Il est adjoint (en charge du développement économique) à la mairie de Lanester, dans ce Morbihan terre d’entreprises mais aussi de sport. Il est aussi le vice-président du Team Hennebont Cyclisme depuis cette année aux côtés de Cedric Le
Ny. Autant dire que Jean-Yves Le Gal s’investit corps et âme pour son pays de Lorient, aussi bien au niveau des habitants que pour le développement et l’épanouissement des jeunes du département, un passionné des gens, de la vie, un gars du Morbihan…
Il n’est donc pas le genre de bonhomme à fuir devant l’adversité, ni à baisser les bras pour porter ses valeurs et sa vision du cyclisme, bien au contraire.
Cette pandémie a été terrible pour nous tous. Autant dire qu’elle laissera des traces indélébiles dans notre vie quotidienne et sociale. Pour l’élu, le vice président de club, le citoyen et l’homme, il y aura un après Covid-19.
Et sur la question du retour à une vie plus ou moins normale, il ne faudra pas se louper, repartir sur de nouvelles bases et non celles qui sont apparues chancelantes et menaçantes, telles les structures d’un vieux pont face à la tempête.
Le monde a vacillé en quelques mois
Jean Yves Le Gal, en tant qu’homme et élu, comment vivez vous cette pandémie? Jean-Yves Le Gal:
« Le monde a vacillé en quelques mois. C’est un vrai drame pour ceux qui ont souffert et perdu quelqu’un, c’est terrible… En tant qu’élu, je suis conscient, responsable et en phase avec les décisions sanitaires prises par différents élus des villes et autres collectivités jusqu’alors.
La pandémie a éteint les deux grands pourvoyeurs de lien social en Bretagne comme partout : le sport et la culture
Ma fille travaille dans la culture pour une association culturelle en lien avec la région Bretagne. C’est terrible, la lumière est éteinte actuellement. De nombreux festivals sont annulés, des petits aux grands, et de nombreux artistes et intermittents du spectacle sont aux chômage sans que l’on ne puisse rien faire sous peine de voir cette pandémie revenir, elle a éteint les deux grands pourvoyeurs de lien social en Bretagne comme partout : le sport et la culture. »
Vous comprenez la décision du maire de Plumelec, Stéphane Hamon, qui ne veut pas organiser les championnats de France dans sa commune?
Jean-Yves Le Gal : « Oui bien entendu, même avec un huis clos c’est très compliqué et dangereux. Ok, le public sera absent. Mais où logent les coureurs? Le staff? Les journalistes? Ca fait beaucoup de personnes dans les hôtels, dans les rues, venant de partout. Les élus travaillent et décident dans l’intérêt des habitants pas pour tel ou tel événement aussi prestigieux soit-il. Nous ne savons pas comment va évoluer cette pandémie.
La prudence et le recul nécessaire doivent prévaloir dans les décisions aussi incertaines et aléatoires en terme de risque sanitaire.
Il faut aussi être réaliste face à cette pandémie qui a mis l’économie du pays au tapis. Les élus et les responsables économiques vont devoir travailler avant tout à préserver ce qui peut l’être et consolider les filières en danger. Organiser un championnat de France coûte environ 400 000 euros. Je vous rappelle que l’état a fortement diminué les subventions des collectivités.
Qui va oser aller taper aux portes des entreprises qui sont déjà en pleine souffrance pour aller demander de soutenir un tel événement ? Ca serait indécent…
Bien avant la pandémie c’était déjà difficile pour élus qui devaient tailler dans les dépenses pour boucler leurs budgets. La crise sanitaire a stoppé net l’activité économique. Les entreprises ont fermés, certaines auront du mal à s’en remettre.
De nombreux concitoyens seront définitivement au chômage. Pourquoi un championnat de France serait-il plus important que la vie des habitants de la commune censée l’accueillir, de leur santé, de leurs emplois, des entreprises locales qui les emploient ?
Enfin soyons lucides les moyens dont disposent les pouvoirs publics vont d’abord aller à l’essentiel. Qui va oser aller taper aux portes des entreprises du territoire qui sont déjà en pleine souffrance pour aller demander de soutenir un tel événement ? Ca serait indécent…
La priorité, d’abord sauver notre environnement économique et social avant de penser à un championnat de France ou un autre événement sportif.
J’ai lu votre interview de Pascal Orlandi, chef d’entreprise, président de l’Amicale Cycliste Bisontine et organisateurs de courses. Il a raison, qui va oser encore aller taper aux portes des entreprises qui sont déjà en difficulté. Pour les Communautés de Commune, les agglos et les métropoles ce n’est pas mieux, l’argent vient de l’impôt sur les entreprises. Là aussi les finances vont se réduire. La priorité, d’abord sauver notre environnement économique et social avant de penser à un championnat de France ou un autre événement sportif.
C’est mon point de vue et je sais que de nombreux élus le pensent. C’est une souffrance pour tous de devoir sacrifier le sport et la culture mais il n’y aura pas le choix dans bien des cas.
Mais aussi la démocratie locale en mode pause… ! Que faire avec ces élections décalées, les Conseils d’installations reportés et la vacance des équipes municipales qui s’éternise. Comment voulez vous porter un projet ? Les équipes municipales changeront, personne ne prendra le risque d’accepter un projet sportif ou culturel ambitieux à l’heure actuelle. La situation est figée pour un moment. Le feu n’est pas prêt de passer au vert et la crainte est aussi réelle pour 2021.
