Mads Pedersen (Trek Segafredo) possède un franc parler et une réelle sincérité. Dans une interview accordée à ROULEUR, il s’est confié quand à sa relation avec l’argent, la famille, et ce pourquoi il aime tant gagner.
On peut dire en lisant le titre de l’article (non ce n’est pas un titre clicapute) qu’il est arrogant, qu’il possède un ego démesuré. Mais quand on entend son histoire et ce pourquoi il dit ça, on découvre quelqu’un de très réaliste avec des valeurs de vies bien ancrées. Il a vu son père en chié comme tant d’autres étant gosse. Il ne veut pas de cette vie et le cyclisme lui offre l’opportunité de choisir son avenir.
Mads Pedersen ne pratique pas la langue de bois, il est cash. Une majorité de champions vivent à Monaco, Andorre ou en Suisse. Mads Pedersen ne cache pas du tout pourquoi il s’est installé en Suisse. Il se rappelle de son enfance, de son père s’échinant au taf.
Son père, Claus, qui a acheté enfin un magasin de vélos il y a quelques années. C’était son rêve. Ce magasin, c’est son fils qui lui a offert. Le papa en avait assez bavé auparavant.
. « Mon père était chauffeur routier et il se levait à 3h30 du matin pour rentrer à 17h. C’étaient de longues journées et j’ai vu mon père la limite physique et mental à un jeune âge
Quand j’avais 14 ou 15 ans, j’ai dit à mon père que si un jour je gagnais de l’argent, je lui en donnerais pour qu’il puisse créer l’entreprise qu’il voulait. Alors quand j’ai eu cet argent, je le lui ai donné et il a ouvert un magasin de vélos.
Je voulais lui donner une vie qu’il aime et lui permettre de vivre un peu plus longtemps en profitant de ce qu’il fait. Cela vaut chaque centime que j’ai dépensé pour cela. Il aime les vélos, les équipements, et c’est quelque chose qu’il peut faire. Il n’a pas fait d’études, alors il n’est pas facile de fabriquer le saint graal ou quelque chose de super spécial. Mais un magasin de vélos paie les factures et le rend heureux.
L ‘ego des coureurs
« L’ego d’un coureur, et surtout le mien, est très élevé. On ne doit pas le nier. Je dois être au sommet, tu dois me battre avant tout le monde. C’est simple. Et je pense que cela m’a permis d’aller loin dans le cyclisme »
La Suisse pour raison fiscale
« Je me suis penché directement sur les impôts. Je sais que certains vont m’engueuler pour cela, et c’est normal, mais j’ai simplement une autre opinion qu’eux. Lorsque ma femme et moi avons décidé qu’il était temps de tenter l’aventure de vivre ailleurs, nous nous sommes dit : « pourquoi ne pas trouver un endroit où les impôts sont assez bas ? ».
Les gens pensent qu’après ma carrière, je pourrai trouver un emploi normal, mais qui voudra m’embaucher après 15 ou 17 ans de cyclisme ? Je n’ai rien contre, mais je ne veux pas travailler assis dans un supermarché. J’ai fait ce job pour m’assurer que je pourrai décider de ma vie quotidienne lorsque je quitterai le cyclisme. Je ne veux pas me lever tous les jours à sept heures du matin, commencer à travailler à huit heures et rentrer à quatre heures. C’est la dernière chose que je veux faire. Je suis désolé, mais j’aimerais faire ce que je veux avec mon argent. »
On dit souvent de son titre de champion du monde 2019 que c’était une surprise
« Ca ne me dérange pas. Je me fiche de ce que les gens disent. J’aime ce que je fais et je veux gagner parce que je me sens bien en le faisant. On m’a posé cette question 200 millions de fois, que les gens pensaient que je ne méritais pas de porter le maillot arc-en-ciel, mais au final, je porterai les manches arc-en-ciel pour le reste de ma vie, et je sais qu’il y a beaucoup de gars qui se battent pour ça et ils ne l’auront pas.
Je ne fais pas la course pour prouver quoi que ce soit à qui que ce soit, je ne pense pas devoir le faire. Je fais des courses parce que ça me rend heureux. J’aime la folie et quand je place la barre haute, et quand je l’atteins, c’est agréable.
Oui, je suis l’un des meilleurs coureurs du monde. Et je pense que je peux gagner un autre Championnat du monde ou le maillot vert du Tour. Il est vrai que Mathieu Van der Poel et Wout Van Aert sont les plus grandes stars du cyclisme en ce moment et je pense que je suis en dessous d’eux. Mais je sais que je peux les battre et je l’ai prouvé plus d’une fois. »