A 53 ans, le Franc-Comtois Joël Pelier était loin du monde du vélo. Lui, l’un des plus grands champions Français dans les années 80-90 avait raccroché sa machine et rangé ses tenues en 1990 pour se consacrer d’abord à sa famille puis à sa passion quelques années plus tard en devenant un artiste sculpteur reconnu. 26 ans qu’il s’était éloigné du milieu, jetant un coup d’œil parfois sur ce monde à qui il avait tant donné. Mais un jour, un autre têtu de Breton en la personne de Yann Dejan lui demanda de le rejoindre comme conseiller auprès des jeunes du Team Pro Dynamo Cover. Le but, amener son savoir auprès des jeunes, leur insuffler son expérience, cet esprit de cohésion et d’attaque que possède Joel Pelier, une sorte de coach mental en quelque sorte. Nous reverrons donc sur certaines épreuves le champion, l’héritier des valeurs sportives du Vicomte Jean De Gribaldy, aux côtés de Benoit Salmon et Sébastien Duclos les DS du team Celtique.
Joël Pelier, de retour sur un vélo ?
Joël Pelier; « (rires) Non, je ne reprends pas le vélo. Je connaissais bien Jean Vantalon et ensuite Yann Dejan. Yann a eu cette idée de monter une équipe de jeunes issus de différents pays du cyclisme comme l’Irlande, la Bretagne, le Pays de Galles, l’Ecosse, la Nouvelle Zélande ou l’Australie. Ca fait pas mal de cultures tout de même et tous ces jeunes seront basés en Bretagne, 16 coureurs ca fait une belle petite équipe non ? Avec ce concept de leur apprendre le job auprès de Benoit Salmon et Sébastien Duclos, leurs DS. Les faire grandir en même temps que le team. Avec des valeurs nouvelles mais tout en apprenant les anciennes, celles que l’on a un peu oublié et que l’on parle lors de soirées de nostalgiques. Yann voulait que ces valeurs anciennes soient inculquées à ces gars. Donc, il m’a demandé de les rejoindre dans cette aventure comme conseiller, une sorte d’accompagnateur qui distillera sa connaissance personnelle du cyclisme, leur parler de mon vécu. des conseils d’anciens coureurs en quelques sorte. »
Pas comme directeur sportif alors ?
J.P: « Non, pas du tout. Benoît Salmon est un très bon DS et un beau champion, il a été le meilleur jeune du Tour de France 1999, c’était un très bel exploit et une belle carrière par la suite. Sébastien Duclos fait un très bon job aussi en Asie. Ce sont des très bons cadres qui savent mener leurs barques. Je ne me permettrais pas d’interférer dans leurs travaux. Non, mais je ne ferais pas non plus de la figuration. Je serais plutôt là pour les aider si ils en ont besoin et pour accompagner les jeunes, leur parler quand ils auront des coups de blues, une sorte de coach mental si l’on peut dire. Dernièrement, j’étais invité à Dôle pour le colloque médicale de la Fédération Française de Cyclisme avec Armand Mégret et l’ancien docteur du Tour de France Gerard Nicolet. Durant la réunion, j’ai constaté que l’on parlait surtout de données techniques comme les watts ou d’autres trucs qui m’échappent totalement et où tout est finalement régi par des programmes sur ordinateurs. Je trouvais que l’on oubliait un peu le côté affectif du coureur alors que, selon moi, c’est très important, ce côté « tripes et affectif ». Parmi tous ces chiffres et statistiques, on parlait peu du côté humain. Mais ce n’est que mon point de vue. »
Vous serez un confident pour les coureurs en quelque sorte ?J.P
: « Oui, un peu ça. J’ai décroché du vélo il y a 26 ans. Depuis, ca a évolué extraordinairement et je n’ai pas suivit du tout cette progression, j’étais dans mon atelier avec mes sculptures (rires). Pour ma part, je suis resté bloqué aux temps de Jean de Gribaldy, mon père spirituel qui m’ a marqué au fer rouge et aux conseils de mon dernier manager Javier Minguez chez BH, les 2 seuls managers qui m’ont marqué, qui m’ont fait devenir ce que je suis aussi . J’ai toujours leurs leçons au fond de moi, et je pense souvent à eux dans on atelier quand je prend une pause. Le coureur est parfois hésitant à parler de ces fameux coups de blues aux DS car ils sont aussi leurs patrons, ce qui est compréhensible bien que des gars comme Benoit ou Sébastien sont vraiment très humains. Du coup, je serais plutôt là comme une sorte de « fusible », pour que les jeunes viennent se confier à moi si ils le désirent lors ces moments de doutes et je leurs ferais ce lien entre les dirigeants et eux. »
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Justement, vous avez eu des grands moments de doutes aussi durant votre carrière
J.P: « Oui, notamment lors de ma chute sur le Grand Prix de Navarra en avril 1989. Je me retrouve bloqué dans une coquille et paralysé durant des semaines. Dans ma chambre d’hôpital, je cogite, je pleure car je me dis que je ne pourrais pas être sur le tour de France et le Tour d’Espagne. Je pensais que Javier Minguez serait déçu de m’avoir embauché. Puis, il est venu à l’hôpital, il me regarde pleurer comme un gosse et il me dit ces mots qui me reste gravé: « Joël, pourquoi tu pleures là ? » Je lui répond que je m’excuse de la chute, qu’il m’avait recruté spécialement pour ces rendez vous afin d’accompagner mes leaders et que je devais le décevoir. Il me répondit alors directement: « Joël, tu seras sur le Tour de France, tu as ta place, elle est à toi, tu vas t’en remettre de cette chute et tu seras avec nous, point barre! ».
Il avait raison, cette année là je prends le départ du tour de France et je gagne l’étape de Futuroscope après 180 km d’échappée en solitaire. Ce jour là, ma mère avait traversé la France pour venir me voir pour la première fois sur une course pro. Tu comprends donc mes larmes à l’arrivé. C’était un tout, c’était la confiance de Javier et la présence de mes parents. »
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A t-on des chances de vous revoir vous entraîner avec les jeunes, remettre votre tenue Skil Sem Kas Miko ? J.P
: « (Rires) Mes seuls ballades sont celles que je fait dans la forêt avec ma femme. Je n’ai même pas cette tenue que j’aurais adoré retrouvé d’ailleurs. Mais on sait jamais, peut être que l’année prochaine je m’y remettrais sur les routes de Bretagne (rires)! »
Liens de Joël Pelier sculpteur : www.joelpelier.com
Liens du site Dynamo Cover Pro Cycling: http://www.dynamocover.com