A 27 ans, le Burkinabé Aziz Abdoul Nikiéma entame son 2ème séjour au sein du VC Pontivy en Bretagne. Le vainqueur du Tour du Faso 2013, de la 3ème étape du Tour du Congo 2014 et champion national en 2011 est l’étendard du cyclisme Burkinabé. Dans un pays où on a plus l’habitude ces derniers temps, de faire parler la poudre et de vivre au rythme des coups d’état, c’est une véritable prouesse que de continuer à faire du sport et de venir en France pour apprendre le job de coursier. Là bas, les jeunes coureurs doivent se contenter de rêver à rouler contre les grands champions Européens et n’aller pas leur parler de « matos », de lunettes derniers cris, ni de diététique, ils en rêveraient comme tous jeunes coureurs bien sûr. Mais ils sont à mille lieus de tous ça malgré eux et doivent se contenter de ce qu’ils ont, cet espoir qu’un jour peut être… Pourtant Rémi Jamin, un Breton à la tête dur comme le granit de son pays, croit fermement aux chances futures du cyclisme Burkinabé et du cyclisme Africain en général. C’est lui a fait venir Aziz Nikiema et Noufou Minoungou cette année pour se faire un peu de « caisse ». Abdoul Aziz Nikiéma a déjà un beau palmarès dans le circuit Africain et a fait parti de l’équipe du Centre Mondiale du cyclisme en 2012, et maintenant au sein de la sélection nationale qu’il va rejoindre samedi prochain.
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Be Celt: « Aziz Abdoul Nikiéma, pensez vous avoir appris encore plus cette saison en Bretagne ?
Aziz Abdoul Nikiéma: « Oui, j’ai vraiment progressé sur ce nouveau séjour au VC Pontivy. Je fais désormais des tops ten face à de gros moteurs Bretons , même un podium et je suis vraiment ravi de ces résultats. J’ai besoin de venir en France pour progresser afin de tenter ma chance sur le prochain tour du Faso avec la sélection nationale. Il était impératif de venir ici pour préparer cette nouvelle saison. Comme cela, je repars en Afrique avec beaucoup de motivation et vraiment prêt à en découdre. »
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Quels sont les différences entre les courses du Burkina et celles de France?
Aziz Abdoul Nikiéma: « Là bas, c’est beaucoup plus plat (rires). Sérieusement, le profil des courses est plus difficile par ici, et notre pays ne dispose pas de difficultés naturelles comme la Bretagne. En plus le niveau est vraiment relevé et ça me permet de serrer les dents et de progresser. J’ai eu affaire à la pluie, au début il fait froid et ca peut aussi bloquer les muscles, mais rouler sous des conditions difficiles est bon pour mon apprentissage. Donc il a fallut que je m’adapte très rapidement mais en fin de compte, ca m’a pas trop mal réussit. »
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Malgré la situation politique de votre pays, le vélo est il populaire au Burkina Faso ?Aziz Abdoul Nikiéma
: « Oui bien sûr, on a toujours un peloton composé de 90 à 100 coureurs et la foule est toujours là. Les gens aiment le cyclisme chez nous même si c’est difficile de le pratiquer de façon épanoui. »
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Quand avez vous commencé le cyclisme ?
Aziz Abdoul Nikiéma: « (Rires) J’avais 19 ans seulement, il y a peu en fin de compte. J’avais trouvé un vieux vélo un peu âgé et il pesait pas loin de 18 kilos et les vitesses étaient foutues. Mais mon oncle a fait des merveilles et j’ai pu me lancer dans l’aventure. Depuis, j’ai eu de vrais vélos. Cette année en Bretagne comme l’année dernière, c’est les cycles Carrer qui m’ont prêté le vélo et c’est une belle machine, ils ont toujours été vraiment gentils avec moi. »
Quel est le souvenir qui vous a marqué durant ce séjour ?
Aziz Abdoul Nikiéma: » Il y en a plein bien sûr, ma 3ème place à Bannalec par exemple mais le plus beau je pense est la course et le voyage sur Belle île en mer, c’était génial ce paysage, la mer et ce coucher de soleil. »
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Quels sont vos objectifs la saison prochaine?
Aziz Abdoul Nikiéma: « Briller sur le tour du Faso, et faire de même sur le Championnat d’Afrique »
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Rémi Jamin (entraîneur):
« Aziz a de réelles capacités sur le vélo. Quand je l’ai fait venir de nouveau en Bretagne en Juin, il a fallut tout reprendre à zéro. Il était vraiment maigre et avait perdu pas mal de masses musculaires au niveau des jambes. Là bas, la diététique n’est pas vraiment leur problème. Ils mangent surtout du Saghbo, un plat a bas de farine de mil. Ca apporte pas vraiment l’apport nécessaire. Depuis il a pris 6 kilo
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Pensez vous que le cyclisme Burkinabé va progresser ?
Remi Jamin; » Oui bien sûr, il y a des jeunes vraiment motivés. Actuellement, il y a un petit gars de 20 ans qui a de vrais capacités et un gros potentiel. Il est militaire comme Aziz, c’est un gros moteur et si on le prend bien en main, il peut faire de beaux trucs. Oui, le cyclisme Burkinabé a un potentiel, tout comme le cyclisme africain actuellement. Quand on voit des pros issus du circuit Africain dans le peloton, on est fier de ça. Les Rwandais ont Jock Boyer qui fait un super travail, les MTN qui vont chercher les Erythréens comme Natnael Berhane, il y a un vrai réservoir en Afrique et des jeunes qui veulent briller et qui ne demande que d’apprendre. Il nous faut les encadrer au mieux, tout en gardant ce plaisir qu’ils ont de rouler. »
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Le gouvernement Burkinabé vous aide t-il ?
Remi Jamin: « Oui, ils ont financé le billet d’avion d’Aziz et Noufou par exemple, mais avec la conjoncture actuelle ce n’est pas pour l’instant une priorité. Dès que les choses reviendront vraiment à la normale, nous reprendrons contact pour des liens plus solides. »