Je suis pourtant conscient que les conséquences économiques en termes de financement sont aussi désastreuses pour l’organisation de ces événements aux équilibres fragiles. »
Le cyclisme, une passion comme celle vécue et assumée à l’AC Lanester 56 pendant 10 ans
Jean-Yves Le Gal: « Oui exactement après une coupure de 7 ans je reprends du service… Je vais rapidement quitter mes fonctions d’élu, je reviens dans le cyclisme avec ce beau et grand projet porté par Hennebont Cyclisme et Cédric Le Ny.
La structure de l’AC Lanester 56, je l’ai construite, portée et je l’ai vu grandir… Qu’elle était belle cette période et ces années de challenge. On avait une vraie structure de formation sur le département. De nombreux jeunes champions sont sortis de cette école comme Warren Barguil que j’ai vu grandir et partir vers le CC Etupes avant d’éclore dans le monde pro. Le club était classé 12 ème meilleur club, tous critères confondus, au niveau national.
Par la suite, les choses se sont compliquées, je ne trouvais plus cette joie, cette envie et ma place au sein d’une structure qui n’évoluait plus dans le bon sens. »
Un projet d’académie du cyclisme sur le Pays de Lorient porteur de spécificités et de hautes valeurs locales labellisées Bretagne sud
Et désormais le projet Hennebont Cyclisme avec Cédric Le NyJean-Yves Le Gal:
« Je suis en contact avec Cedric Le Ny depuis longtemps. J’aime son énergie, sa rigueur et surtout son envie d’avancer, tout chez moi s’est réveillé de nouveau. Nous avons un projet ambitieux de structure de territoire au delà du cadre d’Hennebont Cyclisme que nous renforçons actuellement.
Un projet d’académie du cyclisme sur le Pays de Lorient porteur de spécificités et de hautes valeurs locales labellisées Bretagne sud. Il nous faut pour cela nous recentrer et retrouver nos fondamentaux afin de susciter l’intérêt des partenaires tout comme cela se fait dans d’autres disciplines comme le foot ou le tennis de table. Le monde du vélo s’est perdu en voulant coller au fonctionnement d’autres sports plus huppés et s’est ainsi brûlé les ailes.
Le cyclisme s’est écarté de ses valeurs populaires et de ses fondamentaux.
Quel non sens et quel gâchis en terme d’intérêt sportif et populaire mais aussi de financement et de deconnexion locale ces labellisations DN1 ou DN2. Elles auront terriblement nuit au milieu. Cedric Le Ny a raison, je le rejoins sur ce point. A quoi sert ce classement de DN? Sinon qu’a remplir les caisses de la FFC ou autre organisation extra régionale. Le cyclisme s’est écarté de ses valeurs populaires et de ses fondamentaux.
Nous avons abandonné par snobisme ou par pure préoccupation de techniciens, déconnectés, ce qui faisait l’essence même de ce sport
Elle est révolue l’époque l’époque où en Bretagne chaque pardon, fête locale ou kermesse avait sa course cycliste en point d’orgue, mais quand même… ! Nous avons abandonné par snobisme ou par pure préoccupation de techniciens, déconnectés, ce qui faisait l’essence même de ce sport, son coté populaire et festif. Qui ne se souvient pas des couses organisées en pleine campagne ou sur une zone industrielle… !
On a vu que ce qui ne marche plus. On parle aussi du monde pro qui disparaîtra sans un monde amateur remobilisé (…) La maison brûle…
Ce Covid nous force maintenant à réfléchir à notre avenir. Il nous faut nous poser des questions essentielles pour ce qu’on doit appeler maintenant notre survie. On a vu que ce qui ne marche plus. On parle aussi du monde pro qui disparaîtra sans un monde amateur remobilisé. Nos dirigeants fédéraux, techniciens du sport au mieux mais souvent élu pour la notable fonction ont des responsabilités dans la situation alarmiste de notre discipline. Ils se sont comportés en simples gestionnaires en négligeant l’essentiel. La maison brûle mais la prise de conscience n’est visiblement pas encore d’actualité. »
Comment va s’articuler le projet Hennebont Cyclisme?
Jean Yves Le Gal ; « Nous, avec Cédric, allons travailler sur 4 points important sur nos projets; Une véritable filière de formation structurée, un encadrement de qualité, l’éducation dans sa dimensions globale et enfin les financements et la communication. Communiquer pour faire valoir notre Pays de Lorient, avec des élus mobilisés pour l’avenir de leur territoire et des partenaires solides en phase avec notre projet.
Nous avons le devoir de réformer et d’être inventif et créateur. De se rappeler d’où on vient et ce qui a fait le cyclisme amateur
Alors oui, notre projet est local mais aussi inédit à l’échelle d’un territoire avec des ambitions de haut niveau et une vision internationale. Aussi sommes nous déjà en contact avec des fédérations telles que le Royaume Uni, l’Irlande et d’autre. Les faire venir ici, en Pays de Lorient pour leur permettre une implantation en France. De porter des valeurs et d’adhérer à nos fondamentaux.
Nous avons le devoir de réformer et d’être inventif et créateur. De se rappeler d’où on vient et ce qui a fait le cyclisme amateur mais qui peut mourir dans quelques années et par conséquent menacer un monde professionnel déconnecté mais devenu aussi colosse aux pieds d’argile. »