Cher Mr.Marchand,
J’ai 18 ans, vous 105, 86 ans nous séparent. Vous avez traversé deux Guerres Mondiales, une Guerre Froide et connu seize présidents de la République. Moi à part les sept Tour de France de Lance Armstrong (non je rigole), je n’ai pas vécu grand chose. Rectification, j’ai vécu un grand moment, votre prouesse. À priori, rien ne me liait à vous. Rien, hormis cette passion de la petite reine. Un jour, je pourrais dire à mes enfants que j’ai vu un homme établir un record de l’heure à 105 ans. Je tenais à vous remercier Mr.Marchand, merci pour cette leçon de vie, de courage et ce défi au temps, dans tout les sens du terme.
17h02. Vous, le doyen des cyclistes posez pied à terre. Sous la clameur d’un public en totale osmose, vous êtes aussitôt submergé par une horde de photographes et de caméramans. Daniel Mangeas, speaker du jour, vient à votre rencontre. « Je n’ai pas vu l’affiche des dix dernières minutes, sinon j’aurais été encore plus vite ! », répondez-vous, guère essoufflé. Cette vélocité me fait pâlir, et votre forme après avoir réalisé un tel exploit me file une claque. Robert Marchand, l’homme de tout les records. Sur le live Facebook du magazine américain « Time », les commentaires défilent: « Showing the world that cycling isn’t just a sport, it is a passion », « He is true inspiration, an example for all of us. » J’ai le sentiment d’avoir vécu quelque chose de fort, quelque chose de grand. Je rigole à chaque fois que vous demandez aux journalistes de répéter leurs questions. Je souris lorsque je vous vois ébahi quand le public scande votre prénom, et j’ai une boule au ventre lorsqu’on demande si vous réessayerez de battre un record à 107 ans, et que vous répondez tout en souriant: « Vous savez Monsieur, on met neuf mois à venir au monde, on met trente secondes pour claquer ! »
Monsieur Marchand, vous êtes bien plus qu’une source d’inspiration pour nous, les jeunes. Votre longévité et votre joie de vivre nous donne du recul sur les questions existentielles. Vous redonnez foi au cyclisme. Je me répète mais à nouveau, merci Mr.Marchand, merci pour cette belle leçon de vie.
Camille Le Saux