Imaginez un monde où le soleil est inversé, où ses rayons brillent à l’intérieur, un monde invisible à nous autres communs des mortels…. Un monde où l’on reste un enfant à jamais (mais quand on voit ce qu’en font les adultes de cette planète, on se dit que notre enfance nous manque vraiment). Un monde qui se fiche des pressions publicitaires, un endroit à milles lieux des tentatives de l’ère moderne de mettre fin à ce jardin intérieur, un monde qui n’a pas de case, pas de limite. Ce monde se nomme l’autisme…
Hugo Corolleur, 11 ans, vit dans cette planète et il est heureux, le principal non? Il se fout des idoles, des marques, des réseaux sociaux, des influenceurs, du monde en général. Hugo vient de cet endroit invisible où le bonheur simple est toujours là, constant. Il est loin de cette épaisse fumée qui nous aveugle, de ce monde qui nous bouscule.
Hugo est de cette planète que peu d’entre nous peuvent comprendre et en connaissent simplement l’accès, ce monde où la pudeur du cœur impose le respect. Hugo aime la vie et ses battements de cœur, le sport et surtout le cyclisme…Allez comprendre pourquoi cet art est devenu ce chemin qui nous autorise à le rejoindre, ce pourquoi il aime et connait tant son histoire.?
Ses parents ne savent toujours pas pourquoi cet objet en métal (ou en carbone) est rentré dans son monde, pourquoi il s’est ouvert lentement à ce monde que l’on nomme le cyclisme.
Sa maman Laure: « Un jour, il avait deux ans je crois, il s’est mis devant la télévision et il a vu une course cycliste à la télévision. Depuis, il n’a jamais décroché. Chez nous, personne ne fait du vélo. Nous sommes plutôt dans la pétanque. On ne l’a pas du tout poussé, il a juste trouvé du bonheur.
Parfois, quand on se déplace en voiture, Hugo voit des coureurs qui s’entraînent sur la route. Et il ne peut s’empêcher de les applaudir et de les encourager en ouvrant la fenêtre. Il les aiment ces coureurs, cyclos ou compétiteurs, il les encouragent tous? Ce sont ses héros! »
Ni une, ni deux, Hugo qui ne triche jamais et qui te balance sans filtre ses émotions , veut comprendre cet art. Il sent cette ferveur des courses, le brouhaha d’une foule, le bruit des klaxons de la caravane, la voix du speaker. Hugo veut devenir ce soigneur qui donne les bidons aux coureurs, Hugo se fout des frontières imposées par le monde du brouillard, il veut vivre et faire du vélo….
Sa maman lance alors un appel, comme une bouteille jetée à la mer par désespoir, en espérant que quelqu’un la trouve. Et deux personnes se sont penchés sur ce rivage et lui ont alors répondu: Stéphane Richard (Président du Team Oxygène Ploudalmézeau Portsall) et le Badger Bernard Hinault lui même ,le dernier vainqueur du Tour de France Français, le champion du monde, « l‘homme en jaune« .
Qu’il fut le long le chemin, les mirages nombreux avant qu’Hugo, Bernard, Mickael, Christophe et Stéphane se trouvent
A 11 ans, il prend alors une licence dans un club du Finistère. Son autisme, il s’en fout, il veut vivre le cyclisme, il veut sentir ce monde qui lui ouvre les bras, l’aventure belle et pure, celle qui nous révèle superbe et enfantin.
Hugo: « J’aime bien rouler, mais les côtes sont difficiles et du coup je monte à pied à côté de mon vélo pour l’instant. mais après je remonte dessus et je vais à fond, à toute vitesse, c’est génial, c’est super !!! »
Quand nous (avec Stéphane Richard) avons rencontré Hugo pour la première fois, il était assis devant le Tour de Wallonie, il n’était là pour personne. Si tu voulais lui arracher juste un mot de la bouche, alors tu devais causer de la course Belge, de Arnaud De Lie qui claque au sprint la 3ème étape où des voitures de la caravane Puis l’étape finie, il éteint l’écran et nous autorise à rejoindre son monde, seulement l’espace d’un instant.
Stéphane Richard (Président du TOPP); « Il ne faut pas vendre du rêve à Hugo il ne faut pas lui promettre l’impossible. Ca sera dur. Il faut qu’il trouve un club qui va à son rythme et, d’ici quelque temps, il trouvera peut être sa place. Et si il est heureux, alors le plus dur sera fait. Il nous faut tous être patient »
Depuis, Hugo a fait des sorties en VTT avec les autres gosses de « Ploudal », pourtant lui qui ne jurait que par le cyclisme sur route. Mais son avis a changé en rencontrant Bernard Hinault. Le Badger lui conseille alors de se faire les dents en VTT pour apprendre la dextérité avant d’aller sur la route. Hugo s’exécute alors, sans broncher. Qu’il fut long le chemin, les mirages nombreux avant que tous ceux là se trouvent.
