Dans la famille L’Azou, on aime le vélo. A Lannilis, la maison est un véritable temple dédié à la mémoire du cyclisme. Son père, Frédéric, était un bon coureur (vainqueur du Trophé Sébaco) comme son oncle Stéphane Simon qui a remporté l’Essor Breton en 2000, Mathilde s’est donc naturellement dirigée vers une carrière de journaliste (elle est en 3ème année IUT journalisme à Lannion). Depuis quatre ans, elle promène son appareil photo sur les courses cyclistes. Ses clichés seront exposés au centre Henri Quéffelec à Gouesnou jusqu’au 14 janvier 2015.
Mathilde, ça fait combien de temps que vous suivez le cyclisme en Bretagne ?
« Ça va faire 5 ans que je me suis plongé dans ce monde et depuis 4 ans que je photographie le cyclisme Breton mais aussi d’autres équipes comme celle de l’Armée de Terre. Tout a commencé avec un concours de ASO pour participer aux jeunes reporters sur le Tour de France. j’ai été choisie et j’ai vécu un moment inoubliable avec d’autres jeunes Français et Belges, ça a été une révélation. Le journalisme, le terrain, la photographie, le fait de participer aux conférences de presse des équipes et de leur poser des questions directement ça a été un déclic. Je savais ce que je voulais faire. »
De bons souvenirs ?
« Oui, de très bons. Je me rappelle notamment de ma première question en anglais aux coureurs de l’équipe Saxo Bank. Elle était toute simple du genre comment vous sentez vous avant le départ . Mais avec ma petite voix de 14 ans, tout le monde s’est retourné et Jens Voigt m’a répondu sérieusement ; une gamine de 14 ans qui pose une question en Anglais ça a surpris tout le monde. Plus tard, alors que je me baladais sur le parking des bus, je lui offre mon petit journal et il me répond: « Je te reconnais, tu es la fille à la question ! » Ça a été mon surnom par la suite sur ce tour ».
Le cyclisme breton, c’est aussi à la maison..
« Oui, mon père , mon oncle et mon petit frère sont dedans. A la maison, c’est un véritable musée du cyclisme, avec les affiches géantes du Tro Bro Léon, les 300 maillots qui sont disséminés un peu partout, on est dans le vélo à la maison, c’est clair. Je suis les courses et les coureurs. J’aime bien prendre les regards, les moments de bagarre, là où la course se joue, les coureurs après leurs batailles, le regard en dit long souvent ».
Vous en avez fait votre métier du coup ?
« Je suis en 3ème année de journalisme à Lannion. J’ai fait des stages au Télégramme, à l’Equipe, Vélomag et actuellement je suis en stage chez France Télévision. C’est vraiment enrichissant, passionnant et je ne suis jamais déçue, j’écris sur le site internet, je participe aux conférences de rédaction de Stade 2. Le métier de journaliste reste ma grande passion, c’est ma priorité. Je ne suis pas sur toutes les courses même les plus importantes, je préfère prendre du recul parfois avec le cyclisme et me consacrer à ce métier, donc à tous les sports. C’est le sport en général qui m’intéresse. Et les personnes que j’admire ne sont pas forcément des coureurs, mais plutôt des femmes comme Céline Giraud de France Télévision et Laura Meseguer d’Eurosport. »
Que préférez vous, le cyclisme pro ou amateur ?
« Le cyclisme amateur. Les pros sont payés et sont assez bien suivis. Les amateurs quand à eux le sont rarement. La plupart se débrouillent souvent seuls, ils s’entraînent comme des pros mais peu arrivent à avoir un métier à côté, donc pas ou peu de revenus. Ce sont des conditions difficiles. C’est pour cela qu’à 23 ans, de plus en plus arrêtent le cyclisme élite car c’est très difficile de continuer la carrière. Je les admire pour ça »
Est ce difficile pour une jeune fille de se faire une place dans ce milieu?
« Il faut jouer des coudes parfois pour se faire accepter. Il y a beaucoup de monde sur les grandes courses, et quand on a que 19 ans, il faut être encore plus crédible que les autres du coup. »
Vos courses préférées ?
« J’en ai plein mais j’ai un faible pour le Tro Bro Léon , le « Paris Roubaix Breton », en plus il passe devant chez moi à Lannilis. »
Il y a un projet qui vous tient à cœur ?
« Vivre en immersion totale avec une équipe world tour sur une épreuve. Voir comment le team monte en pression, comment les coureurs se préparent, pensent et vivent. »
Pourquoi avoir baptisé votre exposition » le peloton de la solitude » ?
« J’ai repris une phrase de Jean-Yves Le Drian qui dit : « Le cyclisme est le sport individuel le plus collectif ». C’est un sport d’équipe c’est sûr, ils roulent pour le même sponsor mais le coureur est souvent seul. Il est seul sur sa machine face à ses pensées, sa souffrance, sa solitude quand il a tout donné pour le team. Donc j’ai pris des photos pour cette expo qui traduisent ce sentiment de solitude, ces moments que l’on ne voit pas. »