Nous sommes en 2017 après J-C (pas Jean-Christophe mais l’autre!). Toute l’Europe, dont la France, est occupée par les multinationales du cyclisme. Toute? Non ! Quelques unes comme cette commune peuplée d’irréductibles Bretons résistent encore et toujours contre ce triste sort incertain réservé aux bénévoles passionnés, terrassés par ces puissantes légions… Son nom s’est taillée une réputation depuis 33 ans, depuis 1984 exactement. Elle se nomme « Tro Bro Léon » (Tour du Pays du Léon) et fait face à cette adversité comme elle brave l’océan, fière rebelle, contre vents et marées.
Situé entre 2 rivières que l’on nomme « Aber », l’Aber wrac’h et l’Aber Benoit, dans ce pays Pagan au centre de celui du Léon, les garnisons étrangères y reviennent courageusement chaque année pour tenter de ravir le bouclier à ces guerriers celtes sur leur terre de granit, de celle façonnée par ces chemins de terre que l’on nomme Ribinou par là bas. La bataille a lieu le week-end de Pâques, justement de cette fête qui célèbre une résurrection comme celle d’un Francis Mourey un certain dimanche d’avril 2013 ou du dernier Breton à avoir vaincu ces légions avec Frédéric Guesdon en 2008, 11 ans après son Paris-Roubaix. Car ce sanctuaire celtique de Bretagne est une terre de légendes entièrement dévouée à la religion cycliste. On vous l’a dit, nous sommes sur la côte du même nom, celle des Légendes, celle de ces contes celtiques que l’on se raconte le soir au coin du pub entre 2 cervoises tout en transmettant aux jeunes générations les récits mythiques du barde viking, le Normand Daniel Mangeas, celles de ces guerriers venus d’ailleurs.
Des princes de Bretagne veulent y lever les bras au terme d’une épique bataille, leurs visages maculés par cette sainte boue, de cette terre de Penn ar bed , ce pays du bout du monde ! Le Bonix, Pichonix et tant d’autres désirent tant conquérir ce « Graal » sur cette terre qui les a vus naître. On se souvient de Berthoutix se livrant à une bagarre légendaire et derrière tout un peuple le poussant. Mais épuisé par tant d’efforts et seul contre tous, il rendit son glaive sur le pied de cet autel un soir de 2012 sous les yeux tristement embués du « Druide » Mellouët.
Berthoutix a déposé les armes définitivement depuis pour un repos du guerrier bien mérité. Mais lui et les siens ceux du clan « Raleigh Tro Bro » continuent honorer leur racine celtique chaque année en se livrant à un pèlerinage que l’on nomme « Tro Bro Cyclo ». Par centaine ils viennent y rendre les honneurs, chevauchant leurs montures parmi ces paysages sauvages sortis tous droit des contes, terres divines, en passant par le petit port de Paluden au bord de l’Aber ou alors observé par les Roches légendaires de Meneham et de son invincible poste de garde en granit planté face à l’Atlantique. Un détour, ensuite, par Landéda et son observatoire surplombant les îles de l’aber Wrac’h avant de se taper en père peinard, quelques huîtres sur les grèves d’ne bas, celle de Prat-Ar-Coum où l’établissement éponyme existe depuis 1898. Prat Ar Coum , ce lieu que la famille Madec a réussi à faire connaître aux 4 coins du Monde, cette maison perchée au bout d’une route qui ne mène nulle part sinon que dans l’Aber et de ses viviers. Pourtant on trouve maintenant leurs huîtres dans les plus grands restaurants internationaux et à Lutèce….euh Paris ! Même le fruit de cette rivière est devenu légendaire…
Bref, un moment de détente, peinard à la « fraîche » qu’on vous dit, entre amis et adeptes de la religion cycliste sur ces terres de légendes du pays du Léon. Ils nous viennent du Royaume de Bretagne, du « Pays d’à côté », du Royaume de sa majesté, de celui de Belgique, de Rome, ils viennent de partout pour honorer ces ribinous et paysages qui ont fait et qui continueront à bâtir la légende. Ils le font avec des montures d’époque pour certains, histoire de rappeler à tous que leurs amours ne datent pas d’aujourd’hui et et qu’il est transmis de père en fils, de mère en fille, sur ses terres de légendes.
Même le prince d’Irlande Stephen Roche (vainqueur du fameux triplé Tour de France, Giro et mondial en 1987) est venu embrasser cette terre, celle de ces cousins celtiques de Bretagne.
« Ils savent recevoir, ce sont des Celtes. Je reste sous le charme de ce département et du Tro Bro Léon. » Stephen Roche
Stephen Roche ; « Avec 25 ans de moins, j’aurais aimé faire ce Tro Bro Léon, c’est une épreuve qui m’aurait beaucoup plu, car elle est hyper sélective et j’aimais ça. Mais bon, elle n’existait en tant que course pro, c’est dommage. Et ce public, mais quel public! Durant la vintage, j’ai découvert des gens vraiment sympas et une bonne humeur avec des arrêts « dégustations » comme celui à Prat Ar Coum avec leurs huîtres. Ils savent recevoir, ce sont des Celtes. Je reste sous le charme de ce département et du Tro Bro Léon.
Cette année, c’est le septuple vainqueurs d’étapes de tour de France, celui du pays d’à côté, le Breton Guimardix qui va rendre hommage à cette bataille qu’il n’a jamais connu pourtant mais qu’il aurait aimé inscrire, lui aussi, en lettre d’or sur son bouclier de guerrier.
Alors rendez-vous dimanche à 10H00 à Lannilis, avec les montures d’autrefois, avec celles qui nous ont fait aimé cet art en compagnie de ces anciens guerriers qui nous ont donné l’envie de rêver un matin pour l’éternité et surtout avant que le ciel nous tombe sur la tête la semaine suivante par Toutatis !
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