Phts Bretagne Séché Environnement
Une équipe pro est comme une grande famille, un clan. Bien sûr, on a les coureurs, le manager, les directeurs sportifs mais derrière chaque course, chaque victoire, se cachent aussi ceux dont on parle moins mais qui ont un rôle essentiel dans la vie d’une équipe comme les mécaniciens ou les soigneurs entre autres. Les soigneurs et les mécaniciens voltigeurs durant la course, on les voit souvent, attendant le peloton avec la musette à bout de bras, un véritable numéro d’équilibriste pour le coureur qui se doit de savoir où et quand ils seront à tel moment. Et pas question pour ce dernier de rater ce rendez vous, c’est la course qui peut se jouer sur un ravito raté. Be Celt a croisé l’un d’eux avec Cedrig Boishardy , l’un des soigneur du team Bretagne Séché Environnement. 14 ans déjà qu’il accompagne les coureurs, dans divers équipes à travers divers pays. Plus qu’un métier, une passion pour ce Breton issu d’une famille qui s’est dévouée pour le cyclisme Breton.
Be Celt: « Cédrig Boishardy, qu’est ce que le métier de soigneur?
Cédrig Boishardy: » De nombreuses choses incombent à cette tâche. On est là pour préparer les musettes la veille où le jour des courses, on masse les coureurs, on va les chercher et les emmener dans les gares ou aéroports, on récupère le linge pour qu’il soit prêt pour le lendemain, c’est beaucoup de travail mais c’est un métier prenant. Ce métier ce n’en est pas vraiment un quand on est passionné. J’ai la passion du vélo que mon père Marcel Boishardy qui nous a quitté en 2011, ancien professionnel, m’a transmise, quand il était manager chez Renault avec bernard Hinault et Jean René Bernaudeau, Wolber et Système U. Il m’a appris ce métier. »
Comment êtes vous arrivé là ?
C.H.: « Avant d’en arriver là, j’ai un peu baroudé partout. Je n’ai pas commencé par le vélo. J’ai été un bon cavalier de saut d’obstacles, ensuite je me suis retrouvé à creuser des tunnels pour le métro de Rennes et enfin je suis arrivé dans le vélo. C’est d’abord mon oncle Louis François Chalmel dit « Chacha » que j’ai accompagné sur différentes épreuves dont le tour de France. Et ça a été le déclic. je voulais faire ce métier, rien d’autre. J’ai commencé vraiment ce métier en 2001 avec des équipes françaises comme cofidis, Agritubel puis Anglaises, Japonaises et Belges, je ne parlais pas toujours leurs langues mais je m’adaptais très vite et à chaque fois j’ai découvert une autre culture vélo qui me sert maintenant. Aujourd’hui, je suis chez Bretagne Séché Environnement, pour un Breton comme moi, c’est vraiment génial d’être avec eux. Il y a une véritable ambiance, et une dynamique qui me plaît énormément. »
Une journée se déroule comment ?
C.H: « Le matin ou la veille, on prépare les musettes. Ensuite on rejoint les zones de « ravito » pour que les coureurs soient alimentés en temps et en heure. On revient sur la ligne d’arrivée, on accompagne le coureur du team qui va au contrôle anti-dopage, on retourne à l’hôtel pour le massage et la préparation du linge et des musettes. Une journée bien fournie mais quand on aime on ne regarde pas les heures. »
Durant ces séances de massages, vous arrive t-il de jouer le rôle de confident du coureur?
C.H: » Oui, un peu et surtout un sas de décompression. C’est un moment où le coureur est coupé du monde. Il est au calme, et quand on fait un bon massage, parfois il s’endort (rires). Mais sinon quand il a envie de parler, on est à l’écoute et on garde ça pour nous parfois. C’est une manière d’évacuer pour lui. En moyenne, on masse chacun d’entre nous 3 coureurs chaque soir durant 45 min voir 1h15 si on lui masse le dos. Mais comme il y a de nombreux coureurs, on le fait durant 45 min généralement, donc beaucoup de temps de tranquillité pour lui même, il écoute sa musique, regarde la télé, où discute de choses et d’autres avec nous. Ca tisse un lien entre nous. »
Quels types de coureurs sont les plus durs à masser ?
C.H: » Au début, je pensais que les sprinters avec leurs corps massifs, très musculeux, étaient vraiment difficiles. Mais après quelques temps, on connaît les corps par coeur, et on apprend vite que chaque coureur est différent. Il n’y en a pas de difficiles, justes des coureurs différents. A nous de nous adapter et de connaître chacun d’entre eux au mieux. »
Vous êtes une sorte de « seconde mère » pour eux?
C.H: « (rires). Oui, c’est vrai, on peut dire ça comme ça. On est là pour eux, pour qu’ils ne manquent de rien, et surtout qu’ils abordent les courses dans les bonnes conditions. Ce métier, il faut être passionné, par le côté vélo bien sûr mais aussi par le côté humain et une équipe comme Bretagne Séché Environnement, c’est plus qu’une équipe, c’est une famille. »
Un meilleur souvenir ?
C.H: » Il y en a plusieurs, pas un seul. Mais quelques uns m’ont vraiment marqué comme la 9ème place de Benoît Salmon avec Agritubel à la Flèche Wallone. On était une équipe de 2ème division et on rivalisait avec les grands , un grand souvenir. Et ensuite le titre de Nicolas Vogondy en 2008 avec Agritubel encore, là aussi une émotion énorme tout comme celle de Romain Feillu sur le Tour d’Angleterre en 2007 J’espère en avoir de belles comme ça encore. »