A 21 ans, l’Ecossais Stuart Balfour (Côtes d’Armor Marie Morin Véranda Rideau) a achevé sa 3 ème saison en France. Originaire de Melrose (Mailh Rhos en Ecossais), de cette ville où la légende veut que le Roi Arthur y soit enterré auprès du Roi d’Ecosse Robert de Bruce, il en a hérité la hargne. Détecté par le Breton Yann Dejan, il arrive en France à l’UV Aubenas à 18 ans par l’intermédiaire de l’ancien pro Nicolas Fritsch tout en étant soutenu par la fondation « The Dave Rayner Fund« . A 18 ans donc, sans parler un mot de Français, le jeune Ecossais débarque, sac sur le dos, dans ce pays qui le fait tant rêver, ce berceau du cyclisme. Mais le sort va s’acharner dès son arrivée. Opéré d’une simple appendicite quelques mois seulement après son arrivée, son état de santé va se détériorer rapidement avec une hémorragie artérielle. Ne parlant pas Français, il peine alors à se faire comprendre. Transporté dans un état critique à l’hôpital, il se battra pour rester en vie aux côtés de Yann Dejan, son coach et ami qui restera à son chevet tout le long de son retour à la vie.
Remis sur pied, on le pensait perdu définitivement pour le cyclisme. Mais Mickaël Leveau croit aussi aux chances du jeune Ecossais et le recrute dans le team Côtes d’Armor Marie Morin Véranda Rideau pour la saison 2017. Là, il apprend le job durant 2 ans aux côtés de Maxime Cam, Fabien Schmidt et Jérémy Bescond, ces champions à qui il veut ressembler. Il retrouve aussi son ami Owen James au sein de la structure Bretonne, exilé de son Pays de Galles natal. Malgré une bonne première saison comme équipier et une victoire sur la Ronde Finistérienne, le sort va encore le frapper avec une fracture de la clavicule qui l’handicapera pour le début de la saison 2018. Et quand la poisse s’acharne, elle ne vous quitte plus. Stuart Balfour va de nouveau se fracturer la même clavicule d’entrée et devoir rester quelques semaines sans rouler. De quoi vous faire douter quand à atteindre vos rêves!
Mais c’est sans compter sur son caractère de digne fils d’Ecosse, de ce coeur brave. Retapé, Stuart Balfour va revenir au top de sa forme en remportant avec son pote Owen James, main dans la main, la Ronde Briochine, loin devant tous les autres, symbole d’une forte amitié et de la pugnacité de ces jeunes qui ont des rêves. En aôut, il lèvera de nouveau les bras sur le prix de Saint Laurent espoirs, toujours en solitaire. Et cerise sur le gâteau, il remporte quelques jours plus tard le Grand Prix de Plouay amateur, là encore seul devant les meilleurs tricolores.
Cette dernière victoire devant des ds étrangers lui vaut quelques contacts avec les équipes pros. Mais l’Ecossais estime que sa formation n’est pas encore finie et reste fidèle à son club pour la saison 2019, celui des Côtes d’Armor Marie Morin Véranda Rideau, celui qui lui a fait confiance, celui qui lui a donné cette rage d’atteindre le plus haut niveau.
2 ans après cette mésaventure, tu reviens en force et claque de belles courses comme le GP de Plouay amateur. Qu’est ce qui t’as permis de t’accrocher à tes rêves?
Stuart Balfour; » C’est clair, 2016 fut une période très difficile durant mes premiers mois à Aubenas. Je n’avais que 18 ans et mes compétences en français étaient nulles. C’était donc très difficile d’essayer d’expliquer de quoi je souffrais lorsque je me suis précipité à l’hôpital. J’ai eu beaucoup de chance d’avoir un bon groupe autour de moi à l’époque avec Jean Vantalon et Yann Dejan surtout. A mon réveil à l’hôpital après mon hémorragie artérielle, je me souviens que je me suis assis sur la chaise face à la fenêtre, je ne pensais qu’à remonter sur le vélo. Cela aurait été impossible sans l’aide de mon entraîneur Yann Dejan. J’étais déjà motivé pour reprendre l’entraînement et revenir plus fort qu’avant, et ce que j’ai fait grâce à Yann. Un grand merci à tous ceux qui m’ont soutenu pendant cette période difficile. »
Vous arrivez ensuite aux Côtes d’Armor, comment cela s’est passé ?
S.B; « Dès mon arrivée aux Côtes d’Armor, j’ai pu constater que c’était comme si aucune équipe ne faisait partie de mon passé. C’était un autre monde, ils ont réussi à trouver un équilibre entre le sérieux, la détente et le plaisir de courir tout en restant toujours très motivés pour remporter de nombreuses courses.
