Mercredi 22 mars, à Paris, le champion Valentin Madouas (Groupama FDJ) a reçu le Trophée Des Vélos et des Hommes. Cette récompense honore non seulement les qualités et performances sportives d’un coursier mais aussi les valeurs d’un homme pour la défense du cyclisme à visage humain, ces valeurs définies par la Chartre de l’Association fondée en 2006.
Pour l’association, l’interaction entre le public et le champion est primordiale. Les « egos surdimensionnés » ne sont donc jamais récompensées.
Ce concept est né sur le bord des routes du Tour de France où les parents, grands parents et enfants viennent encourager et admirer leurs champions, par ces yeux émerveillés d’un gamin pour le champion lui tendant un bidon et offrant aux parents la vision héroïque du panache d’un équipier par son sacrifice pour faire gagner les siens. Qui n’a pas dévoré les récits de ces champions par Jacques Goddet? A l’époque, on achetait l’Equipe rien que pour lire les exploits de ses héros parfois tragiques racontés par Monsieur Goddet
L’association Des Vélos et des Hommes récompensent non seulement les coureurs mais aussi tous les acteurs qui font du cyclisme cette communion populaire. Elle récompense aussi bien les journalistes et aussi les anonymes qui dans l’ombre oeuvrent à perpétuer ces valeurs essentielles, celles de l’humain.
Dans les années 2000, l’essence avait disparu, le public n’avait plus vraiment le coeur battant la chamade pour les champions. « Ca ne sent plus le barbec familial sur le bord des routes du tour » se désolait Stephen Roche, vainqueur de la Grande Boucle en 1987. Des Vélo et des Hommes ont alors l’idée de souffler à nouveau sur les braises de ce barbec pour le relancer.
Cette année donc, Valentin Madouas a reçu le Trophée du Vélo et des Hommes (inspiré du sculpter Breton Alain Michel) pour ses exploits comme sa 3ème place sur le Tour des Flandres en 2022, sa 2ème place sur les Strade Bianche cette saison entre autres, mais aussi pour son sens des valeurs comme il l’a prouvé sur le dernier tour de France. Souvenez vous, son leader David Gaudu défendant sa place dans le top 4 du tour de France. Valentin Madouas y est pour quelque chose. Il l’a souvent tracté au de là de ses limites, de ses souffrances. Gaudu dira même de Valentin qu’il lui avait « sauvé le cul » dans la montée vers Peyragudes
Jean Collin, Président Des Vélo et des Hommes: « Cette année, nous avons récompensé Valentin pour tous ces côtés, aussi bien pour les valeurs du champion et celles de l’homme. Quand il court, c’est un guerrier mais aussi un frère d’arme qui n’hésite pas à donner de sa personne pour les siens. En dehors du vélo, ce n’est plus ce guerrier, le rictus rageur. Non, c’est un homme humble et qui ne s’énerve jamais. On l’a vu aller à la rencontre de ses fans pour les remercier sur les bords des routes du tour de France alors qu’il était complétement cuit.
Il rejoint la liste de ceux qui ont permis au public d’aimer cet art comme Jacques Goddet ce magnifique conteur de légendes, comme Jean Paul Ollivier que le public demande encore son retour, de Daniel Mangeas dont la voix transmet la passion aux plus jeunes.
Quand on a dit à Valentin qu’il était notre lauréat, on ne pensait pas qu’il viendrait recevoir le Trophée à Paris car il parait pour les classiques Belges dont il a fait ses objectifs. On pensait qu’il n’aurait pas le temps ni l’envie de passer par Paris avant. Mais il nous a dit: « Merci pour cette récompense, je serai là pour la recevoir ». Il est toujours disponible malgré tout. »
Philippe Bouvatier (champion et membre Des Vélos et des Hommes): « Valentin fait du bien au cyclisme. Il est lui même avec ces visages aux antipodes, celui du guerrier qui ne lâche rien et celui qui est là pour les autres, aussi bien sur le vélo que dans la vie. Le cyclisme, il le vit, il se fiche totalement de ce que l’on pense de lui, il n’est pas du genre à s’inquiéter de son image avant tout, non. Et Oui, il nous fait du bien à notre sensibilité, nos rêves d’enfant et les espoirs de l’adulte, il nous fait du bien à tous, au peloton et au public. »
PHOTO EN TËTE : de gauche à droite Jean Collin, Valentin Madouas, Fiona Madden et Marc Fayet (Photo Jean Luc Gatelier)