[dropcap]C[/dropcap]omme un second souffle. Laurent Pichon, fait son come-back avec la formation « made in BZH » de Fortuneo-Vital Concept (ex Bretagne-Shuller). Il revient, quatre ans après l’avoir quitté. Quatre ans durant lesquels le natif de Quimper bataillait sous le signe du trèfle à quatre feuilles de la Française des Jeux (FDJ). Le Breton se confie sans langue de bois sur ce nouveau départ, et au sujet des ses dernières années dans le team de Marc Madiot.
Camille Le Saux | Photo: Agence Zoom
Tous les coureurs cyclistes sans exception rêvent un jour de défiler sur les champs Élysées après avoir parcouru les quelques 3500km de la Grande Boucle. Ces deux dernières années, les directeurs sportifs de la Française des Jeux (FDJ) ont décidé de ne pas retenir Laurent Pichon dans La sélection, avec un grand L. Il a vécu ces choix comme une Souffrance, avec un grand S. Le Breton se savait capable de faire partie du club des neuf. Une désillusion difficile à oublier : « J’ai été déçu de ne pas avoir été pris au sérieux. Les sélections n’étaient pas très justes ». À travers le « pas très justes », il entend une relation de « copinages » entre coureurs et directeurs sportifs. Un jugement basé sur le relationnel plutôt que sur les valeurs sportives. « Être cycliste professionnel, c’est un métier, mais c’est avant tout une passion. J’ai eu trop de déception, je voulais retrouver du plaisir dans le vélo », affirme le coureur de Fortuneo-Vital Concept. Cette année, une fois de plus, la formation bretonne est retenue pour le Tour de France qui s’élancera de Düsseldorf (Allemagne) en juillet prochain. S’il garde en tête l’idée d’arborer le maillot blanc et vert de Fortuneo sur les routes du Tour, Laurent garde la tête sur les épaules : « J’ai été tellement déçu l’an passé que je ne veux plus me focaliser là-dessus. Je veux d’abord faire une belle saison ».
« J’ai été déçu de ne pas avoir été pris au sérieux. »
Nouveau défi
L’équipe d’Emmanuel Hubert, il la connaît bien. Il y a déjà couru deux saisons (2010 à 2012). Mais cette fois, Laurent Pichon retrouve une équipe différente : « C’est beaucoup plus structuré. En termes d’équipements, de staff.. » Néanmoins certaines choses sont elles bel et bien ancrées. Chez Fortuneo-Vital Concept, il retrouve ses anciens coéquipiers et « potes », Armindo Fonseca et Romain Hardy. Des retrouvailles qui n’apporteront « que du positif ». Mais également Roger Tréhin, avec qui le Finistérien entretient une relation particulière, même si, comme il le souligne : « il ne faut pas tout mélanger. » Ami de longue date et homme de confiance, la présence du directeur sportif morbihannais n’est pas étrangère à ce retour. Une amitié qui naît au Pôle Espoir de Lorient en 2001. L’enfant de Quimper est alors âgé de 15 ans. Roger et Laurent resteront constamment en contact, même après son départ vers l’équipe de Marc Madiot : « on s’appelait après les courses, il prenait toujours de mes nouvelles. Sa présence a penché dans la balance lors de mon choix, c’est évident. » Mais ce n’est pas pour autant que sa place au sein de l’équipe est déjà acquise : « C’est un belle équipe avec des hommes qui ont déjà du métier : Dan McLay, Arnold Jeannesson, Maxime Bouet, Maxime Daniel.. Il va falloir faire ses preuves. »
« Je veux faire les choses bien »
C’est avec conviction que Laurent affirme : « s’entraîner pour gagner des courses. » Un tel retour aux sources pourrait soulever une certaine pression et appréhension. On est loin de ces sensations. « Moi je marche plus à la confiance qu’à la pression. Et la confiance, je l’ai trouvé dans cette équipe. » Une équipe que le Finistérien voit comme un club, où « chaque coéquipiers se défonce pour ses copains. » Un contraste flagrant avec la FDJ selon lui, puisque, même s’il n’y avait pas une mauvaise ambiance, « chacun tirait la couverture vers soi. » Une nouvelle saison démarre, et Laurent l’entame avec l’état d’esprit libéré. S’affirmer sur la Coupe de France et particulièrement sur le Tro Bro Leon, participer à des classiques comme Liège-Bastogne-Liège et pourquoi pas débuter sur Paris-Nice, le Quimperois ne manque pas d’ambitions. Cette saison sera placée sous le signe de la confiance, ce qu’il recherchait depuis longtemps. Une confiance qui lui permettra, pourquoi pas, de fêter ses 31 ans (19 juillet prochain) sur les routes du Tour.