Aucun jugement de valeur dans ce titre simple reflet de la rivalité entre le vainqueur du jour Manchester United et Arsenal, qui se sont partagés les titres de Premier League entre 1996 et 2004 avant de devoir faire face à la puissance de Chelsea puis depuis 2012 de Manchester City. Manchester United, avec cet improbable succès 3-1, a remporté sa 99ème victoire contre Arsenal pour 53 matches nuls et 85 défaites. Un tel écart, trompeur compte tenu du déroulé du match, n’avait plus été enregistré contre cet adversaire depuis fin 2017.
Mais au soir de la sixième journée de Premier League, les Londoniens d’Arsenal restent leaders malgré ce premier revers. Après 5 victoires consécutives en début de saison pour la première fois depuis 2004, une belle série contre des équipes hors Top 6 initiée dès le match d’ouverture du championnat avec un succès à l’extérieur chez les voisins de Crystal Palace, poursuivie à domicile contre Leicester, avant d’enchaîner en force à Bournemouth et de battre à domicile les autres voisins de Fulham puis Aston Villa, les Gunners de Mikel Arteta ont fini par chuter à Old Trafford. Certes, personne n’imaginait vraiment Arsenal rééditer le coup des Invincibles de la saison 2003-2004, mais l’appétit vient en mangeant. En poste depuis fin 2019, l’ancien adjoint de son aîné Pep Guardiola à Manchester City, tenu en échec un partout à Aston Villa malgré l’ouverture du score d’Haaland meilleur buteur de Premier League avec 10 buts en 6 journées, sait bien que tout ce qui peut être pris fera la différence en mai 2023 pour enfin retrouver la Ligue des Champions. Sa dernière participation remonte à 2016-2017 sur la fin des 22 ans de l’ère Wenger, laminé par le Bayern dès les huitièmes de finale après une qualification dans le même groupe que le PSG.
Au coup d’envoi, le jeune belge Sambi Lokonga, une seule sélection en équipe nationale, aligné au milieu aux côtés de l’ expérimenté international suisse Granit Xhaka, est censé suppléer les blessures du Ghanéen Partey et, de longue durée, de l’Égyptien Elneny. Mais c’est bien la feuille de match du Manchester United du nouveau manager néerlandais Erik ten Hag, jusque-là architecte de l’Ajax Amsterdam, qui suscite le plus de commentaires sur les réseaux sociaux : Cristiano Ronaldo, que d’aucuns imaginent désormais dans un club turc, pour cause de date de fin de mercato décalée d’une semaine (le 8 septembre plutôt que le premier jour du mois) par rapport aux autres championnats, pour jouer la Ligue Des Champions, reste sur le banc des remplaçants tout comme l’international suédois Elanga qui cède sa place à la recrue brésilienne, lui aussi international, Antony Matheus dos Santos dit Antony, plus gros transfert estival pour 100 millions d’Euros, tout juste arrivé du même Ajax, et aligné sur le côté droit. Pour le reste, ten Hag semble avoir trouvé son équipe, puisqu’il aligne, hors Antony, les mêmes que lors des trois derniers matches pour autant de succès. S’il n’y a pas eu comme lors du précédent match à domicile, la rencontre de la peur Manchester United-Liverpool, de nouveaux incidents à Old Trafford pour demander au propriétaires américains les Glazer, de passer la main après bientôt 20 ans de mainmise, les supporters mancuniens continuent de réclamer leur départ sans qu’une alternative crédible, à hauteur des 4 milliards estimés par la famille Glazer, se soit officiellement déclarée.
