Il est tout simplement quadruple champion du Monde sur piste, le Franc Comtois Morgan Kneisky (Armée de Terre) a porté son premier « arc en ciel » en 2009 sur le « scracth » puis sur l’américaine en 2013, 2015 et le dernier avec son ami et coéquipier Benjamin Thomas en cette année 2017. Aujourd’hui, si les conditions météorologiques le permettent, ils seront présents tous les deux sur le vélodrome ouvert « Léon Bollée » du Mans. Morgan Kneisky vient d’achever hier le Rhône Alpes Isère où il a prit une belle 7 ème place sur la dernière étape.
Malheureusement pour les pistards, la 1ère journée a été annulée en raison de la pluie.. Nous avons bien un vélodrome couvert, fleuron de la piste française, à Paris avec celui de Saint Quentin en Yvelines mais il n’a guère servi pour nos événements nationaux. Pourtant, rappelez vous, il devait être notre orgueil et le lancement d’une équipe à la « Sky », un rival à celui de Manchester il y a quelques années. A grand coup de presse, on nous parlait alors du début d’une nouvelle ère mais finalement rien ne s’est vraiment passé de ce côté là sinon quelques effets de manche et d’annonce en vue de certaines élections.
Bref, revenons à la base, l’essentiel, de ceux qui se donnent à fond pour tenter de sauver les meubles, on vous parle de ces bénévoles, staff et coureurs qui, parfois, se bouffent de longues heures de voyage pour rejoindre un vélodrome ouvert en connaissant malgré tout les risques météos. Qu’importe ils sont passionné !
Aujourd’hui, 2 champions du Monde seront donc présents sur le vélodrome de Léon Bollée ce dimanche 7 mai.
Morgan Kneisky, vous étiez sur le Rhône Alpes Isère tour et aujourd’hui vous êtes sur la coupe de France sur piste « élites » au Mans.
Morgan Kneisky; » Oui bien sûr. C’est normal d’y aller, c’est une coupe de France tout de même. Peut être même que nos maillots de champion du Monde seront arrivés et que l’on pourra les étrenner pour notre première épreuve depuis le titre. Je n’ai pas raté grand chose car la 1 ère journée a été annulée par la pluie. Aujourd’hui, j’espère que le temps sera plus clément. C’est rare des événements sur piste sur le territoire donc c’est une bonne chose que cela se fasse et nous nous devons d’aller disputer ces épreuves. C’est de là que nous venons. »
« Les bénévoles se battent encore fort heureusement sinon il n’y aurait pas grand chose je pense.«
Justement, 4 titres de champion du Monde, 3 ans passés en Angleterre sur les plus prestigieuses compétitions mondiales, quelles sont les différences entre la France et l’Angleterre?
Morgan Kneisky; » Sincèrement sur le niveau des coureurs, on a prouvé que nous autres tricolores étions capables se se classer au plus haut de l’élite mondial et cela fait longtemps que la France tient cette place. On a des gros moteurs et des mecs qui aiment vraiment cette discipline, qui ont envie de bien faire. On a aussi des gens compétents autour de nous pour nous amener au plus haut. La différence c’est l’esprit de la piste. En Angleterre comme dans tous les pays anglophones, ils savent préparer les grands événements internationaux mais ils savent aussi organiser ces grands événements pour montrer leur champions. Ils savent créer un véritable festival, un « Show »! Là bas, c’est souvent des vélodromes couverts, il y a de la musique moderne, on y trouve aussi des groupe de rock qui viennent jouer pour faire patienter le public et monter l’ambiance, des écrans géants de partout. Tu rentres dans une arène avec une foule en délire à chaque fois. Les commentateurs te montent la mayonnaise durant les épreuves, c’est un truc de dingue. C’est jeune, c’est rock et hallucinant de voir le monde qui se déplace. C’est un truc de fou avec tant d’adrénaline. C’est aussi retransmis à la télévision et du coup avec tout ça les sponsors débarquent pour faire parti de la fête, ils savent qu’ils vont toucher une foule conséquente. En France, c’est pas tout à fait comme ça. Les bénévoles se battent encore fort heureusement sinon il n’y aurait pas grand chose je pense, l’ambiance est triste mais nous n’avons pas les mêmes même mentalités et moyens financiers. »
Comment ont ils réussi à créer cet univers si particulier de la piste anglaise?
Morgan Kneisky: » Ils ont eu cette chance d’avoir Dave Brailsford comme conseiller à British Cycling (Fédération Britannique) vers la fin des années 90. Il a fait évoluer les pistards qui sont devenus par la suite aussi performants que célèbres. Tout cela est parti des jeux de Londres puis de SKY qui arrivait dans le vélo. Les débuts de SKY se sont fait dans un premier temps sur piste, il n’y avait que ça. Il a de suite compris que des résultats aux jeux olympiques étaient une vitrine parfaite pour un sponsor, et ensuite il utilisait le même fonctionnement sur la route avec sont équipe. Il a donné cet élan à cette discipline puis il a continué avec la route. En France, les mentalités ne sont pas les mêmes, Il nous manque cette personnalité qui ferait évoluer les choses dans bon sens. Une équipe composée de routiers/pistards basée à Saint Quentin en Yvelines serait l’idéal, Le rêve! Il y a déjà eu des projets mais rien de concret, certain d’entre nous passe à côté de belle carrière piste/route…. côté épreuves organisées chez nous, ce sont surtout des bénévoles qui se défoncent pour monter des événements avec peu de moyen. C’est aussi à nous les coureurs de venir de plus en plus sur ces rendez vous. Plus il y aura de pros et de champions du Monde ou autre, plus il y aura de monde, mieux ça sera. En Angleterre par exemple, ceux qui sont devenus célèbres sur route par la piste ou simplement ceux qui aiment ca, n’hésitent pas se déplacer sur les belles épreuves organisées et attirer le public. En France quand un coureur intègre le world tour ou même simplement un équipe pro il est limité et « interdit » de courir sur piste… Pour nos grands manager c’est une perte de temps! »
Comment voyez vous l’avenir de la piste en France?
Morgan Kneisky; » Comme maintenant, je ne crois pas aux miracles. Pour le moment tout est voué au Tour de France et cela laisse peu de place à côté. Sur les 3 pays qui ont les grands tours, l’Italie, l’Espagne et la France, la piste n’est pas vraiment une priorité. Les anglophones appellent cela l’esprit latin. La culture latine n’est orientée que sur ces grands tours qui sont des véritables rampes de lancement pour les sponsors. Pour faire venir les jeunes et les partenaires, il nous faut moderniser l’esprit de la piste en France. Faire des événements « modernes » comme les anglophones par exemple. On a de grands champions, des staffs bien structurés, ça serait la cerise sur le gâteau des grands rendez-vous. Une grosse société d’organisation comme ASO serait l’organisateur parfait pour crée cette événement! Une ambiance, une jeunesse et un peu de folie comme il y a sur les 6 jours. Il n’y a plus ça ici et c’est bien dommage. «