Souvenez vous de la voiture DMC Delorean dans « retour vers le futur » ! Imaginez vous alors quelques instants, fermant les yeux, de votre enfance… Gamin, les yeux rivés sur l’écran de la télé à tube cathodique de nos années 80, nous regardions, les yeux écarquillés, ces bastons légendaires entre Sean Kelly, Fons de Wolf, Acacio Da Silva, Bruno Cornillet et le denier vainqueur du Tour de France Français: Bernard Hinault!Maintenant ouvrez les yeux et dites vous que ces champions seront encore en train de se tirer la bourre … le 4 et 5 juin 2022 à Calorguen, en Bretagne. Oui, en 2022 soit plus de quarante ans après! Comment est ce possible? Par la volonté de bénévoles passionnés et surtout armés d’un Grand coeur comme celui qui vous donne ce souffle dans les moments les plus difficiles, celui animé par l’Espoir. Cette association se nomme d’ailleurs Souffles d’Espoir contre le cancer et se bastonne contre un truc impossible que l’on appelle : cancer.Pour les aider dans cette lutte improbable, les « Immortels » viennent alors à leur rescousse. Les « Immortels », ceux qui resteront à jamais dans le Grand Livre du Cyclisme même dans le siècle à venir.Alors comme avec la DMC Delorean, on va se joindre à cette foule, le cul posé sur le siège passager des voitures anciennes qui participent aussi à ce voyage dans le temps, histoire de changer un peu le futur pour une belle et noble cause: aider à dégommer ce putain de crabe qui arrache bien des nôtres.En tant qu’Irlandais que nous sommes toujours un peu au sein de la rédaction, nous avons demandé à « King Kelly (Sean Kelly) » pourquoi il quittait sa verte Erin pour rejoindre son cousin Celte Bernard Hinault que l’on surnomme en Irlande « The Badger ».
Quand Bernard t’appelle pour le rejoindre dans une noble cause, tu viens, tu n’hésites pas
Be Celt: Sean Kelly, pourquoi avoir accepter sans hésiter l’invitation de Bernard Hinault pour le Tour de Rance le 4 et 5 juin prochain?Sean Kelly
: « Hey, il y a trois raisons. La première, c’est pour le « Badger ». Quand Bernard t’appelle pour venir, et bien tu viens, tu ne te poses pas de questions. C’est Bernard quand même, c’est le « Badger »! La deuxième c’est pour la cause, celle de Souffles d’Espoir contre le cancer dont Bernard est le parrain. Ce maudit cancer frappe chaque famille. On a tous perdu quelqu’un avec ce crabe, on se doit de faire ce que l’on peut à notre niveau, si petit soit-il. Le centre Eugène Marquis a besoin de financement dans cette lutte, on vient alors les aider, ça ne se discute pas non plus.
Enfin, pour les potes. Ca fait un bail que j’ai vu Bernard la dernière fois. On a eu ce foutu covid durant deux ans, et je commente pour Eurosport International donc ce n’est pas évident de se revoir sur le Tour de France par exemple. Il y a trop de monde, ca grouille de partout. Là, on va se revoir à la « bonne franquette » comme vous dîtes en France. Il y aura Fons (De Wolf), Acacio (Da Silva), Bruno (Cornillet) et tant d’autres… Mince, ca nous rajeunit pas tout ça (rires).
C’est un autre Bernard, je l’appelle Bernard Le Belge (Bernard Laloux) qui m’a fait passer le message il y a un an. Mais avec toutes ces merdes cette dernière année, il m’était difficile de quitter l’Irlande. Là, c’est après le Giro et je suis libre. Je suis content de revenir en Bretagne et de revoir Bernard et tous les autres. »
La Bretagne, c’est comme l’Irlande
La Bretagne, quels souvenirs en gardez vous ?
« Niveau climat, ça ne me dépaysait pas. C’est un peu comme l’Irlande. Il pleut puis le soleil brille et il pleut de nouveau avec un petit vent froid, bref les 4 saisons en une journée comme en Irlande (rires). Sérieusement, la Bretagne est belle comme l’Irlande. J’ai gardé de très bons souvenirs sur le Tour de France en Bretagne. De sacrés étapes. Je me souviens de ce que me disait mon DS: « seuls les meilleurs sortent de la pluie pour aller chercher le soleil, les meilleurs brillent ensuite sous le soleil » . » Ca m’a marqué ce qu’il m’a dit à l’époque. Du coup, j’aimais la pluie, le vent durant la baston et le soleil à l’arrivée (rires). »
Je ne serai jamais devenu ce que je suis sans Jean De Gribaldy
La France, votre arrivée en 1977 à Besançon, vous l’Irlandais que personne ne connaissait sauf un: Jean De Gribaldy
« Oui, je m’en souviens très bien. En 1976, alors que je labourais le champ de chez nous à Curraghduff, un Français débarque à la ferme familiale. Il me propose de passer professionnel chez Flandria, j’avais 20 ans. Ce Français se nommait Jean De Gribaldy et il a changé ma vie. Je ne serais jamais devenu celui que je suis sans lui. Je lui dois énormément.