À la 7ème minute, Antony attendu pour ses dribbles préfère talonner pour le latéral droit international portugais Dalot qui transmet à la vedette internationale danoise Eriksen pour un premier tir raté qui a le mérite de lancer le match. La minute suivante, l’international français William Saliba en position idéale face au but de Manchester United trouve à son tour le moyen de manquer le cadre. Dès la 12ème minute, c’est le tournant du match. Manchester United séduisant mais stérile perd le ballon, Arsenal contre rapidement et le néo-international brésilien Martinelli prend de vitesse la défense mancunienne pour marquer. Consternation à Old Trafford. Mais après consultation du VAR par l’arbitre Paul Tierney, homonyme de l’international écossais Kieran Tierney joueur d’Arsenal sur la banc, l’ancien petit prodige international norvégien Ødegaard, capitaine et maître à jouer d’Arsenal faute d’avoir jamais eu sa chance au Real Madrid, est jugé coupable d’une faute sur Eriksen à la perte du ballon. Old Trafford pousse un soupir de soulagement. Mais Manchester United refroidi subit désormais le jeu d’Arsenal, et le gardien de but international espagnol David de Gea, pour son 383ème match dans les cages des Red Devils, rappelle à quel point il mérite son surnom de “Dave saves” à la 31ème sur un magnifique coup de tête de Martinelli.
Le but d’Antony trois minutes plus tard est pourtant le résultat d’un mouvement collectif depuis Eriksen vers l’international portugais Bruno Fernandes, capitaine de Manchester United, qui a le temps, avant d’être victime d’une faute, non sifflée, puisque l’arbitre préfère laisser jouer, de passer le ballon à l’international anglais Jadon Sancho lancé depuis la gauche. Transmission instantanée à un autre international anglais, Marcus Rashford, face au but mais entouré à quelques mètres de distance par quatre défenseurs d’Arsenal, la solution est proposée par la course d’Antony libre de tout marquage à droite qui place idéalement filet opposé le ballon du pied gauche. Le centième joueur brésilien en Premier League devient aussi, à 22 ans et demi, le plus jeune de ses compatriotes à marquer pour ses débuts dans ce championnats. Une statistique anecdotique, qui permet de faire oublier que le précédent joueur de Manchester United à avoir marqué pour ses débuts lors d’une défaite à domicile 1-3 face à Crystal Palace en 2020, l’international néerlandais Donny van de Beek, première pioche du côté de la génération ten Haag de l’Ajax, reste un cuisant échec à ce jour, sans que l’arrivée de son ancien entraîneur ait pour l’instant changé la donne.
Dès la 37ème, Arsenal manque d’égaliser via le jeune international anglais Bukayo Saka, servi par Ødegaard mais le ballon arrive finalement dans les gants de De Gea. Dans les arrêts de jeu de la première mi-temps, Antony en confiance tente en retour un lob de loin pour le moins présomptueux.

Au retour des vestiaires, aucun changement de part et d’autre, mais la domination d’Arsenal reprend de plus belle, entre une double occasion à la 51ème sur un centre de Martinelli contrarié par Dalot puis un tir en pivot de Saka, bourreau de son vis-à-vis l’arrière gauche international néerlandais Tyrell Malacia, tout près d’un des poteaux de De Gea, et la transversale du même à la 54ème sur un centre en bout de course de l’intenable Saka lancé sur le côté gauche par Martinelli. À la 58ème, le buteur Antony laisse sa place à Cristiano Ronaldo, pas forcément à 37 ans le joueur encore capable de procéder rapidement en contre.
Une minute plus tard, Arsenal égalise par Saka. Sur une perte de balle de Varane dans sa moitié de terrain, Ødegaard lance l’avant-centre international brésilien Gabriel Jesus, arrivé de Manchester City cet été. Si le pied de Dalot fait opposition, le ballon parvient à Saka dans la surface qui n’a plus qu’à le frapper fort du pied gauche à ras de terre. La veille de son vingt-et-unième anniversaire, il marque là son 24ème but avec Arsenal. Mais, nouveau coup de théâtre, alors que la dynamique du match semble définitivement du côté d’Arsenal, sur un ballon a priori anodin récupéré par Bruno Fernandes, il lance idéalement en profondeur Rashford, 25 ans le 31 octobre prochain, qui semble avoir retrouvé ses jambes de 20 ans pour marquer plein de sang-froid un but inattendu compte tenu du déroulé du match.
La minute suivante, Sancho sort pour laisser la place au milieu défensif international brésilien Fred, un changement déjà prévu avant le but de Rashford mais qui ressemble alors encore plus à une volonté de conserver le score. Pourtant, Manchester United se créé alors deux occasions, dont une énorme, quand Aaron Ramsdale, le gardien international anglais d’Arsenal, panique devant le pressing de Cristiano Ronaldo, la ballon arrive jusqu’à Fred pour transmettre dans la surface à Bruno Fernandes tenu en échec dans son un-contre-un contre le gardien. Si Bruno Fernandes avait aperçu Cristiano Ronaldo démarqué, la machine à marquer portugaise aurait pu lui aussi participer à la fête.
