Sérieux, on s’est toujours demandé en les regardant souffrir comme des dingues, nageant comme des dératés dans la mer, pédalant la distance d’une classique pour se bouffer un marathon après 6 à 7 heures d’effort à la limite du supportable pour le plus confirmé des sportifs, d’où viennent ces « cinglés ». Les « triathlètes » des Ironman sont sûrement d’une autre planète. Il faut juste imaginer ce qu’est un « Ironman ». Cela donne 3,8km de natation en mer, pas dans la piscine du coin non non, mais bien dans une mer avec son courant parfois contre, puis se bouffer 180 km de vélo avec des dénivelés de dingues, et après tout ça se faire en guise de dessert un marathon de 42 km. Des dingues, des allumés? Non, des hommes passionnés, des aventuriers de l’extrême. Be Celt a rencontré l’un de ses martiens en la personne d’Olivier Lyoen. 35 balais au compteur, une gueule de baroudeur du désert avec une barbe négligé so « Bob Morane », des yeux bleus comme la mer, mais avec un cœur tout aussi gros que ces rêves de jeune premier.
Ce garçon coiffeur a vite compris que les salons étaient trop petits pour vivre ces rêves. Lui, il rêve d’espace et d’aventures aux 4 coins du globe, comme dans un bon roman d’Ernest Hemingway. Alors, il monte sur sa bicyclette, histoire de savoir où celle ci l’emmènera. Pas de bol pour l’aventurier casquette vissée sur le crâne, sa finition au sprint l’empêche de truster les podiums et de se faire remarquer par des teams venus d’ailleurs.
Mais un jour, 15 ans à peine, il regarde la télévision et tombe sur le mythique triathlon d’Hawaii. Le plus dur au monde avec des extra-terrestres comme Mark Allen ou Dave Scott qui domine l’Olympe de la souffrance à l’époque. Mais c’est surtout la rage de Paula Newby Fraser , 7 fois vainqueur de cette enfer, qui flanche à 600 mètres de la ligne d’arrivéepour laisser la victoire à Karen Smyers . Titubant, tombant sur le sol devant un public impuissant pour ne pas l’éliminer, se relevant, tombant de nouveau à genou implorant les dieux de l’Olympe de permettre à son corps de finir, rampant puis réussissant enfin à franchir cette « putain » de ligne d’arrivée. C’est la révélation pour le jeune Olivier. Il veut connaître ce monde, c’est celui là qu’il lui faut, rien d’autre et rencontrer ces extra-terrestres de la planète Ironman
https://www.youtube.com/watch?v=g_utqeQALVE
C’est l’explosion, le jeune rêveur transforme ces rêves en réalité, champion régional puis champion de France, il se retrouve 2 ans plus tard au Pole espoirs à Clermont Ferrand puis 2 autres années plus tard au pôle France à Saint Raphael pour préparer les Jeux Olympiques. Il caresse les sommets des dieux du sports enfin!
Mais, lui sait déjà qu’il ne pourra prétendre à intégrer le top 5 qui l’emmènera au bout de ses rêves!
Une pause de 11 ans et le revoilà de nouveau dans ces rêves de gamin. Il veut repartir à Hawaii pour son 4ème rendez vous de la limite de la tolérance physique. Cette fois ci, il veut courir pour Simon, 9 ans, son fils qui lui a donné l’envie de redevenir ce champion, son champion à lui et Maxence son autre fils.
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Olivier Lyoen, de quelle planète venez vous ?
Olivier Lyoen: » (rires)! De cette bonne vieille terre. J’ai commencé par le vélo, mais je manquais de pointe de vitesse pour arriver à me faire une place. Alors à 15 ans, en regardant la télévision je suis tombé sur le triathlon d’Hawaii. Ca a été le déclic et je me suis lancé. J’ai commencé par des triathlons courts en juniors durant 3 ans et ça m’a réussit je pense. A l’époque, les distances étaient de 1,5km en natation, 40 km en vélo puis 10 en course à pied. Je faisais des bons trucs et je me retrouve à Clermont Ferrand au pôle espoirs. Champion régional puis Champion de France junior, j’intègre le pôle France à Saint Raphael dès ma première saison sénior. »
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A l’époque, vous étiez parmi les meilleurs, puis vous arrêtez votre carrière, pourquoi?