En 77, je débarque à Besançon, je signe à l’AC Bisontine pour les amateurs et chez Flandria pour les pros. Je regarde toujours ce que fait ce club formateur AC Bisontine. Ils en sortent toujours des champions chez les juniors, des Francais, des Irlandais mais on en parle pas souvent dans les médias je trouve, c’est bien dommage car ils font un travail formidable avec les jeunes… Ca me rappelle tant de choses cette époque à Besançon. L’équipe pro pouvait se nommait Flandria, Splendor, KAS, Skill Sem Kas Miko, on s’en foutait, on était avec Jean De Gribaldy. On l’aurait suivi partout, on lui était fidèle car il était bien plus qu’un manager, il était un Grand Homme. Il me manque… »
Le plus important, ce sont ces moments passés avec les équipiers, le staff, l’aventure sportive et surtout humaine
Vous avez remporté 190 victoires chez les pros, 7 Paris Nice, 26 étapes de Grands Tours, 2 Paris Roubaix, 2 Milan San Remo, 3 Lombardie, une Vuelta et tant d’autres. Quelle est votre plus beau souvenir?
« Toutes les victoires sont belles et restent des beaux souvenirs. Mais le plus important, ce sont ces moments passés avec les équipiers, le staff, l’aventure sportive et surtout humaine. J’aimais cet esprit d’équipe qui peut emmener tout le monde très loin. Je lisais l’un de vos article sur Joel Pelier, mon ancien coéquipier chez KAS. Un gamin, à l’époque, avec un coeur énorme qui ne marchait qu’à la passion et il n’a pas changé quand je lis ces mots qu’il écrit sur Be Celt. C’est toujours un passionné, un gars bien. Il a raison quand il dit que c’est le team qui fait ce qu’est une vraie équipe, c’est ensemble que l’on va à la baston.
J’étais le leader à l’époque, oui, mais quand je voyais ces mecs se mettre minables pour m’emmener à la victoire, je me devais de leurs rendre la pareille. C’est ça une équipe, c’est ça le cyclisme! Je me souviens très bien de cette étape avec Jojo sur Paris Nice. Il débutait chez les pros. On était dans l’échappée tous les deux. J’ai vu qu’il en avait encore sous la pédale mais il ne pensait qu’à me protéger. Alors je me suis approché de lui et je lui ai dit; « Vas y Joel, elle est pour toi celle là. Moi je reste derrière pour te protéger ». Joel attaque et part seul, il claque l’étape, endosse le maillot de leader en prime. J’étais fou de joie, tout autant que lui. Un leader doit savoir se mettre à la planche pour ses équipiers, pour l’équipe aussi. C’était ça l’esprit Jean De Gribaldy. Oui des beaux souvenirs. On avait retenté l’année suivante avec René Bittinger, mais ça n’a pas marché, les autres avaient compris comment on fonctionnait je pense. On roulait tous pour la même cause: la victoire »
Ils ont retrouvé mon vélo Vitus de l’époque KAS
Sur le Tour de Rance, vous roulerez sur un vélo Vitus de l’époque KAS. Comment avez vous trouvé cette pièce rare?
« Alors là, c’est une belle histoire de passionné encore. Déjà, je ne roule que sur VITUS. C’est désormais une marque Irlandaise et j’en suis l’ambassadeur. Jamais on ne me verra sur une autre marque. Quand j’ai dit à Christophe Lefort et Mickaël Hinault que je ne roule que sur Vitus, je pensais qu’ils allaient alors me prendre un VITUS actuel. Mais non! Ils ont contacté un collectionneur du nom de Gwen Leguen qui possède l’un de mes vélos de l’époque KAS. Et il me le prête le temps de ce week-end. J’en suis resté sans voix. Ca fait un bail que j’en ai pas monté un. Quelle joie de le retrouver!
Ca va être un beau week-end avec Bernard, Fons, Acacio et tous les autres. Et en plus on sera là pour cette cause qui nous tient tous à coeur, ce coeur rempli d’espoirs et on va y donner un peu de notre souffle nous aussi »
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