18 ans à peine et déjà un caractère bien trempé, lisse, impénétrable et dur comme celui de ces roches de granits qui bordent sa région natale que l’on nomme Bretagne. Titouan Renvoisé (Ty Raleigh) et ses potes Florian Grengbo et Vincent Yon ont mis le feu à la piste de l’Aigle un soir d’Aout 2018, foutu un si beau boxon! Les « Frenchies » sont devenus champions du monde juniors sur la vitesse par équipes. Ce soir là, dans le crâne du Breton, les « Hells Bells » se sont mis à tinter. Lui et ses potes nous ont joué un arrogant « riff » digne d’un Angus Young déchaîné. On vous l’a dit, ils nous ont mis le feu sur cette « fecking » piste!
Puis, le Celtique nous a rejoué sa partition sur les championnats d’Europe en vitesse par équipes et sur le kilomètre. Un autre « Beautiful day » où il glana 2 médailles d’argent. Pourtant rien ne prédestinait Titouan à devenir « Pistard » et encore moins coursier. Ce virus, il l’a chopé à l’âge de 8 ans quand son paternel lui laissa participer à une kermesse. Le gamin avait trouvé son « truc », son « riff »! Des débuts au VS Tregueux, il rejoint le « Feu « BIC 2000 chez les cadets où il rafla un bon paquet de courses sur routes et des titres sur la piste (trophée départemental d’école de vélo, le championnat de Bretagne, trophée de France). Cette piste est dans son ADN, de ce truc inexplicable qui lui donne ce shoot d’adrénaline qu’il ne retrouve nul par ailleurs. Etudiant en BTS de management en unité commerciale, le jeune Breton ne s’enflamme pas sur son avenir de coursier. Non pas que la carrière pro ne l’intéresse guère mais plutôt que la piste l’enflamme. Son objectif est simple et se nomme les Jeux Olympiques 2024 qui auront lieu au vélodrome de Saint Quentin, sur cette piste de bois qui l’a aussi révélé.
Titouan Renvoisé, champion du monde sur piste, double vice champion d’Europe, et pourtant tu ne cours pas après les grands teams DN1. Pourquoi ce choix de rester avec Ty Raleigh Tro Bro Organisation?
« Disons que personne ne m’a contacté peut être. De plus, je me sens bien avec les gars de la Ty Raleigh et Eric Berthou. C’est une bande de potes et j’aime pratiquer le cyclisme sur route dans cette ambiance, avec cette pure « totale éclate ». Donc, oui je porterai encore les couleurs du Ty Raleigh l’année prochaine et je ferai les courses de 2ème catégorie quand je ne sera pas sur la piste. »
Justement la piste, revenons en. Quels en sont tes objectifs?
Je vais rejoindre l’équipe de France au pôle France de Saint-Quentin et tenter de faire aussi bien qu’en juniors. Je suis ravi de pouvoir les rejoindre et d’apprendre le job avec eux, avec divers objectifs comme les mondiaux ou les JO.
cette montée d’adrénaline quand tu arrives dans l’arène, cette montée en pression quand tu vas affronter ton adversaire
Pourquoi avoir choisi la piste plutôt que la route?
Un coup de foudre peut être? (rires). Je ne sais pas, c’est arrivé comme ça. J’aime ce shoot que nous procure la piste, cette montée d’adrénaline quand tu arrives dans l’arène, cette montée en pression quand tu vas affronter ton adversaire. Un moment assez court au final mais tellement puissant. Sur la route, je m’emmerdais souvent. Il me fallait attendre les 20 derniers kilomètres pour pouvoir choper quelque fois un léger semblant de frisson. Sur la piste, c’est toujours comme ça. L’ambiance est toujours surchauffé, la tension au maximum et tu lâches enfin la pression sur une piste de 333 mètres, du pur bonheur.
Nombre de coureurs pros sont issus de la piste, particulièrement au Royaume Uni. Des sprinters comme Mark Cavendish ne t’inspires t-il pas?
Pas vraiment. Je n’ai jamais pensé à devenir coureur pro tant je ne pense qu’à la piste. Si un jour, je décide de faire de la route pour atteindre cet objectif, je ne pense pas que je prendrais mon pied comme je le fais maintenant. Peut être qu’un jour, et seulement si j’en suis capable physiquement et moralement, j’y penserais mais pour l’instant, je veux vivre la piste.
Quels sont les coureurs que tu admires?
Il y en a quelques uns. Je vais être banal mais Peter Sagan, pour moi, est un génie. Le mec vient du VTT, ne se prend jamais la tête et il a donné pourtant un sacré coup de fraîcheur au cyclisme. Je le respecte autant pour sa personnalité que pour ses exploits de champions.
Il y a aussi le « Tigre » Gregory Beaugé. On le surnomme ainsi car il a ce regard tellement intense quand il rentre dans l’arène.
Sinon, j’admire énormément François Pervis. Il est polyvalent et il peut occuper n’importe quel poste, tu sais qu’il sera devant au final. C’est un monstre! Et il y a aussi le « Tigre » Gregory Beaugé. On le surnomme ainsi car il a ce regard tellement intense quand il rentre dans l’arène. Il peut regarder fixement son adversaire, comme ça sans rien dire durant plusieurs minutes, et le mec en perd ses moyens. Quand il a ce regard là, tu sais que le mec va passer un sale moment. J’aimerais avoir cet oeil du tigre (rires).
La piste Anglaise, ce temple, tu y iras cette saison?
Oui, il est prévu que l’on y aille cette saison avec le team France. Mais de mon côté, j’ai reçu un beau coup de main au niveau des tenues avec la marque Velotec. Une marque Irlandaise qui a créé pas mal de de tenues pour les pistards notamment celle du team KGF des frères Tanfield (Champions du monde et vainqueur de manche de coupe de monde). Ils l’ont aussi conçu en soufflerie chez Mercedes Formule 1. Du coup, je sais qu’ils aimeraient que je m’y rende quand je le pourrais. La bas, comme en Belgique, la piste est reine.
Le jeune Breton sera présent sur la prochaine « Gentlemen » de son team Raleigh, le 8 Octobre prochain, là bas sur ce port de… la cité du Ponant appelée Brest. Face à l’océan, il se fera plaisir avec ses potes de la Ty Raleigh en attendant d’aller chercher ce shoot. Avec cette manière extrême de pratiquer son bike comme sur la song de Moby « Extreme ways », de faire entendre son « riff », d’imposer son identité, histoire simplement de foutre le feu !