Cyrille Guimard, Pascal Campion, Bernard Hinault, Hugo rencontre le monde du cyclisme et ses acteurs
Ce message « in the bottle » est aussi arrivé sur les rivages d’une asso nommée Souffles d’Espoir contre cancer dirigée par Christophe Le Fort et Mickael Hinault. Ces derniers rencontrent par deux fois Hugo. La première rencontre se fait sur le Critérium de Pipriac où Hugo était invité par l’organisateur Arsène David. Le petit bonhomme est alors aux anges planté devant l’arrivée du crit, devant les coureurs et les voitures. Plus rien n’existait à ce moment là.
Il y rencontre Cyrille Guimard qu’il connait en suivant les courses sur l’Equipe 21, il sait que le Druide a été ce maillot vert du tour. Il découvre Pascal Campion dans ce beau maillot de la redoute qu’Hugo a vu sur Paris Roubaix sur la chaine Youtube. Puis, l’espace d’un instant, il croise Bernard Hinault « le monsieur en maillot jaune » comme il le décrit. Il en oublie même de prendre sa photo souvenir tant le môme est aux anges.
Christophe Le Fort, président de l’asso Souffles d’espoir dont Hinault est le parrain, l’invite ensuite sur le salon des Collectionneurs. Hugo se retrouve soudain parmi les maillots et vélos qu’il admire tant, qu’il connait par coeur. Et les champions, touchés par sa passion, pas ce coeur encore plus grand que le monde, lui offre des maillots comme celui de la Cofidis qu’il ne quitte jamais depuis.
Christophe Le Fort: J’ai vu arriver dans la salle un petit bonhomme avec les yeux grands ouverts et le sourire jusqu’aux oreilles, donc pas besoin de demander qui c’était!
Laure Corolleur « C’est simple, depuis cette rencontre, il ne quitte plus son maillot de la Cofidis. Il le met tout le temps. Je n’ose imaginer ce qu’il se passera lorsqu’il verra l’équipe depuis le bord de la route (rires): »
Christophe Le Fort (Souffles d’Espoir contre le cancer): « » la rencontre avec Hugo et ses parents s’est faite chez nous à Dinan, en toute simplicité. J’ai vu arriver dans la salle un petit bonhomme avec les yeux grands ouverts et le sourire jusqu’aux oreilles, donc pas besoin de demander qui c’était!
C’est formidable de voir un jeune s’intéresser à notre sport et le vélo en général, et pour Hugo en particulier, le rendre heureux pour nous ce fût aussi un grand moment. je voudrais souligner le rôle des « aidants » également, et je sais de quoi je parle. Il n’est jamais facile et simple de vivre en étant au quotidien que ce soit pour un enfant, ou un parent, avec une personne qui soit dépendante quel que soit le niveau de dépendance.
Si une petite bouffée d’oxygène arrive il faut la prendre et voir son enfant heureux comme l’était Hugo samedi nous étions avec les copains de l’asso, contents tout simplement. »
Bernard Hinault: « Il faut donner les moyens à Hugo de vivre sa passion et aider le sport adapté pour tous les autres »
Hugo aime le coureur Bernard Hinault, « celui qui portait le maillot jaune », celui dont il regarde toutes les courses sur Youtube. Et tous les deux se sont rencontrés et se rencontreront encore. Le cyclisme, le sport est ce lien qui nous permet de comprendre le jeune garçon.
Bernard Hinault: » Il ne faut pas faire de différence, il faut s’adapter, et c’est comme cela dans la vie au quotidien!
Alors savoir que Hugo se passionne pour le vélo, il faut donner à Hugo les moyens pour lui faire vivre sa passion, et aider le sport adapté pour tous autres, en le développant avec les journées d’inclusions dans les collectivités par exemple, et c’est comme cela que l’on avance »
Hugo vit ses rêves, il les réalise. Quand il se lance dans l’aventure tel un bagarreur sur les pavés de Roubaix, il veut aller jusqu’au bout. Outre le cyclisme, il est aussi un passionné de pétanque et à 11 ans, il est le champion du Finistère en mixage avec son oncle Patrice. On vous l’a dit, Hugo réalise ses rêves, peu d’entre nous peuvent le faire…