Laurent Brochard a stoppé sa carrière de cycliste en 2007. Une carrière qui a vu le Manceau remporter une étape du Tour de France et ravir le titre de champion du monde la même année, en 1997. Après onze participations aux championnats du Monde et trois à des Jeux Olympiques entrecoupées d’une victoire d’étape sur la Vuelta, il aurait aimé maîtriser sa fin de carrière mais on ne lui a pas laissé cette chance. Loin devant l’affaire Festina, il regrette cet épilogue sur une blessure. Désormais, il reprend goût au sport avec le trail mais revient petit à petit dans le monde du cyclisme.
Laurent, que devenez-vous depuis l’arrêt de votre carrière de cycliste?
« Je me suis laissé vivre pendant quelques années car j’avais 16 ans de professionnalisme derrière moi et un titre de champion du monde. j’ai décidé de couper les ponts avec le milieu du cyclisme. Je me suis mis à l’écart car mon arrêt de carrière n’était pas de mon fait. J’aurais bien voulu faire un an ou deux de plus mais on ne m’a pas laissé le choix. De plus, j’ai terminé ma dernière saison sur une chute avec une fracture de la clavicule, ce qui a été ma seule blessure dans ma carrière mais plus personne ne croyait en moi. C’est dommage car je voulais vraiment montrer que je pouvais encore faire de belles choses mais, malheureusement ça n’a pas été possible. J’ai crée ma propre marque de cycles. Le sport c’est toute ma vie mais on n’est pas tous égaux devant lui et comme j’ai cette chance d’avoir des prédispositions, j’ai poursuivi dans le trail et l’ultratrail. J’aime toujours autant le sport mais quitter le cyclisme par la petite porte ça m’a déçu alors que j’étais quand même dans les trois meilleurs français quand j’ai arrêté. Le téléphone n’a jamais sonné, je ne sais pas si la fédération sait que j’ai arrêté le cyclisme (rires) »
Vous avez donc choisi de vous mettre à l’écart?
« J’étais tellement déçu après que je ne voulais plus entendre parler du cyclisme je me suis tenu à l’écart. C’est un peu de ma faute aussi mais j’ai aussi écrit un livre qui m’a servi de thérapie (« Si ils savaient » – Editions Idoine). Cela ne fait que deux ans que je commence à revenir dans le milieu du cyclisme. Je travaille parfois pour ASO Tour de France et pour différents médias. Durant mes courses de trail, je vois que le public m’apprécie toujours, et ça, ça fait chaud au cœur, le milieu vous oublie mais pas le public »
Vous avez quand même gardé de bons souvenirs de votre carrière?
« Il y a trois souvenirs que je garde en mémoire. Tout d’abord, il y ma première victoire en professionnel, c’était en 1992 lors d’une étape du Tour Méditerranéen. Il y a aussi ma victoire d’étape sur le Tour de France 1997, un 14 juillet alors que je portais le maillot à pois. L’autre grand souvenir, c’est évidemment le titre de champion du monde obtenu la même année à Saint-Sébastien (Espagne). »
On pense deviner le pire…
« Non, le pire n’est pas l’affaire Festina contrairement à ce qu’on pourrait croire mais bien ma fin de carrière. L’affaire Festina, c’est vrai qu’on a joué aux cons mais, à l’époque, il faut le savoir, 99% des coureurs étaient comme nous. C’était une époque spéciale. On a servi de fusible mais j’espère qu’on aura pu en tirer une leçon et que notre exemple a pu servir à faire évoluer les choses dans le bon sens même si, après, avec Lance Amstrong, on a bien vu que ce n’était pas le cas. »
Vous avez des nouvelles de vos anciens coéquipiers?
