A 30 ans, Benoît Sinner reprend l’aventure dans le peloton professionnel mais avec une particularité tout de même, lui et ces équipiers cumulent 2 métiers, celui de militaire et de coureur cycliste, une première dans le cyclisme pro français. Après avoir été pro de 2006 à 2009 avec Agritubel et Bessons Chaussures, le « Brigadier » Sinner repart en mission avec son groupe. Une nouvelle aventure pour les hommes en tenue « cam » après avoir été les meilleurs en élite les dernières saisons, ils ont l’honneur de défendre leurs couleurs face aux équipes pros avec des objectifs précis, tenter de rafler quelques podiums et de représenter les valeurs de son uniforme, la fraternité, l’honneur, et la fidélité au sport cycliste qui lui a tant donné et a qui il a tant sacrifié et pas question de se camoufler dans le peloton, l’ordre est bien reçu: « En Avant! »
Benoit Sinner: » Vous êtes revenu dans le peloton pro mais vous gardez le statut de militaire, qu’est ce cela implique ?
Benoit Sinner: » Oui, on roule avec les pros, on est une équipe pro mais nous sommes des militaires avant tout. C’est à dire que nous sommes d’abord former pour ce métier. On fait nos classes comme tout les engagés, on passe nos examens pour monter en grade et se former, et ensuite on s’entraîne comme coureur pro. C’est une charge de travail en plus, mais on est volontaire et on ne se plaint pas, bien au contraire. Beaucoup de gens imaginent que nous ne sommes que des coursiers mais peu savent que nous sommes vraiment engagés pour un certain nombres d’années (3 ou 5 ans), nous on roule, comme d’autres sont dans l’infanterie, l’artillerie etc.. C’est une spécialité « sport » mais nous sommes dans l’arme du train. Je viens d’ailleurs de terminer mon CME (Certificat Militaire Elementaire) qui m’a permis de passer Brigadier. L’hiver précédent, j’avais aussi passé mon stage d’aide moniteur sport et j’espère passer sous-officier en fin d’année par la suite. »
Justement, vous ne reprenez la saison un peu plus tard, est -ce rapport à vos 2 fonctions ?
B.S: « Un peu oui, j’ai travaillé sur le fond énormément cet hiver tout en faisant mes formations militaires. Au final, je suis un peu fatigué et je me suis un peu mis au vert histoire de récupérer. Mais là, ça y est je reprend du service et mon envie de montrer nos couleurs reste toujours aussi intact. «
Vous avez une solide expérience dans le monde pro, vous êtes un peu une sorte de chef de groupe pour les jeunes recrues?
B.S: « Oui, on peut dire ça militairement parlant ou alors capitaine de route dans le milieu cycliste. Je vais les guider, leur montrer comment gérer dans les courses et les conseiller au mieux. Dernièrement, j’ai repris avec les jeunes de l’équipe, j’ai essayé de leur insuffler quelques trucs, et on les a vu aux avants postes sur les courses ensuite et même en remporter 2 . Ils ont tous du talent, ils ont cet envie qui entraîne une dynamique et on y va sans pression. On est d’abord là pour apprendre le milieu pro avec le team et ensuite se faire plaisir. Si on le peut, on ira chercher quelques podiums, on ne vient pas non plus avec la fleur au fusil tout de même. »
Comment êtes vous perçu par les autres militaires ?
B.S: « Au début, c’est vrai qu’ils ne nous connaissaient pas vraiment. En France, c’est un peu une première ce genre d’initiative depuis la disparition du Bataillon de Joinville. Aux USA ou dans les pays anglo-saxons, c’est une chose vraiment ancrée, le sport est un Ambassadeur de l’armée mais en France c’est une chose nouvelle. Mais dorénavant dans les régiments, on commence à nous suivre et à nous encourager alors que certains ne s’interraissaient pas vraiment au sport cycliste avant. C’est assez flatteur d’être reconnu par ces pairs. »
Quels mots utiliserez vous pour définir le team « Armée de Terre » ?
B.S: « Fraternité et cohésion. On est vraiment un groupe, une entité avec un réel esprit d’équipe, chacun est là pour l’autre et on est aussi content quand l’un de nous remporte la victoire, comme si c’était nous-même. «
Vous qui avez été pro de 2006 à 2009, quel changement avez vous constaté en y revenant ?
B.S: « Ca a beaucoup changé durant ces années. Dorénavant, tout est vraiment structuré, paramétré et il y a très peu de place pour les initiatives. Les coureurs sont bridés et ne peuvent pas sortir comme ça du peloton, ils ont tous une place bien définie surtout pour les arrivées aux sprints et ils se doivent d’obéir. Ca tue un peu le suspens durant les courses mais c’est comme ça. «
La reprise sur quelle course ?
B.S: » Le tour de Normandie, il y aura un très beau plateau et on ira pour se montrer et peut-être mieux, qui sait ! »
Le meilleur souvenir en tant que coureur ? Le titre de Champion d’Europe espoir ?
B.S: » Etrangement non, je dirais que mon meilleur souvenir reste les Boucles de la Mayenne en 2013, une vraie course d’équipe, on s’était donnée à fond et tous ensemble, ça avait une saveur particulière cette fois là . «
Vos objectifs cette saison ?
B.S: »Me faire plaisir, et emmener le groupe au plus haut. Sinon personnellement, je rêverais bien de revêtir le maillot de champion de France, porter les 3 couleurs serait énorme, surtout pour un militaire.