Après plus de 4 mois d’arrêt, Thibaut Pinot va enfin remettre un dossard ce samedi sur la Route d’Occitanie, course de reprise (1-4 août) sur le sol français. Le franc-comtois s’est exprimé en conférence de presse à la veille du départ de la première étape à Saint-Affrique.
Propos recueillis par Arthur Frand lors de l’interview sur ZOOM
Thibaut, comment te sens-tu après toute cette période ? Es-tu heureux de reprendre la compétition sur la Route d’Occitanie ?
« Je suis très content. C’est une très bonne chose d’être ici au départ. Ces dernières semaines ont été un peu longues. »
Nous avons eu assez de temps depuis le mois de mai pour se préparer et être dans un état de forme similaire à celui de l’avant confinement
Le confinement a-t-il impacté négativement ton état de forme ?
« C’est l’inconnu. J’ai tout fait depuis le déconfinement pour être bien physiquement et ne surtout pas être au top maintenant. J’ai fait en sorte de ne pas tomber dans le surentraînement, l’erreur à ne pas faire. Le confinement m’a permis de me régénérer physiquement et mentalement. Nous avons eu assez de temps depuis le mois de mai pour se préparer et être dans un état de forme similaire à celui de l’avant confinement. »
Quel est ton sentiment par rapport au nouveau calendrier UCI ?
« Nous allons avoir beaucoup de jours de course en très peu de temps. Le seul point négatif que je retire est que nous n’avons pas pu choisir entre la Vuelta et le Giro ( il s’alignera sur le Tour d’Espagne ). En faisant le Tour de France, nous étions obligés de faire une croix sur le Tour d’Italie. »
Le plaisir de reprendre est-il un peu gâché avec toutes ces conditions sanitaires et le protocole mis en place ?
« En effet, c’est une situation bizarre. C’est nécessaire et je pense que c’est le prix à payer. Mais au bout de quelques jours, nous devrions nous y habituer et lorsque nous serons sur le Tour de France, les automatismes seront présents. C’est une question d’habitude et de temps. »
Tu dois encore plus comprendre ce qu’est le virus car tes proches ont été touchés par le Covid-19…
« Oui tout à fait, je ne souhaite vraiment à personne de l’avoir Ces mesures sanitaires sont nécessaires pour reprendre une vie « normale » petit à petit. »
Tout le monde est vulnérable
N’as-tu pas la crainte qu’un membre de l’équipe attrape le coronavirus ?
« Cette crainte existe bien sûr. Nous n’avons pas envie d’être mis de côté sur une prochaine course donc nous allons essayer de bien respecter les mesures et gestes barrières. Tout le monde est vulnérable. »
Le Tour de France
Sur le Tour de France, il y aura un contre-la-montre avec une arrivée à la Planche des Belles Filles. As-tu particulièrement travaillé ce domaine ?
« J’ai travaillé le chrono mais je n’ai pas fait que ça car ce sera surement le seul que je vais effectuer de l’année avec celui de la Vuelta. Il s’agit d’un chrono en montagne donc il sera différent des autres années. Il s’inscrit dans ma préparation. » l
Le Col de la Loze. C’est un col qui sera coché par tout le monde car c’est un mur avec de grosse pentes comme j’affectionne. Personne ne pourra se cacher. »
Justement, quelles étapes as-tu reconnu pour préparer ce Tour de France ? Comment s’est passé ton stage dans les Alpes ?
« J’ai reconnu les étapes dans les Alpes et ce matin (vendredi ), j’ai été au Mont Aigoual. En ce qui concerne mon stage, je n’en garde pas un super souvenir car j’ai connu un souci avec une dent que j’ai dû me faire dévitaliser. J’ai souffert des dents pendant dix jours. Je suis content d’avoir eu ce problème en juillet car sinon je l’aurai eu pendant le Tour et ça aurai encore mal fini ( rires ). Je n’ai pas pu faire toute les intensités souhaitées avec mes coéquipiers mais cela ne m’inquiète pas plus que cela. »
Qu’as-tu relevé sur les cols dont tu as fait la reconnaissance?