O.L: » J’avais compris que je ne pourrais pas être dans le top 5 pour aller aux Jeux Olympiques. Mes chances étaient plutôt faibles. J’ai étè Elite 2 ans, je suis rentré et il m’est arrivé la plus belle aventure par la suite. J’ai connu mon épouse Patricia. Et devinez où je rencontre ma sirène? Dans la piscine de Dunkerque où elle est maître nageuse aussi
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En 2006 galvanisé par mon titre de champion du monde 2005 je suis passé en catégorie PRO jusqu’en 2008 avec des TOP 10 sur Ironman
Ensuite, je mets une parenthèse à ma carrière. Je regarde nos 2 fils, Simon et Maxence, grandir. Et je ne pratique plus que la course à pied en compétition avec des victoires sur 5, 10, 21, 42km et même 100km.
Mais un jour, alors qu’on était parti voir une compétition chez nous dans le « ch’nord », je constate que Simon est admiratif de ces champions. Il était devenu fan des autres champions et moi j’étais planté là à côté de lui un peu comme un con, un peu les boules, en lui racontant que moi aussi avant j’étais comme eux. Je voulais qu’il soit fier de moi. Du coup, je reprends la compétition et je me lance de nouveau Hawai comme défi. »
Comment s’est passé ce retour à la compétition ?
O.L: » Bien, je me surprends moi même. Je participe au championnat d’Europe de duathlon, je termine 13ème en pros et 1er dans la catégorie 30-34ans. Je dispute le France en 2014 et je termine 11ème et 1er 30-34. Le « déclic » était revenu.
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Retour à Hawaii en 2016 gagné?
O.L: « Oui, en 2015, je fais 15 ème sur l’Ironman du Pays de Galles et 2ème des 35-39ans et je me qualifie pour Hawai.
Mon 4ème Ironman là bas 11 ans plus tard. J’espère revoir Karen, et de lui présenter mon fils, ma fierté. Il sera à mes côtés. »
Pour les gens normaux comme nous, pouvez vous nous décrire comment se passe un Ironman ?
O.L: » Je peux vous dire comme se passe mes Ironman, chacun le souffre à sa façon. Je ne me mets pas trop la pression sur la natation. Je pense que c’est une erreur de sortir en tête pour ma part. On ressort explosé et on le paye cash dans le marathon. Je reste au contact dans l’eau, puis sur le vélo je me met dans ma bulle .
Ensuite, sur le marathon, je gère, je reste dans ma bulle. Depuis quelques mois j’utilise des chaussures différentes de par le passé. Les HOKA One One, la encore, c’est le top en terme de confort, leur faible drop ( différence en millimètre de l’épaisseur de la semelle entre le talon et l’avant du pied ) permet une pause de pied naturelle
Vous êtes très proche du milieu cycliste, comme votre ami Nino des casquetteurs
O.L: « Oui, je viens du cyclisme à la base. Et cette casquette vissée sur le crâne, c’est pour ne jamais oublier d’où je viens, d’où viennent mes valeurs, et mes rêves de gosses. Déjà, sur les trails, je courais avec ma casquette et sur les triathlons elle ne m’a jamais quitté. Et j’ai rencontré Nino et son idée des « Casquetteurs ». Une belle rencontre qui donne naissance à une réelle amitié comme le cyclisme sait le faire, ce sport chargé de légendes, de passionnés et de gens impliqués. Du coup, on a crée cette page Facebook « En route vers Hawaii by Olivier Lyoen ». Un petit truc pour suivre ma préparation, et raconter notre aventure » .