Dans le cyclisme, il est des passionnés et des transmetteurs de valeurs, des fignoleurs du travail bien fait, des hommes et des femmes au service d’une seule et unique cause: la jeunesse. La paye qu’ils en reçoivent (c’est à dire des nèfles) de ce dur labeur vaut pourtant bien plus que tous les salaires du monde pro car les yeux émus et les sourires de leurs jeunes n’ont pas de prix, ils sont inestimables. Et ces gens simples, humbles, discrets, on les retrouve souvent dans ces clubs amateurs, de ceux qui forment nos champions de demain et dont certains DS et managers d’équipes pros aiment pourtant à oublier, à ignorer, les snobant au volant de leurs voitures rutilantes valant souvent le budget annuel de ces clubs amateurs, lunettes de soleil vissées sur leurs regards hautains. Mais pourtant sans ces bénévoles et passionnés, les équipes pros ne seraient rien… Il est des gens qui aiment vraiment le vélo, celui de la base. Et Pascal Orlandi, Romuald Lefevre et tous ces bénévoles de l’AC Bisontine en sont de beaux ambassadeurs. Des décennies qu’ils forment les champions de demain comme Thibaut Pinot, Hugo Hofstetter et tant d’autres gamins tels Eddie Dunbar, tous ont porté les couleurs juniors de ce club Franc Comtois. Ce sont de véritables artisans du cyclisme, celui qui sent la sueur et la mécanique bien huilée, des larges sourires sur des visages burinés par tant d’années passées à ensiegner, les yeux toujours émerveillés devant ces jeunes. Ils leurs transmettent l’Art au sens le plus noble du terme, ces valeurs intrinsèques comme celle du maillot porté, du respect des autres, des sponsors et de la cohésion, celle qui fait force contre l’adversité. Par une journée d’hiver, Christian Prudhomme (Directeur du Tour de France) nous avait lâché inquiet sur les ondes de RTBF;
« La Base s’effrite »…Et bien messieurs « les professionnels », penchez vous donc sur cette base et vous verrez qu’elle ne sera qu’encore plus solide si vous voulez avoir un avenir, vous savez on vous parle de ceux qui ont fait ce que vous êtes aussi maintenant derrière votre volant ou devant les caméras. vous avez oublié les mots respect, cohésion et partage?
Ce dernier week-end, l’AC Bisontine a écrit l’une de ses plus belles pages de son histoire en gagnant chez les élites, les juniors et les cadets. On a téléphoné à Pascal Orlandi, le Président de l’AC Bisontine pour nous livrer leur secret.
Tour du Beaujolais chez les élites, la dernière étape du Tour du Bocage et de l’Ernée et le général de la coupe de France juniors par équipes et individuel et les cadets qui raflent en départementales. Un beau week-end n’est ce pas?
Pascal Orlandi: « Tu m’étonnes. C’est l’un des plus beaux week-ends du club. Des récompenses sublimes de voir la joie de ces jeunes qui se sacrifient tant, des larmes de bonheur aussi des encadrants, éducateurs et personnels. Tu veux quoi de plus? C’est tellement beau et magnifique.
La victoire de Simon Combes au Tour du Beaujolais ne me surprend pas. Ca fait trois semaines qu’il claque comme sur le Tour de la Manche il y a huit jours. Puis celle de Melvyn Lethier sur la der de la coupe de France juniors et le général pour Romain Grégoire qui nous donne espoir pour l’avenir. Puis enfin celles de nos cadets, la cerise sur le gâteau pour nous tous.
Sur le Tour du Beaujolais, on a vu une belle équipe autour de Simon Combes, une bande de potes qui défendaient ardemment leur leader et les couleurs du club. L’AC Bisontine, c’est une famille issue de différentes cultures avec des coureurs français, Néo Zélandais, Australien ou Luxembourgeois et tous avaient ce même désir. Oui, ils ont fait du bon boulot et ils nous ont rendu la pareille à nous autres encadrants. »
Et vous n’êtes que Division National que depuis cette année?
« Oui. On avait ce sentiment de travail inachevé quand on voyait nos juniors et nos espoirs qui partaient vers d’autres structures. On a donc déposé notre dossier l’année dernière en expliquant à la Fédération ce que nous voulions faire. Nous n’avons pas de gros moyens mais nous avons cette passion et cet héritage issu de tant d’années à transmettre et regardez cette saison le résultat, ils m’ont fait couler ma larme de bonheur et pourtant il faut y aller ! En 26 ans de présidence, j’ai rarement connu cette joie totale »
Et les juniors qui poussent derrière?
« Exactement, on pérennise notre formation, on fignole ce travail de longue haleine. Romuald Lefevre est aussi un artisan de tous ces succès chez les juniors, lui comme tous les autres membres de cette famille.
Ces gamins, on ne les a jamais lâché même pendant le confinement et les mesures sanitaires contre le Covid. On gardait le contact quotidiennement, on parlait de leurs doutes, leurs attentes. On avait des réponses à leurs questions. Et il y avait encore des bénévoles pour partir avec eux sur les entrainements. Jamais on a laissé tombé nos gars et désormais ils nous le rendent bien. »
Pourtant, vous n’êtes pas rattaché à une structure professionnelle malgré le nombre incroyable de champions passés par vos rangs?
« C’est un autre monde celui des pros. On a plus de contacts avec les équipes étrangères que nos teams tricolores. Je préfère ne rien dire à ce sujet. On reste droits dans nos bottes et fiers de nos missions. On forme nos jeunes, on leurs apprend le « job », les valeurs. Certains plus anciens comme Morgan Kneisky vont aussi aller aux Jeux Olympiques (sur piste).
Nous ne pensons qu’à eux, le plus important au final. Au sein de l’AC Bisontine, on a créé un véritable esprit après toutes ces décennies et nos coureurs, de tout âge, y sont heureux. Et pour nous autres, il n’y a pas mieux que ça ! Quand je regarde leurs sourires en guise de récompense, je suis fier de dire qu’en tant que président de ce club que je les aime tant et que c’est, à mon coeur, le beau club de France. Oh oui qu’il est beau ! »