Le tour de France est une marque privée. Elle appartient au Groupe Amaury (propriétaire des journaux l’Equipe et Vélo Magazine, de la chaîne l’Equipe 21, du Paris Dakar, du Vendée Globe Challenge entre autres). A ce titre, elle a le droit de choisir la formule des équipes privées sur le tour France et lancer son épreuve où elle veut à travers le monde.
Mais certaines associations nationales du cyclisme ont réalisé que l’engouement des nations étrangères étaient grandissantes lors des Grands Départs à l’étranger et beaucoup plus qu’en France. Elles se sont demandées alors pourquoi plus qu’en France? L’un des présidents, Jean Collin (Des Vélos et Des Hommes) a répondu à notre rédaction pour nous détailler sa réflexion.
Jean Collin (Des Vélos et des Hommes) » On remarquera que le lieu de départ du tour est de plus en plus souvent en dehors de l’hexagone. Le Tour de France connaît à l’étranger un succès populaire considérable, encore plus important que sur les routes françaises. La ferveur se manifestant dans ces départs, à Londres, Copenhague et tant d’autres grandes villes étrangères, nous fait penser à ce que pourrait être un Tour se déroulant par équipes nationales.
En terme médiatique, le Tour de France cycliste est la 3ème épreuve la plus suivie dans le monde, derrière les Jeux Olympiques et la Coupe du Monde de football. Ces dernières 2 épreuves sont disputées par équipes nationales, pas le Tour de France . Et pourtant le vainqueur du dernier Tour de France est un danois: on joue à l’arrivée l’ hymne national de son pays et pas celui de son sponsor , une chaîne de magasins neerlandaise que personne en France ne connait. Par ailleurs, est ce que le public, je parle de celui qui longe le bord de la route, connait la société Jumbo? Alpecin? Deceuninck?
Avec deux autres associations, celles des « Géants du Tour » et « pour le cyclisme », on s’est demandé si une nouvelle formule serait plus attrayante pour le public Français?
Un sondage a donc été commandé à l’institut Harris Interactive pour connaître l’opinion des Français sur le retour des équipes nationales sur la Grande Boucle. Et le résultat est assez surprenant: 70 % des Français interrogés adhérent à cette formule.
Il est vrai que le public des routes du tour est aussi un acteur économique de la Grande Boucle car il paye ses impôts dans les communes et villes qui accueillent le tour de France

Jean Collin a gauche, Valentin Madouas lauréat du trophée Des Vélos et des Hommes 2023, Fiona Madden et Marc Fayet
Communiqué de presse commune des associations « Des vélos et des hommes » et « les Géants du Tour »
« Trois associations de passionnés de cyclisme e du tour de France (Des vélos et des Hommes et les Géants du Tour et Pour le Cyclisme) à l’institut Harris Interactive un sondage afin d’interroger les Français quant à leur intérêt pour l’épreuve et leur opinion sur la formule des équipes nationales
Et les résultats sont assez surprenants
53% des Français se déclarent intéressés par le Tour de France et 20 % très intéressés . Mais ce sera une surprise pour tout le monde car cette proportion est plus forte avec 59 % chez les 18/24 ans!
Autre renseignements majeurs de ce sondage; 70% des Français seraient favorables à la fomule des équipes nationales sur le tour de France et là encore dans une proportion plus forte chez les 18/34 ans à 75%
La formule des équipes nationales sur le tour de France
Cette formule du tour de France par équipes nationales, instituée en 1930 par Henri Desgranges, a été supprimée en deux temps dans les années 60 pour laisser place à une sélection d’équipes de marques en notant toutefois que la Formule « Open » mise en place en 1983 pour permettre la mondialisation de l’épreuve avait permis d’acceuillir deux équipes nationales de Colombie et du Canada/Etats Unis.
Le championnat du monde, couru sur une journée, demeurant la seule épreuve courue par des sélections nationales, il n’est pas interdit de s’interroger sur l’intérêt que pourrait susciter un tour de France ouvert à des équipes nationales.
Précisons d’emblée quil ne s’agit pas d’un retour à l’ancienne formule, à une époque où seules quelques nations de l’Ouest étaient capables de s’aligner à côté de quelques sélections régionales Françaises. Il s’agirait plutôt d’accueillir une vingtaine de nations de tous les continents et on salive déjà à la perspective de voir au départ un nombre de nations absentes à l’époque telles que: Colombie, Australie, Danemark, Grande Bretagne, Slovénie, Etats Unis, Pologne, Japon, Irlande ou Erythrée.
Non seulement l’épreuve à n’en pas douter, ferait un bon considérable en terme de visibilité médiatique, mais elle y gagnerait en dimension Olympique tout en gardant l’avantage d’être organisée tous les ans.
Une utopie mais?
Bien évidemment, une telle perspective relève à ce jour de l’utopie tant elle vient boulerversée une organisation cinquentenaire du cyclisme, constitués de groupes sportifs qui attendent de leur participation sur le tour de France une part prépondérante de leur retour sur investissement.
Des idées sont lancées à la place de la formule des sélections nationales
Mais ces 3 associations souhaitent inciter le débat et de proposer des solutions permettant d’apporter des réponses aux oppositions de toute nature à une telle révolution
Elles veulent ainsi apporte des pistes concrètes afin de mettre d’ores et déjà mieux en valeurs les appartenances nationales des participants à l’épreuve
- jouer à l’arrivée de chaque étape l’hymne national du vainqueur du jour comme cela se joue sur les courses d’un jour dites « classiques »
- Faire figurer sur le dossard ou sur le casque le drapeau national du coureur de manière très apparente à l’instar de ce qu’il se fait pour les classements
- Ce rappel de l’appartenance nationale devrait aussi trouver place sur les maillots de leader voire sur ceux des coureurs toute l’année.
Par ailleurs, il est proposé d’obtenir de l’UCI que le tour de France puisse inviter chaque année une sélection nationale (ou internationale) dans le but de poursuivre l’ouverture à des nouvelles nations et de conforter la mondialisation du cyclisme.
Le choix pourrait en être fait avec l’UCI, soit sur la base d’épreuves qualificatives, à l’instar du tour de l’Avenir, soit à partir du groupe des meilleurs espoirs mondiaux accueillis à Aigle (siège de l’UCI).
Symboliquement, cette autorisation pourrait être accordée pour le tour 2024 qui précède de quelques jours l’acceuil des Jeux Olympiques sur le territoire Français.
Jean Collin, Président de « Des Vélos et des Hommes »
Pour lire le rapport complet de l’institut Harris Interactive, clique ici