22 ans que la Fondation « Daver Rayner Fund« aide les gamins du Royaume-Uni à atteindre leurs rêves. Oui, des années que celle-ci s’efforce de soutenir des générations de champions comme le fut David Millar, le premier lauréat en 1995. En ces temps actuels où « le chacun pour sa gueule » fait rage dans un cyclisme agonisant dans certaines fédérations, sans le désirer le cyclisme britannique nous donne une belle leçon de solidarité sans discours ou baratin comme dirait l’autre. Et oui, ce sont bien eux qui ont compris qu’il faut travailler tous ensemble pour l’avenir nos jeunes, de notre cyclisme européen. Même les belges se sont joints à leur action.
A la tête de cette fondation, on retrouve Brian Robinson le premier vainqueur d’étape britannique sur le Tour de France. Autour de lui, John Rayner (Père de Dave), Sid Barras, Jon Clay, Keith Lambert, Bernard Burns, Paul Cutler, Chris Walker, Martyn Bolt, Nigel Bishop et Joscelyn Ryan nous ont créé un bel exemple de solidarité, une claque qui nous rappelle les valeurs de cet art de vivre. Discrètement, sans faire de vagues et loin de se la jouer sur les réseaux sociaux, ils travaillent sans cesse pour permettre à cette jeunesse d’aller vivre leurs rêves, là bas en France, Italie et en Belgique. Ne leurs parler non plus de subventions de l’état ou de la fédération, cela n’existe pas au Royaume de sa majesté. Non, ils ne pleurent pas sur leur sort et savent qu’ils n’ont qu’une seule solution, ils se retroussent les manches pour aller chercher leurs partenaires comme le ferait un manager d’une équipe. Ils n’ont qu’une idée en tête, celle de permettre de réaliser les rêves de cette jeunesse Britannique qui remporte des Grands Tours et les plus belles classiques et qui continuera à le faire au rythme où vont les choses. La « Dave Rayner Fund » est le plus bel exemple que l’on peut transmettre à la génération future. Loin des guerres de pouvoirs ou de gloire personnelle, ils agissent au nom d’une cause: l’avenir de notre jeunesse, celle de notre cyclisme au nom d’un coureur qui avait un rêve: Dave Rayner.
Cette année encore, nous allons retrouver sur les courses « frenchie », des coureurs de la « Dave Rayner Fund » comme Lewis Bulley ou Stuart Balfour, Owen James aux Côtes d’Armor, Jake Gray ou Scott Auld au VC Toucy, Alex Braybrooke à l’AVC Aix ou encore Jamie Ridehaglh et Harry Hardcastle à L’AC Bisontine. Des DS comme Mickael Leveau (Côtes d’Armor), Yann Dejan (UCK Vannes), Pascal Orlandi (AC Bisontine), Grégoire Terrier (VC Toucy), Jean-Michel Bourgoin (AVC Aix), Cédric Leny (Hennebont Cyclisme) ou Christophe André ont répondu à l’appel de cette fondation. Eux aussi aiment ce mélange de cultures qui reste une véritable force et l’une des plus belles leçons de notre culture bike à transmettre à ces jeunes, aux nôtres.
Samedi dernier s’est donc tenu le gala de la Dave Rayner Fund, sur le New dock Hall à Leeds. Les champions sont venus soutenir leurs jeunes espoirs, avec leurs maillots jaunes et champion du monde ou autres trophées glanés à travers le globe comme Chris Froome leur a offrant son maillot jaune du tour de France et le rouge de la Vuelta ou encore David Millar apportant un cadre Factor pour leurs ventes aux enchères.
Nous avons interrogé Joscelyn Ryan et John Rayner pour nous expliquer ce qu’est la « Dave Rayner Fund »
Joscelyn Ryan, combien de coureurs sont aidés chaque année par la Dave Rayner Fund?
Joscelyn Ryan; « De plus en plus. Nous avons commencé avec une petite poignée il y a 22 ans. Désormais, nous en avons 36, et ce chiffre ne cesse de grandir. »
Comment trouvez vous un budget aussi conséquent pour aider tous ces jeunes?
