Toujours dans nos récits d’ancien combattants au nom de « P’tite Reine », nous avons voulut recueillir des témoignages de ceux qui n’ont pas fait de podium sur Paris Roubaix, les équipiers qui se sacrifient pour leurs leaders. Un Breton a bien voulut répondre à nos questions entre 2 vols, car maintenant Bruno Cornillet est pilote d’avion pour la compagnie « HOP », toujours la même mission si on peut le dire, c’est à dire d’emmener des gens à la bonne destination. Le vainqueur du Circuit de la Sarthe en 1991, victoire d’étapes sur Paris Nice, vainqueur de Paris Bourges, du Tour de Vendée, du Grand Prix de Plouay en 90 et des top 10 sur l’Amstel, le Tour de Lombardie entre autre, en garde un bon souvenir, le souvenir d’un « chien fou mais elle ne m’a jamais réussi! «
Bruno Cornillet, Paris-Roubaix, quels en sont vos souvenirs? Bruno Cornillet
: » Mes premiers Paris-Roubaix, j’avais tout bien préparé, réglé ma monture, fais attention de ne pas gonflé mes boyaux à bloc, tout était prêt mais j’ai ramassé grave (rires)! J’étais tellement excité de le faire que je suis parti à bloc sur le grand braquet, comme un chien enragé. J’avais pas compris qu’il fallait rouler moins gros pour s’en sortir. En 1984, pour mon premier, j’étais parti comme une balle, je voulais faire ma place avant les premiers secteurs pavés. Du coup, avant d’atteindre le premier, j’étais cuit et j’avais plus de jus et j’ai bâché comme un bleu (rires). Ca m’avait beaucoup appris !
Pour mon 2ème, en 85, là je savais ce qu’il fallait faire du coup. J’avais un peu de pression sur les épaules car mon année n’avait pas été vraiment formidable et j’avais envie d’y briller. Je frotte à mort, je remonte le peloton, mais quand je freine je n’arrive pas à trouver mon équilibre. Je ne comprends pas ce qu’il se passe, je recommence et toujours le même merdier. A un moment, je me retourne et je vois mon Vincent Barteau qui s’appuyait sur ma selle à chaque freinage. Ca n’a pas loupé, j’ai chuté et j’ai bâché de nouveau. »
Pour mon 3ème, en 86 ou 87 je ne sais plus trop, je me trouvais en tête de peloton. Il y avait ce duel entre Laurent Fignon et Greg Lemond . Et là, les 2 champions chutent à force de se frotter, j’étais avec eux juste à ce moment là. Du coup, on s’est retrouvé à 6 hommes échappés en tête. J’étais euphorique, je donnais tout. Mais à un moment, mon directeur sportif arrive à ma hauteur et me dit de m’arrêter net. Notre leader Bruno Wojtinek avait crevé et il fallait que je l’attende pour lui refiler ma roue. Du coup j’ai obéis, je me suis mis sur le bord du chemin et j’ai attendu. J’ai bien fait car j’étais comme un chien fou, je ne suis pas sûr que j’aurais été au bout et Bruno avait fait déjà 2ème. Il était le plus costaud. Je crois qu’il finit 6ème cette année là même. »
Et votre dernier en 1988?
B.C: » Là, je m’en fichais complètement. Je n’avais pas de motivation réelle. C’est le seul que j’ai fini. Comme disait mon DS Phillippe Crepel à la Vie Claire à une époque: » Il faut surtout finir avant que les grilles du vélodrome ne ferment ». C’est une vraie anedocte qui est arrivé à quelques coureurs dans le passé tant ils étaient hors délais. Mon dernier, je le finis mais je n’avais pas la flamme, ni l’âme du chien fou. Il ne faut pas faire paris Roubaix quand tu n’as pas l’envie, elle est si belle pour ne pas la respecter cette course. «