Scott McTominay, l’international écossais, prend un carton jaune à la 70ème minute pour une énième faute, cette fois sous forme de prise de judo sur Gabriel Jesus, plus spectaculaire que véritablement dangereuse. Le même Jesus sur l’action suivante pivote à l’entrée de la surface, enroule et manque de peu la lucarne opposée. Sur ce coup-là, De Gea s’est contenté d’un arrêt du regard. À la 72ème, triple changement du côté d’Arsenal : Ødegaard, Sambi Lokonga et l’international ukrainien Oleksandr Zinchenko, lui aussi arrivé cet été de Manchester City, cèdent la place à l’international anglais Emile Smith-Rowe, à l’espoir anglais Edward Nketiah et à l’espoir portugais Fabio Vieira, arrivé cet été de Porto, pour totalement remodeler le milieu de terrain londonien hors Xhaka qui récupère la brassard de capitaine. Trois minutes plus tard, Bruno Fernandes depuis la ligne médiane remet ça dans le dos de la défense des Gunners vers Eriksen, qui fixe le gardien pour sa première passe décisive depuis son arrivée à Manchester United avant de transmettre à l’enfant du pays Rashford pour un doublé de sa part et le but du break : 3-1 pour les locaux.
Dans la foulée, à la 77ème, le double buteur Rashford touché à la cuisse et le défenseur central argentin international Lisandro Martinez blessé sont remplacés respectivement par le milieu international brésilien, oui je sais encore un, Carlos Henrique Casimiro dit Casemiro, arrivé tardivement du Real Madrid pour 72 millions d’Euros et un salaire doublé par rapport à son précédent club sans jamais avoir été encore titulaire, et l’international anglais Harry Maguire, capitaine déchu des Red Devils, jusqu’il y a peu encore défenseur le plus cher de l’histoire du football. Bien sûr, il est facile de se moquer de ce pauvre Maguire, dont le meilleur pied reste la tête, mais impossible de ne pas se demander pourquoi ten Haag ne lui préfère pas pour ce changement forcé l’international suédois Victor Lindelöf, nettement plus rassurant.
Pour sa part, Arteta remplace dans sa défense à la 82ème l’international anglais Ben White par un autre international, japonais, Takehiro Tomiyasu. Sans doute pour ne pas faillir à sa réputation, Maguire récolte la minute d’après un carton jaune mérité, pour une faute sur Jesus à l’entrée de la surface, sur ce qui aurait pu être son premier ballon. Xhaka tire le coup franc consécutif dans le mur puis se rate sur la récupération du ballon le long de la ligne de touche, Fred récupère et veut centrer de loin pour Cristiano Ronaldo devancé par Ramsdale sorti hors de sa surface. L’action se poursuit, le ballon revient sur un ballon piqué de Jesus dans la surface mancunienne. Maguire remet aussitôt ça sur Nketiah et aurait pu logiquement être sanctionné d’un penalty mais l’arbitre ne bronche pas. Une minute plus tard, la reprise de Vieira n’est pas cadrée.
À la 86ème, faute de frustration sur Malacia de Saka qui lui vaut un carton jaune. Dans les arrêts de jeu, Maguire fait encore à peu n’importe quoi, Smith-Rowe tire au-dessus des buts de De Gea et une frappe de Vieira finit dans les bras du gardien mais entre ces deux occasions d’Arsenal, les Mancuniens Fred et Bruno Fernandes manquent d’enfoncer le clou, pour le plus grand désarroi d’un CR7 définitivement sevré de buts.
Après avoir goûté aux joies de l’Europa League respectivement à Zurich et face à la Real Sociedad à Old Trafford jeudi, Arsenal devrait se remettre à l’endroit dimanche prochain en recevant l’Everton de Frank Lampard et Manchester United tenter de confirmer sur le terrain des Londoniens de Crystal Palace en conclusion de la septième journée d’une Premier League belle et bien lancée.
Photos : screens Canal +