« Je connaissais la plupart d’entre-eux. Je n’ai pas eu de grosses surprises à part le Col de la Loze. C’est un col qui sera coché par tout le monde car c’est un mur avec de grosse pentes comme j’affectionne. Personne ne pourra se cacher. »
Ce stage en Altitude pourrait-il être décisif en troisième semaine du Tour ?
« Pas forcément décisif. Je pense que ce que le plus important sera d’avoir de la fraîcheur. Il ne faudra pas avoir trop tapé dans les réserves en juin et juillet car le Dauphiné et le Tour s’annoncent très compliqués et épuisants. »
Que peux-tu nous dire de Valentin Madouas qui sera le seul nouveau parmi tes coéquipiers sur le Tour cette année ?
« Personnellement, je le surnomme le 4*4 breton car c’est un coureur qui peut briller sur le classiques ardennaises, sur les classiques pavées mais aussi grimper des cols. Il fait partie de ces coureurs impressionnants sur leur panel. Valentin est un coureur exceptionnel avec de superbes qualités. Cela fait longtemps que nous n’avons pas vu une coureur ce ce type en France. Il va continuer à progresser. »
La Route d’Occitanie
Qu’attends de cette Route Occitanie ?
« J’espère être dans le haut du classement mais je viens avant tout pour me jauger. Le plateau est relevé, digne d’une très belle pro Tour et la course sera dure. Dès demain, après le départ, on va se mettre en route, travailler et monter en pression. Il ne faut pas arriver trop tôt en forme. Mon obsession n’est pas de gagner. Je souhaite d’abord être au niveau de mes adversaires du prochain Tour de France. Je vais m’occuper de mes sensations personnelles. »
T’attends-tu à une course débridée dès demain ?
« J’espère ! J’espère que les coureurs auront envie d’être dans l’échappée pour avoir une couse de mouvement. Le parcours est taillé pour les sprinteurs mais avoir du mouvement serait plaisant. Ce serait bien que les équipes prennent des risques avec le peu de courses qu’il y aura. »
Après cette période tourmentée, as-tu quand même des certitudes ou restes-tu dans le flou ?
« On a des certitudes mais la seule vérité est celle de la course. Ce ne sont pas les chiffres et les watts produits à l’entrainement qui comptent. C’est le résultat brut à la fin de la course. Nous serons un peu plus rassurés lundi ou mardi soir selon le résultat. »
Quelles sont tes impressions sur le parcours des championnats du monde en Suisse à Aigle-Martigny ?
« J’ai déjà effectué ce parcours sur un Tour de Romandie donc je le connais. Je sais que ce parcours sera l’un des plus exigeants de ces dernières années. J’espère être sélectionné et être en forme le jour J. Une semaine après le Tour, c’est évident que ce sera très dur mais il faudra garder du jus durant le mois d’août. »
Peu de coureurs gagneront beaucoup de courses. Il faudra saisir les occasions et il y en a des belles
Un bon résultat sera-t-il encore plus important sur cette saison raccourcie ?
« Il est évident que peu de coureurs gagneront beaucoup de courses. Il faudra saisir les occasions et il y en a des belles mais sans se louper car nous n’aurons qu’un seul pic de forme. S’il n’est pas optimisé, on pourra presque dire « à l’année prochaine ». Si nous sommes en forme sur la Route d’Occitanie ou le Dauphiné, alors il faudra prendre ce qu’on peut prendre. »
Ta récente prolongation de contrat avec Groupama-FDJ était-elle une évidence ?
« Oui, c’était une évidence. Contrairement aux années précédentes, j’ai été assez peu embêté par les autres équipes parce que tout le monde a vite compris que mon avenir était dans la même équipe. Nous sommes mis très vite mis d’accord avec Marc (Madiot) ».
Propos recueillis par Arthur Frand/ Photo Be Celt