L’ancien président de l’UCI, Pat McQuaid, est d’accord avec les affirmations du président du CPA (Cyclistes Professionnels associés), Gianni Bugno, selon lesquelles la réduction des équipes pour les Grand Tours, consistant à passer de neuf à huit coureurs en 2018 ne rendra pas la course plus sûre et sécurisé.
Sur le site Cyclingnews, Pat McQuaid l’a même qualifié de «recul du sport» et a suggéré que les propriétaires du Tour de France, ASO, qui est aussi propriétaire du journal sportif « L’équipe » ou du « Roc d’Azur » entre autre, se soient fait les champions de la réduction afin «d’affaiblir les équipes world tour ».
Pat McQuaid: « C’est toujours l’esprit d’ASO, cela a toujours été le cas, ils ont essayé de garder les équipes faibles. Ils craignent qu’elles ne deviennent fortes, ils craignent aussi que ces dernières se lient et ne se joignent plus à eux, c’est leur plus grande peur. Sur chaque petite opportunité qu’ASO peut avoir pour affaiblir les équipes, ils vont la prendre. »
Au cours du premier mandat de McQuaid en tant que président de l’UCI, ce dernier s’est joint à ASO pour tenter de réformer le cyclisme pro. La bataille a atteint son paroxysme en 2008 lorsque ASO a posé pied à terre et a refusé de faire partie de l’aventure, tenant même Paris-Nice et le Tour de France sous la fédération française, en dehors de l’UCI, notamment parce qu’ASO s’était opposée aux règles de l’UCI les obligeant à inviter chaque équipe ProTour.
À la fin de la saison 2008, McQuaid s’est entretenu avec Jacques Rogge, alors président du CIO, et Jean-Etienne Amaury, propriétaire d’ASO, pour conclure un accord de paix qui a sauvé l’élite du peloton pro, rebaptisée WorldTour.
Selon McQuaid, la puissante ASO tente toujours d’influencer la gouvernance du sport pour protéger ses intérêts et surtout peser de son influence pour la réduction des équipes. En effet, l’année dernière, les organisateurs de « Grand Tour » ont tenté de changer leurs règles pour réduire les équipes à huit coureurs jusqu’à ce que l’UCI intervienne en les informant que ce n’était pas à eux de fixer la taille des équipes. Les organisateurs de la course ont alors reculé, alignant des équipes complètes de neuf coureurs cette saison. Mais en septembre, sous les derniers jours de Brian Cokson et surtout deux jours avant que David Lappartient remporte l’élection, l’UCI a approuvé les règles de la réduction malgré l’objection du CPA (Association des cyclistes professionnels) .
L’UCI avait pourtant déjà tenté une expérience de réduction des équipes en 2013, en faisant des essais à l’Eneco Tour et au Tour de Pologne et d’autres événements au cours des quatre dernières saisons avant d’introduire la nouvelle règle. On ne sait pas s’il existe des données empiriques qui suggèrent que la course est plus sûre avec moins de coureurs, ce qui est l’une des raisons données pour les nouvelles règles sur la taille des équipes.
Pat McQuaid: « Ce ne sera pas plus sûr du tout. Je ne veux pas parler de la dernière administration, mais le nombre de choses qui ont endommagé le sport était énorme: tout ce qui concerne les freins à disque, vous parlez de sécurité, c’es définitivement un danger pour la sécurité… »
Le danger ne vient pas du nombre de coureurs au sein du peloton. Selon Pat McQuaid, c’est plutôt une occasion pour ASO de réduire le pouvoir des équipes World-Tour
« 170 coureurs dans un peloton ne sont pas différents de 200 coureurs, un accident peut toujours survenir dans une course. Il peut arriver à l’avant entre deux coureurs puis 30 coureurs tombent puis les 140 autres qui sont derrière. Les instructions seront toujours diffusées à la radio en disant: » Il va y avoir une forte gauche et il y aura des vents latéraux, alors mettez-vous à l’avant » et on le dit à chaque équipe. On leur dit cela, et ils se battent tous pour arriver au front, qu’il y en ait 170 ou 200. Ils seront toujours tous à occuper une route de 10 mètres de large. »
« ASO peut essayer de se justifier de toutes sortes de raisons pour lesquelles ça rendra la course meilleure, ce n’est pas vrai. Le nombre de coureurs ne va pas changer la donne. Vous pouvez changer les parcours, la longueur des étapes, mais pas le nombre de coureurs. »
« Ils veulent continuer à mettre la pression sur chaque petit détail pour affaiblir les équipes. »
La conséquence de ce changement de règle est que de nombreuses équipes WorldTour sont passées de 29 ou 30 à 25 ou 26, réduisant le marché du travail pour les coureurs et le personnel.
« Cela signifie que toutes les équipes sont en train de réduire le nombre de coureurs, ce qui est un recul en arrière pour le sport », a déclaré McQuaid.