Ça y est, le Kreiz Breizh a rendu son verdict avec la victoire de l’Italien Matteo Busato et la razzia de victoires des Néerlandais de la Rabobank. Un seul Français, Kevin Lebreton, a inscrit son nom sur cette bataille. Ça a été un superbe spectacle avec une foule présente sur chaque arrivée. Encore une œuvre de Carhaix, ce « bled » qui a déjà sorti le plus grand Festival de musique en France, berceau des « Bonnets rouges » qui ont montré leur colère à la nation voisine, et il y a donc le clan Baniel qui a crée cette course devenu mythique chez les coureurs venus des 4 coins du monde. Il y a sûrement un « truc » dans l’air par là-bas pour monter de tels projet, sinon comment expliquer toute cette effervescence dans une petite ville du centre Bretagne.
A l’origine de cet événement, le druide de Callac Alain Baniel avec son fils Laurent et son gendre, le Basque Benoit. Tous les trois, ils sont imprégnés de cette partie de Bretagne nommée Kreiz Breizh. Ils ont tout donné durant des mois pour monter ce grand rassemblement. Ils ont même invité leurs cousins irlandais de la An Post Ras, et baptisé leur union par un Challenge Celtique. Le charismatique Eddie Dawson,l’un des boss de la course irlandaise, était aux anges de voir la course de son pote breton rassembler ces boys d’Irlande et ses cousins bretons face aux adversaires venus de tous les horizons. Cerise sur le gâteau, ses boys ont combattu comme des Celtes, ils n’auront jamais rendu les armes sur ce champ de bataille. « Sur les terres celtes, on se bat jusqu’au bout, et ici on est chez nous aussi. » expliquait Dawson à la fin de la première étape.
Le clan Baniel a gagné son pari. Il fallait voir cette foule amassée le long de la côte de Rostronen dans la 4ème étape. Nos motos avaient eu un mal fou à se frayer un chemin, on se serait cru lors d’une étape de montagne durant le Tour. Ils attendaient tous l’arrivée des guerriers. Heureusement, il y avait le guide du KBE, le légendaire Félix, 80 ans au compteur et une connaissance parfaite de la région et des routes à prendre pour dénicher le spot pour saisir la photo d’un peloton souffrant le martyr. Humble et discret, Félix a été coureur dans les années 60 avec des victoires sur Quéven ou Rostronen et il continue à rouler dans les sorties du dimanche, histoire de garder la forme et juste de revoir quelques potes pour se raconter les histoires de champions qui ont forgé la légende de ce pays.
Mais des bénévoles, il y en a partout autour d’Alain Baniel, ils sont 900 comme Prosper, le responsable logistique capable de rester jusqu’à des heures impossibles la nuit pour accueillir les équipes venues des 4 coins de l’Europe et d’accéder à leurs demandes. Il y a aussi Bobby, l’un des chauffeurs de la bande à Baniel. Toujours le sourire et prêt à remonter le moral des coureurs quand ces derniers arrivent épuisés.
Il faut imaginer l’organisation gigantesque de ce Kreiz Breizh. La veille, les bénévoles vont poser des barrières le long des routes proches de l’arrivée, installer le bus qui recevra le podium, et assurer toute la sécurité pour que les fans de vélo puissent admirer les champions en toute sérénité. Il n’y a pas que les coureurs qui font la course, il a ces gens, souvent inconnus du grand public mais sans qui rien ne pourrait se faire. Le Kreiz Breizh est un tout : des coureurs, un druide, son clan et les bénévoles. Tous immortalisés par le photographe officiel, Mathieu Prigent. Jamais énervé le « Francky »,toujours serein avec son attitude nonchalante et sa tignasse, il est un redoutable capteur d’émotions, et tout en roulant son tabac, il scrute la carte pour déterminer le meilleur endroit pour prendre la photo qui racontera l’étape.
Le Kreiz Breizh est un grand rassemblement, une fête du vélo, une mécanique bien huilée qui a même épaté le parrain de l’épreuve. le grand Champion Joop Zoetemelk. Le Batave a vu ses compatriotes remporter trois victoires et il s’est replongé dans son histoire, celle où il venait gagner les critériums d’après-Tour sur ces terres; » Un grand moment ce Kreiz Breizh, une organisation parfaite, des gens voué à la cause du vélo et de leurs régions. Je suis heureux d’être le parrain de cette épreuve et l’année prochaine je reviendrais. »
Désormais, le Kreiz Breizh 2014 appartient à l’histoire. Déjà le clan Baniel peaufine le prochain, justement cela fera 20 ans que cette douce folie a vu le jour. A l’année prochaine..