Cela fait déjà un moment que l’ancien coureur Irlandais Padraic Quinn s’est reconverti après sa carrière de coureur. Il est désormais le patron de la marque VELOTEC textiles (route, piste, cross et triathlon). La particularité de la marque Vélotec, c’est qu’elle s’est inspirée de la culture vélo britannique pour s’agrandir et s’améliorer. Ami et ancien coéquipier de Rod Ellingworth (le manager de Barhain McLaren), il a aussi fait depuis longtemps appel aux compétences et du savoir faire, dans le domaine de l’aérodynamique, du monde de la formule 1. Les études en soufflerie étudient la position du coureur sur le vélo mais aussi tous les détails comme le casque, la tenue textile, les chaussettes. Rien n’est laissé au hasard. La marque Vélotec élaborent dont ces tenues à partir de ces recherches et avec de nouveaux matériaux. Padraic Quinn travaille beaucoup avec le centre de Chris Boardman à Evesham au Royaume Uni.
Padraic Quinn (VELOTEC)
; « Oui, le cyclisme est devenu vraiment important en Grande Bretagne. Il y avait déjà une culture sur piste mais depuis les années 2000, ça a vraiment progressé. Je pense que c’est aussi lié à la conjoncture économique. Il y a plus d’argent au Royaume Uni et donc ils ont beaucoup investit dans la technologie. Les Britanniques regardent tout et étudient les moindres détails qui pourraient leurs permettront d’améliorer leurs performances.
J’ai longtemps vécu en France. J’y ai été coureur et mon entreprise était basé à Hyères à une époque. J’adore ce pays et sa culture. Ils ont de si belles courses, des profils en tout genre. Mais j’ai remarqué que les Français n’avaient pas tous ce souci du détail pour tenter de s’améliorer. Ils misent tout sur le vélo et la puissance brut à l’entrainement. Oui ils sont raison mais ils ont oublié tout ce qui avaient à côté comme le textiles par exemple. Ce que l’on appelle le CDA (Coeficient of drag Area).
CDA (Coeficient of drag Area).
C’est à dire?
« Au Royaume Uni, on n’a pas vraiment de beau temps (rires). Donc, les jeunes ont cherché comment s’améliorer au mieux avec moins de courses. La culture Britannique est la recherche du moindre détail. Le CDA, ils le connaissent tous. L’UCI a tellement créé de règles pour empêcher toute amélioration sur le vélo que nous sommes partis sur d’autres domaines comme le CDA, cette capacité à se ‘fondre’ dans le vent.
Le vélo ne représente que 20% de la masse frontale. Le reste, c’est ton corps. Comment l’optimiser au mieux lors d’un contre la montre? Plus nous sommes petits sur le vélo, plus la résistance au vent est moindre, et plus la vitesse sera élevée pour une puissance donnée.
La souplesse est un élément important dans l’équation aérodynamique. Le but du jeu est de réduire sa surface frontale (Area). Pour tout ça, il te faut une connaissance parfaite des technologies. La tenue est très importante et elle doit te permettre de fondre face au vent.
Puis on s’échange toutes sortes de données et d’infos sur le forum TIMETRIALING.CO.UK
Sur la tenue par exemple, car c’est mon domaine, on les élaborent à partir de l’avis des coureurs. On va faire des tests dans le centre Chris Boardman, on étudie les CDA de chacun et on améliore le moindre détail. On ajuste la tenue au millimètre et ça pour chacun d’eux.
Ensuite, on adapte nos produits et nos tenues à la vente à partir de ces résultats. »
Le but est de développer moins de watts sur une durée plus longue tout en battant les records?
« Oui c’est un peu ça. Chris Boardman a été l’un des premiers à travailler la dessus. Te rappelles tu de ses duels en poursuite contre Francis Moreau et l’allemand Jens Lehman en 94? Chris savait qu’il développait moins de watts que ces riveaux, qu’ils étaient beaucoup plus puissants que lui. Du coup, il a misé sur son aérodynamique, son CDA. Et il est devenu champion du monde, par 2 fois tout comme Graham O’Bree son rival à l’époque. Tous les 2 avaient un style particulier comparé aux autres coureurs mais ils étaient terriblement efficace.
Bradley Wiggins a été trempé dans cette culture et lui aussi était, sur le papier, moins puissant que les autres. Et il a gagné. Du coup, tout le monde au Royaume Uni a travaillé comme ça par la suite. »
Avec qui travailles tu pour atteindre la tenue idéale?
« Il y a 2 ans par exemple, je travaillais avec l’équipe d’Harry et Charlie Tanfield avec Dan Bigham. Ils ont tout gagné alors qu’ils n’étaient pas prévu dans la sélection nationale. Avec leur équipe privée, ils ont remporté des titres nationaux et battu des records. On a beaucoup travaillé en soufflerie sur tout les domaines, jusqu’au moindre détail sur des logiciels par la suite.
Depuis, je travaille avec quelques équipes pros sur route et sur piste. C’est une collaboration vitale si tu veux le meilleur. »
Du coup, le prix de tes tenues doit valoir cher?
« Je ne sais pas si elles le sont ou pas. On vend les tenues intégrales pour 140 euros. 80% de nos utilisateurs sont vraiment satisfaits. Quand l’un d’eux ne l’est pas, on se remet au travail et on regarde ce qui « déconne ».
Mais avoir les moyens de travailler en soufflerie pour un coureur , cela doit être difficile d’accès et financièrement?
« Au Royaume Uni, pas vraiment. Il y a 3 ou 4 souffleries ici avec lesquelles travaillent les coureurs. Tu retrouves des juniors, des espoirs, des amateurs et les pros. C’est une vraie culture ici et les prix sont abordables. »
Pourquoi ne vends tu pas en France?
« Je vends surtout au Royaume Uni, Colombie et Australie. Mais peu en France oui. Pourquoi? Parce que ce n’est pas vraiment votre culture ce genre de textile. Comme je te l’ai dit j’adore la culture française. Le cyclisme est vraiment bon la bas mais ils ne misent pas sur la tenue. C’est d’abord le vélo. Il y a de très bon sites, en france, par ailleurs comme Matosvélo par exemple que je conseille même aux coureurs Britanniques.
Mais ensuite, pour tout ce qui est à côté, il y a très peu de choses comme pour la nutrition, l’aérodynamique, le textile ou la chaussette la mieux adaptée a tel ou tel effort. Ici, on a la chaîne de télévision GCN (Global Cycling Network). Tout le monde regarde ça, le pari de Ollie pour battre Merckx. Ca vous parait dingue mais on adore ça. C’est notre culture !
Actuellement, l’un des coureurs de GCN, Ollie, va tenter de battre le record de l’heure d’Eddy Merckx avec les nouvelles technologies. Il ne va pas battre le record de l’heure mais celui de Merckx. Il avait developer 450 watts durant une heure lors de ce record. Ollie va tenter de le faire avec 300 watts. Allez voir sur le site GCN!
Le contre la montre n’est pas une spécialité Française
« Peu de monde travaille sur l’amélioration des tenues, sur les matériaux utilisés et l’aérodynamique en France. Il n’y a qu’une équipe que je connaisse qui mise à fond désormais sur ce domaine, c’est le team AG2R. Ils ont compris que le contre la montre était un gros point faible des français. Ils ont fait énormément d’efforts la dessus et je pense qu’ils seront vraiment à un super niveau dans peu de temps. »