Le cyclisme professionnel est-il sur le point de changer tel que nous le connaissons actuelllementl ? Les rumeurs sur la création d’une Super League se multiplient depuis déjà deux ans. Au début, cela n’a pas été pris trop au sérieux. Mais il semble désormais que cela va devenir une réalité, le financement est trouvé, l’organisation aussi.
« L’intention est que les parties prenantes signent le contrat en mars. Nous pourrons alors enfin révéler le plan. OneCycling continue. Avec ou sans le Tour de France », a déclaré l’un des créateurs à WielerFlits.
Fond d’investissement Saoudien, la société OneCycling enregistrée en décembre 2024 en Angleterre
En juin 2024, Cycling News annonçait que One Cycling, le nom que portera la Super League, avait réussi à trouver le financement nécessaire auprès d’un investisseur privé saoudien. Le fond d’investissement saoudien SURJ Sports Investment, filiale du Public Investment Fund (PIF), est prêt à investir environ trois cents millions de dollars pour une durée de trois ans dans cette nouvelle « Ligue des Champions » du cyclisme.
Cette semaine, le site Wielerflits a réussi à mettre en lumière de nouveaux détails importants sur cet ambitieux projet. Le principal d’entre eux est que rien ne peut arrêter la création de la Super League. Le 10 décembre 2024, la société « ONECYCLING LIMITED » a été enregistrée auprès de Companies House à Cardiff, le site du gouvernement britannique utilisé pour enregistrer les données des entreprises. Les derniers détails sont déjà en cours d’élaboration et la compétition devrait débuter en 2026.
Le concept et économie
Le concept OneCycling annoncé en 2024 est de mettre en place une nouvelle série de compétitions sur circuits courts dans les centres de différentes villes du monde. Tout comme en Formule 1, presque tous les Grands Prix se déroulent à proximité des grandes villes. Avec un système de circuits fermés, la billetterie pourrait être introduite, tandis que les grandes villes paieraient des sommes considérables pour attirer le « cirque cycliste » dans leurs limites urbaines.
L’objectif est de gagner de l’argent de manière différente pour les investisseurs et équipes en regroupant ces courses dans un circuit mondial fermé. Le site Cyclingnews a publié que la technologie numérique et les techniques de marketing modernes seraient utilisées pour monétiser les droits d’événements, les plateformes numériques, les paris, la gamification, le merchandising et l’adhésion des fans.
One Cycling a toujours été portée par Richard Plugge, manager de la Team Visma/Lease a Bike. L’une des principales raisons pour lesquels cette Super League a été conçue repose sur le fait que le cyclisme risque de prendre de plus en plus de retard en raison du conservatisme et des profondes divisions. C’est pour cela qu’il fallait chercher de nouveaux investisseurs pour révolutionner la compétition telle qu’elle est connue aujourd’hui.
Pour les équipes qui font partie de OneCycling, elles recevront un financement de 1 million de dollars par an sur les trois prochaines années pour leur participation aux compétitions. Pour les équipes, il s’agit d’une nouvelle source de revenus hors sponsoring, sponsors qui représentent actuellement environ 90 % des revenus des équipes.
Ces derniers mois, l’idée de la Super League n’est pas passée inaperçue parmi les personnalités les plus influentes du peloton. Par exemple, la réponse de Joxean Matxín de l’UAE Team Emirates – XRG sur la question était très claire : il ne pense pas que l’on doive faire quoi que ce soit pour les équipes elles-mêmes, mais le cyclisme pourrait bénéficier d’une certaine centralisation dans l’organisation.
« Ici (dans le cyclisme), peut-être que le fait qu’il y ait autant d’organisateurs signifie qu’il y a autant d’intérêts individualisés. Pouvoir organiser quelque chose au-delà de sa propre course ou de courses individuelles, créer un collectif qui prévaut sur l’individualité peut être intéressant »
ASO opposé à la Super League
Tout n’est cependant pas réglé. Pour l’instant, le principal problème auquel One Cycling est confronté est celui d’ASO (Amaury Sport Organisation). ASO est l’un des principaux organisateurs d’événements de courses. Les Français sont totalement contre la Super League, et tentent de la boycotter pour garder le contrôle.
Cela signifie donc que la Super League ne comporterait pas dans son format les grandes courses comme le Tour de France, la Vuelta a Espana, Paris-Roubaix, Liège-Bastogne-Liège, Paris-Nice et le Critérium du Dauphiné.
Cependant, cela n’a pas découragé les créateurs de One Cycling. La Super League souhaite que ses compétitions puissent se dérouler en parallèle à celles d’ASO. Mais bien sûr, lancer une Super League sans le Tour de France est loin d’être le scénario idéal. Au final, c’est la plus grande course du monde, celle qui attire le plus d’équipes, de fans, de sponsors….
« Si ASO n’est pas d’accord, le calendrier OneCycling peut coexister avec celui d’ASO et les équipes en question ne boycotteront certainement pas les compétitions d’ASO », affirment plusieurs sources proches du dossier.
La position de l’UCI
Il est clair que les initiateurs souhaitent organiser le projet sous les auspices de l’UCI et que cela pourrait également être lucratif pour l’organisation Internationale. Le président de l’UCI, David Lappartient, a précédemment souligné que OneCycling relèverait de l’UCI et qu’une situation telle que celle de la Saudi LIV Golf League, où le sport était divisé en deux, devrait être évitée.
David Lappartient: » La ligne rouge, c’est que nous ne voulons pas d’une compétition échappée, nous ne voulons pas d’une compétition privée. Nous savons que le modèle économique du cyclisme peut être amélioré. Nous savons que le pouvoir du cyclisme peut être plus grand que celui actuellement, mais nous souhaitons également que les discussions se déroulent sous l’égide de l’UCI.
Pour David Lappartient, il y a aussi un double intérêt. D’un côté, Lappartient a sa ligne directe avec l’ASO, et cette relation doit être entretenue. De l’autre, l’Arabie saoudite est derrière le projet One Cycling, et à travers ce pays, il peut obtenir les voix dont il a besoin pour obtenir la présidence du CIO à laquelle il aspire.
Malgré les problèmes évoqués avec ASO, le scénario de One Cycling est déjà écrit. On ne sait pas encore comment il fonctionnera dans la pratique. Mais la Super League cycliste est pratiquement devenue une réalité. Avec ou sans ASO, ce projet verra le jour. En fait, sans le refus d’ASO, il est très probable que sa naissance aurait déjà été officialisée dès 2025.