Dans l’Alto de la Covatilla, juge de paix de la 17 ème étape remportée par David Gaudu, Primoz Roglic a bien cru voir le scénario du Tour de France se reproduire. Grandement bousculé par son dauphin Richard Carapaz, le Slovène devrait remporter aujourd’hui son deuxième Tour d’Espagne consécutif avec 24 secondes d’avance.
« J’avais juste ce qu’il fallait dans la tête et les jambes pour résister ». En interview d’après-course, le soulagement était perceptible sur le visage de Primoz Roglic. Et pour cause, le slovène a encore failli tout perdre. Comme il y’a deux mois sur la Grande Boucle.
Hier midi au départ de l’avant dernière étape de la Vuelta, Primoz Roglic apparait pourtant serein. Le maillot rouge de leader semble solidement accroché sur ses épaules. Le slovène possède 45 secondes d’avance sur son dauphin, Richard Carapaz (Inéos-Grenadiers) et 53 secondes sur le jeune Hugh Carthy (EF Pro-Cycling). Hors de question donc de se remémorer ses déboires du Tour de France. En tout cas pas encore.
Un leader bien entouré
Après un Tour d’Espagne éprouvant, le menu de l’étape est copieux. 178 kilomètres avec six cols au programme et l’Alto de Covatilla (11,4km à 7,1%) montée finale. De quoi bousculer la hiérarchie établie.
Mais pas de perturber le slovène qui se sait parfaitement entouré. Alors qu’une échappée très fournie prend le large, le leader de la Vuelta est le dernier échelon d’un train jaune nommé Jumbo-Visma, censé l’amener au bout de ce périple espagnol. Le Slovène est d’ailleurs bien calé dans la roue de Robert Gesink quand celui-ci imprime un tempo d’enfer à 90 kilomètres de l’arrivée.
Les difficultés s’enchainent, l’Alto de Cristobal, l’Alto de la Penacaballara puis l’Alto de la Gargenta et les kilomètres défilent. Roglic est épaulé tour à tour par Maertens, Gesink et Dumoulin. Le danger ne pointe pas encore le bout de son nez.
Mais le leader de la Vuelta aime se faire peur : « C’est toujours mieux d’avoir un final excitant mais j’aimerais que ça tombe vraiment sur une autre personne que moi ». Hugh Carthy, troisième du général lance une attaque à trois kilomètres du sommet de l’Alto de la Covatilla. Primoz Roglic suit immédiatement.
Des sueurs froides
Dans la foulée, l’offensive de son dauphin, Richard Carapaz fait vaciller Primoz Roglic. Le Slovène est maintenant seul puisque son dernier lieutenant Sepp Kuss s’est écarté. Il concède rapidement vingt secondes et ses démons du dernier Tour de France resurgissent.
En septembre dernier, la veille de l’arrivée sur les Champ- Èlysées, Primoz Roglic avait complétement perdu pied. Parti avec 57 secondes d’avance sur le chrono de la Planche des Belles Filles était victime d’un terrible défaillance, lui coûtant la victoire finale au profit d’un Tadej Pogacar survolté.
Alors lorsque Richard Carapaz passe avec 27 secondes d’avance sous la flamme rouge, Primoz Roglic a des sueurs froides. Mais heureusement pour lui, les cinq-cents derniers mètres moins pointus sont plus à sa convenance. Ils l’ont sans doute aidé à conserver sa tunique rouge. Tout comme les bonifications. Sur cette Vuelta, le leader de la Jumbo-Visma a grapillé quarante-huit secondes de bonification, soit trente-deux secondes de plus que son dauphin Richard Carapaz.
Ce dimanche, sauf incident, Primoz Roglic devrait remporter à 32 ans son deuxième Tour d’Espagne consécutif : « Après le Tour des Flandres, c’est une très belle façon de terminer la saison ». Le Slovène peut souffler. La page du Tour de France est bien tournée.
Article par Arthur Frand