Il était connu sous l’identité de Robert Millar, il a été le meilleur grimpeur du Tour de France 1984, 4ème au général, meilleur grimpeur sur la Vuelta 1987, (2ème du général) vainqueur d’étapes sur les 3 grands tours, vainqueur du Tour de Catalogne devant Sean Kelly, 16 ans passés dans le milieu pro avec un palmarès impressionnant. Il était aussi l’équipier modèle de Greg Lemond, Ronan Pensec, Stephen Roche et de tant d’autres.
Cette identité n’est plus. C’est désormais Philippa York qui parle. Le grimpeur Ecossais a annoncé sa transition en juin dernier. Elle vient de livrer une interview au journal « Le Monde » sur cette ultime bataille, celle de se faire accepter dans ce monde qui ne le porte pas forcément dans son coeur. Elle en avait déjà expliqué les raisons dans son « podcast » à Cyclingnews.
Philippa York
: « Il n’y a pas un cycliste ouvertement homosexuel dans le peloton masculin, alors que, statistiquement, au moins 10 coureurs sur la ligne de départ du Tour de France sont homosexuels ou bisexuels. C’est un sport conservateur, dirigé par de vieux hommes blancs, des esprits fermés à des choses qu’ils ne connaissent pas. Il y a quelque chose dans la culture de ce sport qui rend les gens réticents à dire qu’ils sont homosexuels. »
Alors que dans d’autres sports comme le bon vieux football, la question n’est plus un tabou, le cyclisme en veut pas en entendre parler comme le dit Robert Millar. Souvent isolé, cela ne l’a pas empêché de remporter les plus belles épreuves. Qualifié de distants et piquants par ces pairs, l’écossais a du cacher son véritable visage durant toutes ces années.
« Pour survivre aux côtés de personnages forts comme Bernard Hinault, Laurent Fignon ou Greg LeMond, je devais être individualiste, et ne pas me montrer faible ou intimidé. Mais ce n’est plus qui je suis, je suis moins en colère et je me préfère maintenant. »
« Avec mon histoire, le grand public peut comprendre que cela puisse arriver à n’importe qui, même si on ne le considère pas comme faible … Une génération a grandi avec moi et peut dire qu’elle« connaissait »un transsexuel. »