« Pas beaucoup, j’ai gardé quelques contacts mais ce n’est pas de la franche camaraderie comme c’était le cas à l’époque. C’est un peu de ma faute car je me suis éloigné mais il fallait aussi que je digère mon éviction du vélo. Après, je suis aussi quelqu’un de timide et réservé, c’est donc difficile de faire le premier pas. »
Enfin, la question que tout le monde se pose, votre coupe de cheveux mulet. Est-ce que vous l’avez toujours?
« Ah non, j’ai arrêté (rires) ! Dès que le port du casque est devenu obligatoire sur le vélo, j’ai du me couper les cheveux. C’est dommage car cette coupe permettait de me faire connaitre alors qu’avec le casque on se ressemblait tous. D’ailleurs, j’ai une anecdote à se sujet : au début de ma carrière, Sean Kelly était venu me voir sur le départ d’une course pour me dire que ma coupe ne lui plaisait pas. Il m’a dit : « c’est pas correct, ça fait trop star de rock n’roll ! » Depuis, j’ai tout de même gardé la boucle d’oreille et le bandana. »
[button class= »btn_bigred » url= »# » text= »ENGLISH VERSION »]
Laurent Brochard : « Sean Kelly said he didn’t like my hair style, it was too rock and roll »
Laurent Brochard stopped his cycling career in 2007. A career that began with the Manceau stage of the Tour de France and the the title of world champion in the same year 1997. After eleven participations at the World Championships and three Olympic Games interspersed with a stage win in the Vuelta, he would have liked to control his retirement but we did not give him that chance. Far ahead of the Festina affair, he regrets this epilogue to an injury. Now he is big into trail running but is gradually returning to the cycling world.
Laurent, what do you get from stopping your cycling career?
« I let him live for a few years since I was 16 years of professionalism behind me and a champion of the world. I decided to cut ties with the world of cycling. although it wasn’t really my doing. I would have wanted to do one or two more years but it did not leave me any choice. Moreover, I finished my last season with a fall and a broken collarbone, which was my only injury in my career but nobody believed me. It’s a shame because I really wanted to show that I could still do great things, but unfortunately it was not possible. I created my own bike brand. Sport is my life but we are not all born equal and as I have this chance to have predispositions, I pursued the trail and the ultra trail. I still love the sport, but I left cycling through the back door that I was disappointed when I was still in the top three French when I stopped. »
You chose to walk away?
« I was so disappointed after that I did not want to hear about cycling, I kept away. This is partly my fault too but I also wrote a book that has been my therapy (“If they knew. » – Editions Idoine ) it’s only been two years since I started back in the middle of cycling I work for ASO Tour de France and various media During my trail races , I see the audience. . Always appreciate me, and that is what warms my heart. »
You still have fond memories of your career?
“There are three memories that I will remember. Firstly, there my first professional victory was in 1992 at a stage of the Tour Mediterranean. There is also my stage victory on the Tour de France 1997 on July 14 while I was wearing the polka dot jersey. Another great memory is obviously the title of the world champion the same year in San Sebastian (Spain). »
Which do you think is the worst…
“The worst is not unlike the Festina affair to what you might think but my retirement. The Festina affair, it is true that we didn’t go by the rules but at the time you must know, 99 % of riders were like us. It was a strange time. I had hoped that we had been a lesson and that our example had been used to change things in the right direction. But after Lance Armstrong, we saw that this was not the case. »
You have news of your former teammates?
“Not much, I kept a few contacts, but it is not the camaraderie as was the case at the time. This is partly my fault because I moved away but I also had to digests my eviction from cycling. Afterwards, I’m also a shy and reserved person, so it is difficult to take the first step. »
Finally, the question that everyone asks… your « special » haircut. Do you still have it?
“Oh no, I stopped (laughs) as soon as the helmet became mandatory on the bike, I had to cut my hair. It was a shame as this cut allowed me to stand out from the rest of the riders; I have an anecdote on this topic. Early in my career, Sean Kelly came to see me on the start of a race to tell me that my hair did not like great. he said : « It is not correct, it’s too rock’n’roll star! » Since then I’ve still managed to keep the earring and Bandana. «