Ce jeudi 1er septembre sur sa pelouse du King Power Stadium, la lanterne rouge de Premier League, fantôme du surprenant champion en 2016, seul intrus à briser depuis 1995 la domination d’un top 4 incarné par Manchester United, Arsenal, Chelsea et plus récemment Manchester City jusqu’au titre de Liverpool en 2020, a perdu 0-1 contre Manchester United sur un but de Jadon Sancho, son second en 5 matches, à la 23ème minute.
Les difficultés sportives de Leicester sont à mettre sur le compte de sa mauvaise situation financière plutôt que sur le dos du trop sous-estimé manager nord-irlandais Brendan Rodgers, à la tête du club depuis février 2019, encore capable il y a deux saisons de rivaliser avec Manchester United pour la dernière place qualificative en Ligue Des Champions et de remporter la FA Cup contre Chelsea puis le Community Shield contre Manchester City.
Cette année, Leicester bourreau de Rennes en huitièmes de finale de la nouvelle Ligue Europa Conférence en a atteint les demies finales, éliminé par le futur vainqueur, la Roma de José Mourinho. Mais tout ça c’était avant. Hier jeudi, seul James Maddison a surnagé parmi une équipe désormais privée du revenant Wesley Fofana, nouveau record pour le transfert d’un défenseur, valorisé à 82 millions d’Euros, vers Chelsea.
Ancien de Manchester United formé au club, le capitaine Jonny Evans a paru trop seul, abandonné par ses équipiers, sur le but de Sancho, lors d’un des rares mouvements bien exécutés des Mancuniens, sur deux touches de balle successives du capitaine Bruno Fernandes et Marcus Rashford, parachevé par un dribble de Sancho sur le gardien gallois Danny Ward, successeur de Kasper Schmeichel parti à Nice. Bref, Leicester, avec un seul point en 5 journées, a un profil de relégable…
Après son but, Manchester United n’a jamais été capable de “tuer le match” face à des Foxes appliqués mais inoffensifs, à l’image de son buteur Jamie Vardy, seul survivant sur la pelouse des champions de 2016 (Marc Albrighton sur le banc n’est pas rentré en jeu).
Pire, en seconde mi-temps, Manchester United a subi et peut remercier au coup de sifflet final la maladresse des joueurs adverses comme l’envolée à la 49ème de “Dave Saves” De Gea, main opposée et ferme sur un coup franc de Maddison. Le gardien espagnol est capable de boulettes énormes, la dernière en date sur l’ouverture du score de Brentford lors de la deuxième journée de championnat, mais a surtout tant de fois sauvé son club, sans parler du nombre de points qu’il lui a rapporté.
Dès la 36ème, Harvey Barnes sonne la révolte des Foxes mais manque la lucarne, et c’est encore lui qui place une tête deux minutes après la parade du gardien des Red Devils. Une succession de coups francs pour Leicester, à la 53ème, à la 55ème puis à la 64ème, ne donnaient rien.
Entre-temps à la 58ème, la recrue censée stabiliser le milieu de terrain Casemiro, 30 ans, sur le banc comme à Southampton, remplaçait l’élément offensif Elanga : le message du manager Erik ten Hag était clair. Renforcer le milieu, où McTominay, contrairement à 3 de ses 4 précédents matches, n’a pas pris de carton jaune, pour procéder en contre. Sauf que le buteur Sancho, seul capable d’accélérer contrairement à Rashford toujours en souffrance un an après son opération à l’épaule, cédait sa place à la 67ème à Cristiano Ronaldo, 37 ans, alors que du côté de Leicester, le premier changement à la 75ème se traduisait par l’attaquant nigérian Iheanacho à la place du milieu belge Tielemans.
Les 10 dernières minutes voyaient enfin se succéder des occasions franches de part et d’autre. À la 81ème, Rashford combinait avec Cristiano Ronaldo qui recherchait (oui vous avez bien lu !) Eriksen, sacré meilleur joueur de la rencontre sans doute par défaut, mais Evans intervenait fort à propos pour lui enlever le ballon. La minute suivante, Dalot (quel est le crime d’Aaron Wan-Bissaka titulaire la saison dernière ?) centrait de la droite pour son compatriote et héros Cristiano Ronaldo qui tentait un magnifique retourné et manquait de peu de renouer avec un but d’anthologie. Et encore une minute plus tard, le même Cristiano Ronaldo trop excentré centrait trop fort ou ratait le cadre, au choix. Sur ce, Rashford victime de crampes (no comment…) laissait sa place à Fred, décidément pas élément prioritaire dans l’esprit de Ten Hag, et Vardy, poste pour poste, au Zambien Patson Daka.
