All Phts by Olivia Nieto (Phts 5 Mont D’arrée by Elen Rius)
Oui, nous sommes un site qui prône le cyclisme Celte, avec les pays comme la Bretagne, l’Irlande, l’Ecosse, le Pays de Galles, etc… « Mais qu’est ce qu’un site celtique va bien foutre dans une équipe Marseillaise? » me direz vous alors Et je vous répondrais que ce team est un symbole en Irlande, tous les coureurs de la verte Erin connaissent ce nom pour y avoir vu défiler des seigneurs comme Nicolas Roche, Dan Martin, Cassidy, Philip Deignan, Sam Bennett et tant d’autres. Cette équipe a été l’ambassadrice du cyclisme Irlandais dans les années 2000 et même le grand Stephen Roche est venu la soutenir, il a un faible pour ces Marseillais le vainqueur du grand Triplé, comme tous les celtes aux 4 coins du monde. Marseille 13 KTM est un esprit, une famille, loin des budgets de leurs adversaires, mais si combative face à ces grandes armées, tout comme le sont les Irlandais, ce peuple qui réussit à faire résonner son hymne loin de ses frontières. Il y a fort longtemps, quand les guerriers celtes partaient en bataille, les couleurs peintes sur leurs visages étaient blanches et bleues issus de la fleur de « Buge ». Ces couleurs sont désormais celle du Team Marseille 13 KTM.
Samedi matin, Olivia Nieto du team Be Celt s’enfonce dans les voitures bleues et Blanches du team, les nuages noirs et la pluie fine qui caressent les pentes des Monts d’Arrées nous rappellent nos collines du Connemara. Il ne manque plus que les « Outlawed pipes » de James Horner sur « BraveHeart » que l’on traduit par « Coeur des Braves » pour parfaire le décor. Après tout, nous sommes sur le Tour du Finistère, l’autre terre celte!
Surprenante équipe de Marseille 13 KTM ! La première chose qui nous frappent est l’ambiance décontractée qui y règne. Mais ne vous y fiez pas! C’est leur façon de rentrer dans la course, de se mettre en mode » course ». D’ailleurs, à l’approche du départ, les visages commencent à se fermer, et les coureurs semblent se détacher de notre monde définitivement. Ils sont déjà là bas, loin de nous tous, imaginant franchir cette ligne d’arrivée. Le silence règne dans la voiture du DS Freddy Lecarpentier. Le top départ est donné, place à la bataille !
Sous la pluie et le vent, les gars venus du pays du soleil se défendent bec et ongles avec Saint Martin, Di Grégorio ou Loubet mais c’est un doublé Belge qui va mettre fin à ce premier round en Bretagne, les spécialistes du vent et des bordures justement.
Mais le grand rendez vous reste le mythique Tro Bro Léon du Druide Mellouet, qui a lieu le lendemain matin. Nous y les rejoignions derrière le « van » , au « cul du camion » comme ils disent, où l’on peut entendre les coureurs avec leur accent méridional chanter en choeur! On est loin de notre Irlande mais, étrangement, l’ambiance nous rappelle celles de nos équipes avant les grands rendez vous internationaux. Alexandre Blain veut ce Tro Bro Léon, après avoir bataillé par 8 fois sur ces terres maudites, le Niçois n’est pas venu ici pour la ballade touristique le long des côtes. Il les connaît bien ces ribinous, il pourrait les dessiner les yeux fermés tant il a souffert sur ces anti chambres de l’Enfer. Sa troupe est à ces côtés pour l’emmener au plus haut. Les mécanos s’affairent autour des montures, derniers réglages, dernière consignes, il est temps d’aller sur la ligne de départ et d’affronter le géant.
De notre côté, nous rejoignions le convoi, et c’est un chauffeur Basque aussi fier que nous autre les Celtes qui va nous conduire aux différents points de « ravito », accompagné de sa complice Alicia, ancienne coureuse de haut niveau qui connaît bien les souffrances auxquelles ses « boys » vont devoir se plier.
Dès les premiers km, Blain, Saint Martin, Siskevicius, Konovalovas sont dans le bon coup, ils ne lâchent rien, résistent aux assauts des Bretagne Séché Environnement, des Europcars et de tant d’autres. Ils se battent en jetant leurs forces comme des guerriers Celtes .
Dans le van, l’un des leurs nous rejoint, ils le nomment « Benji ». Il a rendu les armes à bout de force, la « crève » l’empêchant de pouvoir amener ces frères d’armes au bout des ribinous. Il rage, peste, et rentre dans le camion sans mot dire, mais ce Tro Bro Léon il est pourtant prêt, à jamais, le maudire. L’ambiance n’est plus aux chants et rires, la fébrilité contamine l’équipage, la tension est palpable, je range mon appareil photo dans mon sac et je deviens témoin de ce moment où la bataille s’engage.
Debout sur le bord d’un denier ribin, j’aperçois au loin venir Alex Blain. Sur son visage le rictus de la souffrance est présent, mais pas celui de la résignation. Non, il ne rend pas les armes à 20 km du finish, il veut se battre encore et encore.
Mais le sort en est jeté, Blain ne domptera pas son 9ème Tro Bro Léon. A bout de force et de malchance, le Niçois franchit la ligne avec un visage fermé, noir, s’enfonçant dans la foule qui borde la ligne d’arrivée, en maudissant à tout jamais les chemins du Tro Bro Léon, tout en sachant que l’année prochaine, au fond de lui même, il se donne encore rendez vous avec la « bête ». Il la veut, il l’aura. » Impossible n’est pas Marseillais » comme le scandent les supporters de leur tout aussi mythique Club Phocéen.