Le champion Irlandais Stephen Roche est l’un des monstres sacrés du cyclisme. Lui et Eddy Merckx sont les seuls vainqueurs du mythique triplé (Giro, Mondial et Tour de France la même année). Très concerné par l’avenir du cyclisme Irlandais et par la formation des jeunes coureurs, il a accepté la proposition du nouveau team de la verte Erin, l’équipe continentale Dynamo Cover Pro cycling, de devenir leur Parrain. Il sera donc au côté du team celtique basé à Baud en Bretagne, région qu’il affectionne. Et tout comme Joel Pelier et Bruno Cornillet, le champion Irlandais fera très attention justement à ce que ces filleuls puissent s’épanouir pleinement et dans les meilleurs conditions afin d’atteindre le plus haut niveau dans les années à venir.
Stephen Roche, quelles sont les raisons qui vous ont fait accepter d’être le parrain du team Dynamo Cover Pro Cycling ?Stephen Roche
: « Quand Yann Dejan m’a montré le projet, il était déjà prometteur. En effet, c’est vraiment bien d’avoir une seconde équipe pro en Irlande après le team An Post. Les « An Post » ont fait un travail formidable avec les jeunes de notre île. Ils ont été un très beau tremplin pour nous autres Irlandais. Mais ils étaient un peu seul et maintenant que Dynamo Cover arrive eux en Bretagne, ça va permettre à d’autres jeunes de passer le cap pro et d’élargir encore plus nos perspectives. En plus, il y a vraiment l’esprit de formation qui prime dans cette équipe. Ils sont très concernés par ce sujet et ils veulent faire progresser les jeunes en même temps que le team. J’ai accepté pour ces idées qui sont les mêmes que les miennes. »
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Justement, quel sera votre rôle au sein du team ?
S.R: « Ils ont de très bons DS avec Benoit Salmon et Sébastien Duclos et Yann Dejan comme manager. Pour ma part, je serai la pour les épauler, les aider quand il le faudra et donner des conseils aux jeunes. Mais avec mon emploi du temps chargé avec la marque Skoda et mon centre d’entraînement www.stephenroche.com, je ne pourrais pas être sur toutes les courses. Mais j’essaierai d’y être le plus souvent. Pour ma part, c’est le projet qui m’importe. C’est un beau concept pour les jeunes et j’ai confiance en l’encadrement qui travaillera dans ce sens. Il est facile de dire que l’on va faire ceci et cela, mais il faut vraiment tout faire pour le réaliser maintenant et ils sont motivés pour ce but. Les académies par exemple sont une belle idée, permettre à des plus jeunes coureurs d’Australie, d’Irlande et de France de se rassembler pour faire des courses internationales sous la tutelle de l’équipe pro. Nicolas a fait ça avec son team juniors, cela a permis a de nombreux juniors de chez nous de progresser. Mais son équipe était un peu seul sur notre île, ils n’avaient pas de rivaux, c’étaient les meilleurs. Il fallait partir à l’étranger pour qu’ils puissent s’améliorer et avec les académies, ca va permettre à ces jeunes d’y avoir accès encore plus, une belle transition entre le monde amateur et pro. »
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Apprendre le métier de coursier au jeunes reste le leitmotiv du team
S.R: « C’est vraiment une équipe de développement avec quelques coureurs plus confirmés autour des jeunes. Leur apprendre le job, à sentir une course avec le moins d’outils modernes sur les épreuves pour leur apprendre les ficelles. Il y a du pour et du contre. C’est vrai que je suis contre l’oreillette, car cela ne permet pas au jeune d’apprendre à lire vraiment une course, de la sentir et de marcher au feeling, la dessus je suis ok. Pour le cardio, c’est un peu pareil mais peut être que ce serait bénéfique de l’avoir parfois comme les capteurs de puissance mais sur ce dernier point, ils auront cet appareil je pense. A l’entraînement, par contre, ils vont utiliser tous ces outils pleinement qui sont de bons moyens de progresser. On me pose souvent cette question justement pour l’étape de la Plagne, où je tombe inanimé sous masque à oxygène à l’arrivée: « Aurais tu été au bout de toi même si tu avais eu tout ça à l’époque? ». Sincèrement, j’en sais rien. Je pense que si j’avais eu tous ces moyens, je n’aurais peut être pas été dans cet état là. Je ne savais pas que j’avais repris autant de temps, plus d’1min en 4km. Je n’avais pas d’oreillette à l’époque mais si l’oreillette avait existé, j’aurais plus facilement géré mon temps et me serais contenté de 30 sec d’écart. Pareil pour les cardios, il se serait mis en alerte rouge et j’aurais ralenti je pense, quoique…. Là, j’avais tout donné en ne pensant pas au lendemain, car ces efforts avaient été violents et c’était très risqué pour l’étape suivante. Tu vois, tout est relatif, mais c’est vrai qu’il est important pour les jeunes d’apprendre à rouler à l’intuition, de connaître vraiment ses limites. Avec cet apprentissage, les outils modernes ne peuvent qu’améliorer encore plus leurs performances par la suite. »
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« La différence entre Eddy Merckx et moi? Eddy n’a jamais gagné la RAS »
L’un des objectifs du team reste la mythique An Post RAS, vous l’avez gagné à 19 ans cette course
S.R: « Oui, et j’en suis fier de cette victoire. Ce week-end, j’étais à l’anniversaire d’Eddy Merckx. Tous les 2, on a gagné la triple couronne. Alors quand les gens nous disent que nous sommes pareils sur ce point, moi je dis non car j’ai gagné la An Post Ras que l’on nomme Rás Tailteann, pas Eddy (rires)! Non sérieusement, cette course est mondialement connue maintenant et tant mieux. C’est une épreuve difficile et de très grands champions l’ont gagné comme Tony Martin. A mon époque en 1979, elle se nommait la FBD Ras. Il ne faut pas la prendre à la légère, elle est coriace et ne fait pas de cadeau, elle est pleine de surprise, un véritable piège. J’en ai bavé pour la remporter et les jeunes du team devront la mériter. L’un des plus grands sur cette course a été Philip Cassidy qui l’a remporté en 1999. Il avait remporté sa première victoire en 1983 et sa dernière en 2002, 19 ans après. Il connaissait cette épreuve par cœur, c’est le champion de la RAS et il le reste. C’est bien de la cocher comme l’un des objectifs principaux pour un team Irlandais. »