Encadré par Yann Dejan (Conseiller technique auprès de l’UCI), trois coureurs de la sélection de Martinique ont pris part au championnat de France amateurs à Grand-Champ. Embarquez avec eux
pour le récit de cet événement important.
Disputer un championnat de France est un passage obligé pour tout coureur de bon niveau qui souhaite se montrer et éventuellement rejoindre les rangs professionnels. Mais c’est aussi une fierté pour la plupart des coureurs de représenter sa région et son territoire au plus haut niveau français. La perspective d’un maillot tricolore même lointaine en fait rêver plus d’un.
Un championnat de France est une compétition d’un jour mais il se prépare bien en amont et occupe l’esprit durant de nombreuses semaines. Encore plus lorsque l’on vient d’une île antillaise comme Martinique avec un déplacement conséquent en avion puis en voiture pour rejoindre les terres bretonnes.La sélection martiniquaise composée de trois coureurs à Grand-Champ s’est rendue en Bretagne avec beaucoup d’envie.Le staff refusé à l’aéroportDeux d’entre eux vivent en Martinique à l’année. Il s’agit de Christopher Bellemare 27ans et de Stanislas Mickaël 26 ans. Ce dernier, de la génération à Olivier Le Gac, étaitl’un des meilleurs coureurs de sa catégorie chez les juniors. Contacté par le Vendée U, il décline la proposition pour rester sur son île natale et ne pas quitter sa famille. Huit ans après, il revient disputer le championnat de FranceIls ont pourtant bien cru ne jamais pouvoir participer à ce France Amateurs puisque à cause de la crise sanitaire actuelle, l’autorisation de venir en métropole ne leur a été fournie qu’une semaine avant l’échéance.
« Le staff de la sélection a été refusé à l’aéroport. J’ai été appelé au pied-levé pour pouvoir les encadrer », confie Yann Dejan.
Le troisième larron, Florian Barket vient de Nouvelle Calédonie. Nouveau licencié en Martinique, il a pris
part vendredi au contre la montre Élites entre Locminé et Grand-Champ, où il a terminé à la 43 ème place. Avant cela les deux martiniquais de naissance : Christopher Bellemare et Stanislas Mickaël ont effectué trois courses de préparation, vendredi, samedi et dimanche en région parisienne avant de gagner le Morbihan.
Durant toute la semaine, Ils furent accompagnés par Yann Dejan, aussi conseiller technique UCI. Ce dernier les guide et les héberge le temps de leur séjour dans l’hexagone.
Ce samedi matin, 6 heures, les trois coureurs sont déjà sur le pont. Arrivés à 7 h 30 sur le circuit de Grand-Champ, ils sentent la tension monter à mesure que l’on se rapproche de l’heure fatidique. Aujourd’hui, « C’est la guerre », dira Yann Dejan avant la course. Il se placera toute la course au niveau de la zone ravitaillement pour venir en aide à ses coureurs: « Comment te sens-tu ? », demande un proche de Stanislas « Bien », répond ce dernier. La musique annonçant un départ imminent fait grimper les pulsions cardiaques.
Concentration au maximum et c’est parti. L’envie de bien faire malgré le manque de préparation. Le début de course se passe idéalement pour la sélection martiniquaise. A l’abri dans l’imposant peloton de coureurs, ses trois unités suivent le rythme. A la fin de la quatrième boucle de 18,3 kilomètres et à l’approche de la mi-course le peloton s’étire et les attaques fusent. Christopher Bellemare est distancé, tandis que,Florian Barket, s’accroche en queue de peloton.
A l’entame du dernier tiers de course, c’est au tour de Mickael Stanislas d’être lâché par le peloton. Une chute vient tout gâcher, bloquant ainsi son dos et sa respiration. Frustrant pour ce dernier qui était pourtant bien placé en début de course. Christopher Bellemare et Stanislas Mickael abandonneront tous deux à 50 km de l’arrivée après s’être accrochés autant que possible dans un championnat de France très relevé.
Les coureurs des îles ne bénéficient pas du même accompagnement que le reste des coureurs français au sein de la fédération
Au-delà de leurs mésaventures, les deux coureurs n’ont pas eu l’occasion de préparer correctement ce France amateurs
: « Il est impossible pour eux de préparer correctement l’épreuve en Martinique. Ils ne peuvent pas faire plus de 4 heures car les fortes températures les en empêchent. Or pour espérer devenir champion de France, il faut faire 170 kilomètre + 1 heure. Il faudrait qu’il soit dans l’hexagone pendant 2 mois mais ce n’est pas possible. » confie Yann Déjan.
Regrettable pour ce dernier qui estime que
« l. Le potentiel est présent mais pas exploité ». Au courage, Florian Barket lâché lui aussi terminera la course avec plusieurs minutes de retard pour sa première sélection sous le maillot martiniquais. Un championnat de France compliqué pour la sélection martiniquaise mais à coup sûr, un moment que ces trois coureurs ne regretteront pas d’avoir vécu.
Dès ce dimanche, après un trajet en voiture, l’avion du retour les ramènera en Martinique avant une prochaine échéance peut-être.
Arthur Frand