’accompagner, le conseiller, pérenniser et optimiser ses contrats et bien sûr minimiser les risques. c’est mon initiative personnelle, c’est aussi de mon argent. Donc oui bien sûr, cela ne concerne que le club qui conseille à son coureur de collaborer avec moi. Je ne demande pas aux autres de faire pareil, chacun fait ce qu’il veut, je ne veux rien imposer ni encore moins donner de leçon.