Photo Bruno Cornillet
Il y a 27 ans, un Breton remportait le Grand Prix de Plouay, c’était en 1990 et il se nommait Bruno Cornillet. Seul Ronan Pensec fut le dernier « BZH » à renouveler l’exploit en 92. En cette année 90 donc, Cornillet devança son compagnon d’échappée Martial Gayant au sprint (Vainqueur en 1986). En 2017, il remis les pieds sur cette course qui reste sa plus belle victoire dans sa boîte crânienne, celle obtenue sur ces terres de Bretagne devant ses parents qui plus est. Elle a beau avoir changer de nom sous l’appellation de » Bretagne Classic Ouest France », elle restera à jamais le GP Ouest France de Plouay dans son coeur et dans les nôtres, celle organisée par le comité des fêtes de la ville et d’un certain Jean-Yves Perron qui la rendit internationale avec la continuité de Jean Yves Tranvaux de nos jours. Elle est un pèlerinage pour de nombreux champions et particulièrement pour ceux issus de la terre Gwenn Ha Du.
Devenu donc la Bretagne Classic sous l’impulsion de L’UCI en 2016, l’arrivée a changé de visage avec un profil plus propice aux sprinters. Mais comme le dit Bruno Cornillet; » On a beau croire en l’échappée, on sait pourtant que cela finira au sprint ! « . Un « flashback » rempli d’émotions pour le vainqueur d’étapes sur Paris Nice ou le Dauphiné Libéré, du général du Tour de Valence, 14 ème du Tour de France 89, 10 ème du Giro 90. Lui, l’équipier modèle de Bernard Hinault sous la « Vie Claire » puis celui de Greg Lemond avec « Z » n’est pourtant pas le genre de bonhomme à montrer ses émotions. Maître de lui même comme il l’est aux commandes des boeing qu’il pilote dorénavant au sein de la compagnie HOP Air France, il ne peut s’empêcher de retenir cette « satané larme » quand il foule cette terre du Morbihan. Le jour de ce rendez-vous, le champion Breton aime prendre un peu de cette terre au creux de sa main pour la sentir tout en fermant ses yeux, histoire de se remémorer juste ce jour de 90 où il vaincu cette peur de passer à côté de son « rendez vous », de son pèlerinage.
Bruno Cornillet, quels sont vos sentiments lorsque vous revenez sur le GP de Plouay?
Bruno Cornillet; » Comment te dire ce que je pense? Ca fait un bien fou ! Au début, quand je revenais, je t’avoue que cela me faisait un peu mal car je réalisais que c’était ma vie de cycliste, celle qui me manque souvent (rires). On réalise soudainement que l’on vieilli et que tout passe vraiment trop vite. J’étais jeune, je n’avais peur de rien et c’était mes années un peu folles. Je te l’avoue, j’avais un peu les boules en y revenant la première fois (rires). Mais j’ai ce besoin d’y revenir chaque année. Ok, j’ai gagné quelques belles courses mais celle là reste particulière car c’était celle de ma terre natale. L’arrivée était différente et je voulais tellement l’accrocher dans le palmarès de mes plus beaux souvenirs. Aujourd’hui, quand j’y retourne, je n’ai plus du tout de regrets du temps qui passe mais seulement juste le plaisir de retrouver des amis comme Jean Yves Tranvaux, Gilbert Mouëllic ou Daniel Mangeas. Même Jean Yves Le Drian qui était alors maire de Lorient à l’époque se rappelle en détail de ma victoire. Lui aussi, comme tout Breton, est un féru de cyclisme et des valeurs qu’il apporte. C’est étrange de les revoir tous 27 ans après. On se remémore comme si on était encore ces jeunes fous de vélo, de ces années et on se parle entre amis, ceux passionnées par le cyclisme, c’est ça le véritable esprit du cyclisme qui règne à Plouay. »
Parlez nous de votre victoire…
B.C; » Ce jour là, je n’étais pas bien du tout. Je sortais d’un tour de France complètement rincé. Je n’avais pas les jambes. J’ai subi tout le début de course et je pensais même à l’abandon. Puis je me suis dit; » Ok, je vais aller devant pour tenter de pas péter tout de suite et de limiter la casse. » Je ne voulais pas subir la course. Quitte à bâcher, autant le faire avec panache, non ? (Rires). Je me suis alors retrouvé dans la bonne échappée avec Martial Gayant dans le final. Je la voulais tant cette victoire, j’avais terminé 2ème en 89 et j’étais passé vraiment à côté de la victoire. Cette fois-ci, je n’avais pas bravé mes démons pour lui laisser la victoire. Je savais que je pouvais le battre en lançant le sprint de loin. J’ai tout donné et je ne voulais pas le voir à la hauteur de mon plateau, j’ai serré les dents, me suis dressé sur mes pédales et j’ai foncé tête baissée. J’ai gagné de cette façon, mon plus beau souvenir. »
Que pensez vous de la version 2017 du GP de Plouay?
B.C; » Elle est différente bien sûr. Pour différentes raisons que je comprends tout à fait. Depuis le championnat 2000, l’arrivée de la course est propice aux sprinters. On a une échappée tenue à distance par le peloton toute la journée mais même si on y croit, on sait que cela se finira au sprint de toute façon. Il faut vraiment être un costaud pour l’emporter en solitaire maintenant. Elle reste une belle course avec ces difficultés mais cette arrivée est très difficile à négocier pour tout échappée. Quoiqu’il en soit, tout coureur est fier de l’accrocher à son palmarès. L’UCI et d’autres acteurs comme les médias ont imposé ces nouvelles règles pour garder cette course en world Tour, avec ces défauts et aussi ces avantages qui sont de parler de notre Bretagne en premier lieu. C’est un monde d’images et de médias dorénavant. Pour survivre, il nous faut ces acteurs sinon tu crèves. C’est pour cela qu’il nous faut souligner le travail formidable de Jean Yves Tranvaux et de ces bénévoles. Ils ont réussi à conserver l’âme qu’a cette course depuis ses débuts, ils n’ont rien changé à cette passion malgré tous ces paramètres. Chaque course à ses défauts mais aussi ses qualités. Il y aura toujours des gens qui trouveront à redire comme partout ailleurs mais la Classic Bretagne est bien plus qu’une simple course, elle fait partie de notre patrimoine. »