Le site belge Sporza a voulu comprendre pourquoi le Tour était si important pour les équipes et quelle était l’influence de la société ASO dans le cyclisme Mondial. Le tour de France est (selon Sporza) sa « poule aux oeufs d’or » et personne n’ira contre les intérêts d’ASO tant elle est importante pour l’économie du cyclisme. Plusieurs acteurs ont répondu. Voici leurs points de vue selon le média belge SPORZA Marko Hiejl (PDG de Soudal);
« Les équipes ne forment pas un bloc de peur de ne pas être autorisées à venir sur le Tour. Pendant la saison, le Tour représente deux tiers de notre retour en exposition. Imaginez que vous vous disputez avec eux et que vous n’êtes pas autorisé à venir.
Appelez ça… du chantage.
Il y a plus de 10 ans, vous aviez l’équipe prometteuse d’Unibet avec Frank Vandenbroucke. Cette équipe ne s’est arrêtée que parce qu’elle n’était pas autorisée à participer au Tour. Et ne pas être autorisé à participer au Tour est un coup dur pour une équipe. Ensuite, il suffit de garder la tête baisse…. Appelez ça… du chantage.
Ne vous y trompez pas : l’ASO est très forte. Le cyclisme n’est pas si important, mais pour beaucoup de gens, le Tour est le plus grand événement sportif du monde qui revient chaque année. Un championnat d’Europe ou une coupe du monde de football fonctionne avec un cycle. Le tour est un phénomène qui se répète chaque année et qui est extrêmement fort. ASO le sait et l’utilise ».
Tomas Van Den Spiegel PDG de Flanders Classics.
« Beaucoup de sponsors veulent être vus dans les monuments et sur le Tour. C’est un cercle vicieux. C’est la poule ou l’œuf.
Chez Flanders Classics, nous avons toujours eu pour attitude d’examiner le modèle complet, pour obtenir une solution structurelle qui profite à tout le monde. Il ne faut pas diviser le gâteau actuel en plus de morceaux, sinon…
Mais certaines choses sont difficiles à manœuvrer. Le Tour est toujours le Tour. Tant que le Tour maintiendra sa position de pouvoir et tant que nous n’oserons pas penser à un autre calendrier, ce sera un exercice très difficile »
Posez le Giro entre la mi-juillet et la mi-août, alors le Tour d’Italie sera la plus grande course du monde.
Richard Plugge, directeur général de Jumbo Visma et vice-président de l’AIGCP, le groupe d’intérêt des équipes cyclistes professionnelles.
« Je ne pense pas que la toute-puissance de l’ASO soit trop grande. C’est très bien que nous ayons une organisation aussi forte, mais ce serait bien de chercher aussi de la coopération. Tout est lié au calendrier. Posez le Giro entre la mi-juillet et la mi-août, alors le Tour d’Italie sera la plus grande course du monde.
Si nous pouvons courir à nouveau dès le début du mois d’août, vous verrez que ces premières courses (probablement Strade Bianche et Milan-Sanremo) seront les plus regardées. La place sur le calendrier, ce n’est pas si mal ».
Il ne faut pas renier la longue histoire du Tour, mais voir comment les autres parties prenantes peuvent en bénéficier et qu’ASO se comporte encore mieux qu’aujourd’hui ».
ASO, c’est 160 millions d’euros dont 70 millions de droits télés
Wim Lagae, économiste du sport professionnel
« La guérilla d’aujourd’hui concerne le reste du calendrier 2020. Il y a maintenant beaucoup de partis qui demandent des tours de 14 à 18 jours, mais là aussi, ASO va finalement décider de ce que ce sera.
Les ventes d’ASO ont également connu une croissance superbe ces dernières années. Il est aujourd’hui estimé à 160 millions d’euros, contre 120 à 140 millions d’euros il y a six ans.
En plus de ces droits télés, environ 70 millions d’euros, le tour dispose également d’importants droits de marketing. Ils sont également estimés à 80 millions d’euros par an. Il y a la caravane publicitaire, le sponsoring des différents maillots, les arrangements VIP coûteux.
Ainsi, ASO sponsorise ses propres événements d’athlétisme et le Paris-Dakar. ASO maintient également d’autres compétitions en vie. La Flèche Wallonne et Liège-Bastogne-Liège auraient beaucoup plus de mal sans ASO ».
Pour Wim Lagae, les différents acteurs ne doivent pas voir de menace de la part des uns des autres mais doivent plutôt chercher des solutions ensemble.
« Il y a une amélioration parmi les meilleures équipes. Sunweb, Jumbo-Visma et Deceuninck-Quick Step ont des managers qui pensent au secteur. Flanders Classics travaille également sur la réflexion sectorielle et ces forces se renforcent
Mais le déséquilibre économique n’a pas été perturbé. Le chiffre d’affaires de Flanders Classics est de 6 millions d’euros, celui de ASO de 160 millions d’euros. Alors, Flanders Classics reste un nain économique
Il y a 20 ans, j’aurais plaidé avec toute ma naïveté pour des solutions drastiques telles que la menace à l’encontre du Tour, mais la politique de division et de domination d’ASO est si forte que de telles choses n’ont jamais réussi. »