Les Côtes d’Armor ont remporté plus de 40 courses durant les deux années que j’ai vécu avec eux. Pour ma part, c’était vraiment difficile au début et j’ai dû apprendre rapidement à suivre les gars les plus expérimentés de l’équipe. Mais après quelques mois dans le dur, j’ai finalement atteint le niveau désiré à la fin de ma première saison. »
On te sent vraiment proche d’eux
Oui, je leurs dois énormément, c’est bien plus qu’une équipe. C’est sûr que sans « The Dave Rayner Fund« , je n’aurai pas eu cette chance aussi mais je ne peux pas m’imaginer courir ailleurs en amateur. J’ai eu des proposition par d’autres clubs de DN1, mais ils étaient là pour moi, il m’ont remis sur pied. Ce serait les trahir, leur cracher à la gueule à tous, ce n’est pas mon tempérament ça. Ils nous soutiennent (moi, Owen et Alexis Roche) sur et hors du vélo. J’ai beaucoup appris de mes DS et de mes coéquipiers, ils m’ont massivement soutenu quand j’ai subi deux interventions chirurgicales à la clavicule. Et surtout, il y a mes parents adoptifs comme je les appelle, Michel Cantin et Brigette Perrin. Il m’ont tant aidé durant ces 2 années, à tout point de vue.
Ecossais mais on vous sent proche de la culture Française. Ton entourage est Français
La France, j’aime à penser qu’ils m’ont adopté comme l’un des leurs
Je reste un Ecossais jusqu’au bout, mais en tant que coureur je suis né en France, en particulier en Bretagne. Yann est mon coach, Mickaël m’a appris énormément, Christophe Le Mevel me donne des coups de mains et me conseille sur ma carrière, tous les gens qui m’entourent son Français. Je suis en France depuis 3 ans maintenant et je n’ai pas couru au Royaume-Uni depuis les junior avec l’académie HMT. C’est vraiment devenu mon chez-moi à présent et j’ai vraiment l’impression d’avoir réussi à bien intégrer le mondes des courses françaises. Le soutien qu’ils m’ont apporté a été au-dessus de tout comme celui de la « Dave Rayner Fund ». La France, j’aime à penser qu’ils m’ont adopté comme l’un des leurs.
2017-2018, tu te casses par 2 fois la clavicule. Mais au final, tu remportes de grandes victoires comme celle de Plouay. Quel bilan en tires tu de cette saison?
S.B; « J’étais vraiment déçu quand je me suis cassé de nouveau la clavicule car j’avais vraiment travaillé dur pour mes objectifs de début de saison comme Liege bastogne liege espoirs et le Tour de Bretagne qui étaient des courses très importantes pour faire mes preuves. Et là, d’un coup, je ne pouvais plus y aller. Il a fallu beaucoup de travail pour revenir au top niveau mais je savais qu’il y avait d’autres objectifs pour lesquels je devais travailler plus tard dans la saison. J’ai été vraiment déçu d’avoir manqué les Championnats nationaux (Royaume Uni), je n’ai pas eu le droit de m’inscrire tout comme Owen car nous étions dans un club Français. Je ne comprends toujours pas cette décision injuste par ailleurs.
j’étais revanchard à Plouay, je savais que j’avais une chance de gagner
Du coup, j’étais revanchard à Plouay, je savais que j’avais une chance de gagner. Je savais que la forme était là après avoir remporté la victoire Montpinchon, puis avoir été si près de gagner la dernière étape du circuit Anglo Tour, à Saint Brieuc où j’ai été repris qu’à 1 km de l’arrivée. Je pense que Plouay a été un véritable déclic pour moi et a considérablement amélioré mon profil de coureur. Je pense que cela a également prouvé que j’avais ce qu’il fallait pour tenir un rôle l’année prochaine chez les professionnels, ce qui est un objectif colossal pour moi.
Peut être un peu plus l’occasion de tenir le rôle de leader après le départ de Fabien Schmidt?
S.B; Il faut mériter ce rôle mais je suis vraiment impatient d’avoir la chance de mener l’équipe aux côtés d’autres bons coureurs de l’équipe. C’est vraiment un grand honneur cette confiance après avoir débuté au plus bas de l’échelle au début de la saison 2017.`
J’ai appris beaucoup auprès de Maxime Cam, Fabien Schmidt et Jérémy Bescond
On verra, il n’y a pas que moi dans le team. Owen, Alex Flet qui nous rejoint, Alexis Renard et tant d’autres. Je pense avoir les qualités nécessaires pour être un bon leader. J’ai appris beaucoup de précédents dirigeants de l’équipe au cours des deux dernières années, auprès de coureurs tels que Max Cam, Fabien Schmidt et Jeremy Bescond. Je suis donc très impatient de tenir ce rôle et de voir ce que je peux faire pour la saison prochaine.