Ca fait désormais plusieurs mois que Romain Molina promet de lâcher une bombe dans le paysage du football français. La promesse a été tenue, comme il l’avait fait dans divers dossiers à l’étranger, il a sorti l’artillerie lourde face aux scandales sexuels qui gangrènent l’instance du football français depuis 40 ans.
Dans ce long article, publié en anglais sur le site norvégien Josimar, Romain Molina, journaliste indépendant, dépeint une FFF où les affaires sexuelles sont monnaie courante. Les révélations de So Foot concernant Noël Le Graët ne sont qu’une infime partie des affaires qui s’étirent sur quarante ans, à Clairefontaine, notamment.
L’enquête de Romain Molina s’étire sur deux ans. Deux années de travail qui ont permis de compiler des abus sexuels qui se tiennent depuis 40 ans au sein de la FFF. Il décrit aussi des cas d’agression et de harcèlement sexuels sur majeurs et mineurs qui n’auraient, dans la plupart des cas, jamais été signalés aux autorités.
Sur les dix cas évoqués dans son article, Romain Molina s’attarde sur le cas de David San José, il avait été viré par la FFF pour « comportement inapproprié vis-à-vis d’un garçon de 13 ans à Clairefontaine. » Il aurait envoyé des « messages d’amour à un joueur de 13 ans du centre de Clairefontaine en 2013. »
On apprend aussi sur Josimar qu’il aurait également »insisté pour que les pesées des garçons se fassent sans sous-vêtements. »
Il est aujourd’hui toujours en poste à l’Olympique de Valence.
D’autres cas sont révélés comme celui d’Elisabeth Loisel, une ancienne internationale et sélectionneuse (de 1997 à 2007) qui aurait forcé des joueuses à avoir des relations sexuelles avec elle pour être sélectionnées. Le nouvel entraîneur du PSG féminin Gérard Prêcheur explique qu’elle « favorisait aussi certaines joueuses en raison de leur orientation sexuelle. »
Le cas le plus retentissant reste celui d’Angélique Roujas. L’ancienne internationale tricolore est encore responsable des U19 de la Roche-sur-Yon mais lorsqu’elle était dirigeante de la section féminine à Clairefontaine, elle aurait eu des relations sexuelles avec des joueuses mineures en 2004.
« Une politique du silence » a été menée par Brigitte Henriques, actuelle présidente du CNOSF et ancienne secrétaire générale de la FFF à l’époque, selon un ancien directeur de la FFF.
Angélique Roujas a été licenciée en 2013 et Noël Le Graët a été contraint de signaler les faits à la justice car plusieurs joueuses des Bleues menaçaient de faire grève. L’enquête de justice s’est refermée suite aux délais de prescription dépassés.
Après les révélations de So Foot, le Ministère des Sports a décidé de lancer un audit à la suite d’une réunion avec Noël Le Graët et Florence Hardouin. Il s’agit d’une « mission de l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR) d’audit et de contrôle sur le pilotage de la Fédération et le respect des obligations qui s’y attachent » peut-on lire dans le communiqué du Ministère.
Avec ces dernières révélations de Romain Molina, c’est bien plus qu’un audit qu’il faudra.
Photo : screen vidéo Youtube de Romain Molina