Suivait à la 89ème un dernier centre de Bruno Fernandes pour Manchester United. Mais c’est bien Leicester qui aurait mérité d’égaliser, entre un tir de Maddison au-dessus de la cage de De Gea à la 1ère minute des quatre d’arrêts de jeu puis le latéral droit James Justin qui se ratait complètement en position idéale à la 92ème.
Coup de sifflet final et rideau : Leicester se rendra dimanche à Brighton, équipe-surprise de ce début de saison de Premier League qui pointe à la quatrième place avec 10 points. Manchester United, victime à domicile de Brighton dès la 1ère journée mais quasi-miraculeusement 5ème avec 9 points, qui enchaîne enfin 3 victoires d’affilée en Premier League depuis décembre 2021 et 2 victoires de suite à l’extérieur un an après, accueillera Arsenal, leader grâce à son carton plein de 15 points et fort d’une confiance enfin retrouvée avec Mikel Arteta. En septembre, la Premier League nous apprendra si la lutte pour le titre tournera au mano a mano entre l’ogre Manchester City et son “disciple” Arsenal, avec Tottenham en embuscade, ou bien à un formidable tir groupé avec les mêmes rejoints par Manchester United, Liverpool et Chelsea.
En cette semaine de fin de mercato d’été a eu lieu le transfert définitif vers un éventuel au-delà de Mikhaïl Gorbatchev, dirigeant soviétique de 1985 à 1991. 1985, c’est l’année de naissance de Cristiano Ronaldo, qui s’appelle ainsi en hommage de la part de son père au président américain Ronald Reagan de 1981 à 1989. Les noms de Reagan comme Gorbatchev appartiennent au passé, mais celui de Cristiano Ronaldo semble destiné à bientôt les rejoindre. Dis papa, c’est qui Cristiano Ronaldo ? À 37 ans, CR7 voulait quitter Manchester United cantonné à la League Europa pour jouer la Ligue Des Champions une vingt-deuxième année consécutive. D’un point de vue sportif, le club y aurait sûrement gagné. Oui mais voilà, personne n’a voulu du meilleur buteur de la compétition, 141 buts devant Messi, 125, quintuple vainqueur de l’épreuve pour autant de Ballons d’or, dont la première fois avec Manchester United en 2008. Faute d’alternative crédible, CR7 restera donc dans son club anglais “de cœur” au moins jusqu’au mercato d’hiver, avec comme perspective une cinquième et dernière Coupe du Monde en novembre.
Le manager ten Hag se serait bien épargné ce souci supplémentaire. Il devra gérer une attaque pléthorique à défaut d’être vraiment efficace, entre CR7, meilleur buteur du club l’an dernier avec 24 buts en 37 matches, les internationaux anglais Rashford et Sancho, l’international suédois Elanga, l’international français Martial sur le chemin du retour quand pas blessé, le jeune espoir argentin Alejandro Garnacho et la nouvelle recrue à prix d’or brésilienne Antony, soit 7 candidats pour au mieux 3 places.
Après la déroute 4-0 à Brentford du 13 août dernier, les Red Devils alors lanterne rouge semblaient devoir céder au “panic buy” dans les 15 jours suivants avec l’attaquant Marko Arnotauvić et surtout le milieu de terrain Adrien Rabiot.
Finalement sont arrivés en renfort les internationaux brésiliens Carlos Henrique Casimiro dit Casemiro, pour 72 millions d’Euros et un salaire doublé par rapport au Real Madrid, qui a donc retrouvé ses anciens partenaires Cristiano Ronaldo et Raphaël Varane, désormais solidement associé en charnière centrale à l’Argentin Lisandro Martinez, arrivé cet été de l’Ajax Amsterdam, et Antony Matheus dos Santos, 22 ans, contre, excusez du peu, 100 millions, plus gros transfert estival avec pour seule garantie que ten Hag connaît bien le joueur pour l’avoir lui aussi entraîné à l’Ajax.
Le match dimanche entre Manchester United et Arsenal, privé de son milieu de terrain égyptien Elneny blessé pour plusieurs mois, à Old Trafford pourrait voir s’affronter les attaquants brésiliens, le nouveau messie Antony, 8 sélections pour 2 buts, et Gabriel Jesus, 56 sélections pour 19 buts, sans Cristiano Ronaldo, titularisé une seule fois en cinq rencontres lors du naufrage à Brentford, relégué sur le banc. Le supporterait-il ?
Photos : screen Canal+