Joscely Ryan: » Nous le trouvons de plusieurs façons. Par exemple, nous organisons deux événements majeurs de collecte de fonds chaque année. Par exemple avec « The Randonneur » nommé Etape du Dales en mai. Cet événement est très populaire en raison de la beauté du paysage, qui est maintenant internationalement célèbre grâce au Tour de France dans le Yorkshire et le Tour de Yorkshire.
Nous organisons également le Dîner de la « Dave Rayner Fund » chaque mois de novembre à Leeds, qui est devenu très populaire au Royaume Uni. Nous avons le soutien de nombreux coureurs célèbres qui nous donnent leurs maillots aux enchères pour amasser des fonds. Les épreuves internationales nous soutiennent comme le Tour du Yorkshire, le « Tour of Britain » et même en Belgique avec le E3 Prijs Harelbeke. »
La Belgique?
Joscelyn Ryan: « Oui, de nombreux coureurs britanniques y sont. Et ils nous ont donné un passe VIP pour venir nous faire connaître. Nous avons depuis un gros mécène là bas qui nous donne beaucoup d’argent pour cela mais qui préfère rester discret. »
Beaucoup de mécènes privés ?
Joscelyn Ryan: « Oui. De nombreuses personnes nous donnent des fonds plus ou moins importants. Des entreprises aussi comme Prendas Ciclismo et Rocket Espresso nous aident. Mais nous vendons aussi des tee-shirts, des casquettes et des maillots en ligne sur notre site. Il est vraiment populaire dorénavant. »
Le soutien des anciens lauréats est t-il très important ?
Joscelyn Ryan: « Bien sûr, nous n’avons même pas à les appeler, ils viennent d’eux mêmes pour aider les jeunes. David Millar nous offrent toujours quelque chose chaque année. Puis il y a Tom Southamp et Charles Wegelius qui sont directeurs sportifs chez EF First Drapac by Cannondale. Sans oublier les pros comme Adam Yates, Dan McLay, Russel Downing, Tom Barras, Conor Dunne, Matt Brammeier, Tao Geoghegan Hart, Mark McNally, James Shaw et tant d’autres qui restent de fidèles ambassadeurs de notre fondation. Ils n’oublient pas et transmettent nos valeurs. »
Le cyclisme est devenu vraiment populaire au Royaume Uni. Pourquoi selon vous?
Joscelyn Ryan: » Il y a énormément de raisons, mais on peut dire que la popularité de nos meilleurs coureurs qui peuvent maintenant gagner les plus grandes courses au monde. De plus, le Tour de France y est venu 2 fois, on organise aussi le Tour du Yorkshire et nous avons les championnats du Monde dans le Yorkshire en 2019. Ce championnat sera l’un des plus incroyables j’en suis sûre. »
Il faut aussi ajouter à cela quelques grandes campagnes pour amener les gens à faire du vélo pour l’exercice et la santé. Aussi pour faciliter le transport dans les villes occupées. C’est devenu réellement un art de vire au Royaume Uni plus qu’un simple sport.
Et la Dave Rayner Fund sera toujours là ?
Joscelyn Ryan: » Oui bien sûr. Nous serons toujours là. Et nous enverrons toujours nos jeunes en France et en Belgique. C’es 2 pays ont un programme de course parmi les meilleurs pour le développement de nos jeunes coureurs. On sera là pour les aider. Pas seulement avec de l’argent mais avec des conseils et encadrés avec les meilleurs coachs et managers. Ils ne seront jamais seuls. »
John Rayner, le père du jeune coureur tragiquement disparu et qui rêvait de faire le tour du monde, a bien voulu se confier.
John Rayner, que ressentez vous quand vous voyez la « Dave Rayner Fund » devenir ce qu’elle est devenue maintenant?
John Rayner : « De la fierté, vraiment de le fierté et je tiens à le dire. Quand vous voyez le nombre de ces jeunes grandir sans cesse, voilà ce que je ressens. Et qui sait? Si d’autres fondations se forment pour nos jeunes à travers l’Europe et si nous travaillons ensemble, qui sait ce qu’il peut arriver? J’ai plein d’espoirs en notre jeunesse et en tous. »