[dropcap]C[/dropcap]e matin, en prenant mon café amer aux aurores, je lis les nouvelles de notre planète qui ne tourne plus vraiment rond. Enfin juste les pages sports, car celles de la politique me font gerber depuis déjà très longtemps. J’aime bien prendre mon « caf » en père tranquille, histoire de ne pas souffrir de transit intestinal dès les premières lueurs de l’aube.
Mais voilà, je tombe sur l’article du quotidien l’Équipe, informant le fait que le boxeur français Tony Yoka est suspendu un an avec « sursis » pour infraction à la réglementation antidopage. Puis sur le témoignage du président de fédération, un certain André Martin : « Tony Yoka n’est pas dopé, rien du tout. C’est simplement qu’il a oublié de se rendre aux rendez-vous des contrôles qu’il a eu […] C’est pas dramatique en soi« .
J’avale mon café de travers. Je relis car j’ai peut être louper un mot. Mais non, ce président nous a bien lâché ça. Le gars est champion olympique en titre, tout de même, et il ne connait pas les sanctions qui peuvent en découler pour «manquements» à la réglementation antidopage ? L’impact de son image auprès des jeunes ? Mince, on a l’air aussi con nous autres? Il ne faut pas surtout pas écorner l’image des JO de Paris et de l’un de ses ambassadeurs pour 2024…
Ce même journal nous parlait, quelques jours auparavant, dans un petit article perdu au milieu des autres que le footballeur Samir Nasri était suspendu durant six mois pour avoir eu recours à un « traitement intraveineux ». Le genre de billet qui passe inaperçu tout comme la présence du « Dieu » Zidane dans un hôpital suisse pour s’aérer un peu les poumons et se faire une cure sanguine par la même occasion. Ou aussi l’histoire des relations entre un docteur et de la « Juventus de Turin » au temps justement de Zizou et Didier Deschamps. Touchez pas au foot, c’est sacré ! Des millions de lecteurs ne jurent que par ce sport, histoire de décompresser de la machine. Et les partenaires, qui financent ces mêmes journaux, n’apprécient pas du tout que l’on parle de ça. Donc, circulez, il n’y rien à voir. Idem pour le rugby quand des joueurs se font contrôler positifs à la cocaïne. Là, ils nous racontent que cela tient de la vie privée et qu’il n’est donc pas nécessaire d’en étaler plus. Il y a des lecteurs et des gros tirages en danger.
Pourquoi alors ces affaires dans le cyclisme ne sont-elles pas traitées de façon égales dans ces mêmes journaux ? Et pas constamment mises en première page, jugeant et livrant l’athlète au lynchage médiatique avant même avoir eu recours aux instances adaptées ? Pourquoi autant de cons, de ceux qui ont vu l’ours, ouvrent leurs gueules dans ces rubriques alors qu’ils ne connaissent même pas le fond de l’histoire et parfois en ignorant même jusqu’à la pratique du cyclisme ? Pourquoi des pseudos marabouts se la pétant en mode « docteur » mais qui n’ont jamais posé leurs culs dans une faculté de médecine, viennent-ils étaler leur pseudo-savoir pourtant acquis sur les bancs du team Festina ?
Et pourquoi notre Président voit-il seulement des moteurs partout, tout le temps et particulièrement chez les étrangers ? Si un Mikel Landa ou un Dan Martin remporte le Tour à la place d’un français, aura-t-il le droit à ce même traitement ? Pourquoi nous parler à longueur de temps de l’affaire Froome alors que notre cyclisme crève en silence dans les clubs et dans les départements ? Pourquoi ne parler que de ça dans les plus grands journaux de la planète sans apporter d’informations supplémentaires ? Pourquoi ne pas parler plutôt des problèmes qu’ont ces clubs formateurs et de ces courses qui disparaissent l’une après l’autre, pourquoi?
Le cyclisme sert de défouloir pour les autres sports. Tuons l’une de nos disciplines sur l’autel des médias au nom du Dieu « buzz »pour sauver les autres. Le vélo est le seul sport au monde qui fait son propre nettoyage mais à son plus grand détriment… Dans la boxe, le président nous rappelle que » c’est pas dramatique en soi » par contre…
Alors après tout ça, ces efforts par certains qui n’existent qu’en dansant sur le cadavre de notre sport, il ne faudra pas venir chialer quand les jeunes auront désertés les clubs et – par conséquent – les plus grandes équipes et les plus grands Tours par la suite. Non. Il ne faudra pas venir gueuler quand les sponsors auront quitté le bateau. Le cyclisme, ce sport trop bon, trop con.
Je me souviens de ce présentateur qui nous chantait pourtant « Vive le sport » sur chaque interview, sautant d’excitation quand il voyait la roue de Froome tourner dans le vide après une chute violente contre le bitume. Là, il s’en battait les couilles de la santé du champion, il ne voyait que cette roue tourner dans le vide… Un » moteur » nous disait-il tel un adolescent excité par une prise excessive de coca. A-t-il posé la même question à Zidane, à d’autres, les yeux dans les yeux ?
Un passionné fatigué …