A 23 ans, la marocaine Fatima Zahra El Hayani réalise son rêve qui paraissait encore impossible il y a quelques mois. Elle sera dans le team Arkea Samsic Dames la saison prochaine. Un véritable conte de fée pour cette jeune femme qui, il y a encore 2 ans, ne savait même pas où dormir certaines nuits après de longues séances d’entrainement. Son palmarès?
9 podiums sur les podiums des championnats d’Afrique sur piste (3 fois en or, 3 fois en argent, 3 fois en Bronze), un titre sur route chez les juniors dames. Cette saison 2019, elle est la championne du Maroc sur route en titre, vice championne du contre la montre (sur le chrono, elle avait pourtant 2min d’avance sur sa rivale à l’arrivée mais c’est le Maroc, allez comprendre! ). Au passage, elle est aussi médaillée de bronze sur le dernier championnat du continent Africain en VTT, pour sa première course dans la spécialité. Une crevaison dans le final lui ôta l’or.
Il faut juste connaître le passé incroyable de cette athlète venue de l’Oued Beht, de cette gamine issue d’une famille très modeste de Sidi Slimane. La dalle et la pauvreté, elle les a connues et toutes les privations qui en découlent. Outre l’amour de sa famille, de son clan, une chose était à bien elle; Son rêve de devenir la première femme pro de son pays.
Puis le destin s’en mêle, les titres s’accumulent et son entraîneur Mohamed Bilal en parle au Directeur Technique National à l’époque; le Breton Yann Dejan. Ce dernier la convoque sans savoir que la gamine va se bouffer 160 km à vélo à travers les montagnes pour se rendre à ce rendez vous qui va changer sa vie. Du cran et du courage, elle en a revendre et de la colère aussi. Elle ignore quel est le motif de ce rendez vous. Elle s’y rend d’abord pour demander de l’aide à cette fédération qui snobe totalement le cyclisme féminin et qui a déjà tant de mal à s’occuper sérieusement de ces athlètes hommes.
En ouvrant la porte du bureau du DTN, elle a tant de choses à leurs dire, à hurler à ces messieurs de la fédération… Yann Dejan l’écoute, comprend sa colère et lui dit tout simplement; » Ok, désormais tu dors chez nous, je t’entraine et je t’envoie en Bretagne. Si tu m’écoutes,tu gagneras devant les européennes dans quelques années »
Elle vit désormais en Bretagne, à Baud au sein de la famille de l’UCK Vannes. Son histoire arrive aux oreilles du président de l’UCI, David Lappartient, qui la rencontre. Lui aussi restera surpris par la détermination de ce petit bout de femme venue des montagnes du Maroc, celles de Sidi Slimane.
Son palmarès, sa hargne et ce tempérament ne laisse pas indifférent Emmanuel Hubert, le boss d’Arkea Samsic. Le directeur sportif du Team Arkea Samsic Dames, Franck Renimel, téléphone à Yann Dejan. Il la rencontre, s’entraine avec elle et décide de la recruter au sein du team Breton. Quelques jours plus tard, notre rédaction contacte alors le manager d’Arkea Samsic et nous appelons la jeune Marocaine.
Be Celt; Fatima Zahra El Hayani, te voilà professionnelle. Quelles sont tes réactions?
Fatima Zahra El Hasani; « C’est génial, c’est incroyable. Je me pince encore pour me réveiller tant je crois que je rêve. Je suis super contente. Passer professionnelle, j’en ai souvent fait ce rêve complètement fou mais aujourd’hui c’est devenu une réalité. Je tiens à remercier le Team Arkea Samsic Dames de me donner cette chance. Et aussi la société GS sport ainsi que mon mécène qui m’ont toujours soutenu. Je rendrai la pareille au Team Arkea Samsic Dames. »
Je n’oublierai jamais d’où je viens
L’année dernière, quand tu reçois l’appel de la fédération par Mohamed Bilal, ton entraineur à l’époque, pour te rendre à cette convocation de Yann Dejan alors DTN, tu décides d’y aller mais en vélo malgré les 160 km de montagnes. Tu voulais dénoncer les conditions du cyclisme féminin au maroc. Tu ne regrettes pas ce jour au final?
« Non. Bien au contraire, jamais je n’oublierai cette journée, Yann m’a écouté, il a été patient et attentif à mes propos. Il m’a tendu la main et depuis ce jour je travaille au maximum tous les jours. Depuis je me sens plus forte et plus souriante que la veille mais je n’oublierai jamais d’où je viens. »
Tout pour l’équipe Arkéa Samic Dames
Quels sont tes objectifs avec Arkea Samsic Dames?
« Mon objectif principal est de donner mon maximum tous les jours de l’année, qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il grêle ou que la chaleur nous écrase. Tout pour l’équipe Arkéa Samic Dames.
Yann a discuté avec Franck Renimel ( avec qui j’ai roulé) dans les jours qui viennent afin de planifier ma saison mais dans tous les cas je donnerai le maximum tous les jours. Sur toutes les courses, je me battrais pour le team. Tu te rends compte de la chance qu’Emmanuel Hubert et son équipe Dames m’offre? Je ne peux pas les décevoir. »
Tu viens de Sidi Slimane et tu es la première Marocaine professionnelle. De la fierté?
« Bien sûr que je suis fière, très fière.Je suis la première femme marocaine professionnelle cycliste ainsi que la première femme arabe professionnel alors bien sûr que je suis très fière. Je sais d’où je viens et je n’oublierai jamais les miens, ceux qui m’ont aidé et les coureurs hommes qui m’ont soutenu quand j’en prenais plein la gueule. Je sais d’où je viens. »
Qu’il ne faut jamais baisser baisser les bras malgré certains politiques de notre pays. Il faut toujours travailler dur pour réaliser ses rêves et tout est alors possible.
Si tu avais un conseil à donner aux femmes du Maroc, du monde Arabe, à toutes les femmes, quel serait il?
« Qu’il ne faut jamais baisser baisser les bras malgré certains politiques de notre pays. Il faut toujours travailler dur pour réaliser ses rêves et tout est alors possible. Ne lâchez rien même quand vous êtes au fond du trou. Il y aura toujours un moment propice qu’il faudra saisir. Je voulais aussi dire un grand merci à tous mes amis et ma famille qui m’ont toujours soutenu dans la vie et dans mes choix qui n’étaient pas évidents pour eux à mes débuts. Ils ont toujours été là, ils ne m’ont jamais lâché. »