Il a été, et reste l’un de nos plus beaux champions en remportant quelques belles batailles comme cette 16ème étape du Giro 2005 à Vazarre. Le Breton Christophe Le Mével, qui fut aussi champion régional juniors en 1998, a passé 14 ans dans les rangs professionnels par la suite et claqué de beaux podiums comme le Tour du Haut-Var en 2010, inscrit son nom sur les tablettes de tops ten des grands tours comme sa 10ème place sur le Tour de France et sur Paris-Nice en 2009. Une belle carrière dont il prit définitivement sa retraite en 2014. Depuis, il s’est mis en retrait pour préparer sa reconversion en toute tranquillité, « piano, piano » comme on le dit en Italie, son pays de coeur. Actuellement au CDES de Limoges pour préparer un diplôme de droit et d’économie du sport après avoir obtenu l’examen d’agent UCI , le Breton nous revient trois ans après avec une idée fixe qui lui trottait dans la tête depuis son départ.
Lui qui a connu la gloire, les doutes et parfois la solitude, des plus grands aux plus sombres moments, nous revient avec son expérience de la vie de coureur pro pour former au mieux les coureurs et accompagner ses frères d’armes dans ce monde qui n’a parfois pas vraiment le temps de s’épancher sur la vie des guerriers. Son concept est des plus simples. Bien plus qu’un agent de coureur, il sera aussi là pour les conseiller avant, pendant et après cette carrière qui peut s’arrêter d’un coup net, vous laissant parfois brisé sur le bord de la route en regardant passer la caravane. C’est ce point de vie qui a donné l’envie à Christophe Le Mével d’y revenir. Cette vie qu’il l’aime à la passion, il la vit « pleine balle » à l’image de sa 2ème passion qu’est la moto, animé par cette flamme q’il possédait au sommet de sa carrière. Justement, il voudrait la voir briller aussi dans les yeux de ces coursiers, de ces passionnés de la vie, de celles des coureurs cycliste , « this way of life » !
Be Celt: « Christophe Le Mével, cette saison vous revenez dans le cyclisme en tant qu’agent et conseiller auprès des coureurs . »
Christophe Le Mével: « Oui, c’est à peu près ça. J’ai obtenu ma licence d’agent UCI en Italie où je vis maintenant avec ma famille. Mais je ne reviens pas en tant qu’agent seulement mais aussi en tant que conseiller Bien sûr qu’agent est mon nouveau métier mais je serais là aussi pour conseiller et former ces coureurs pour leur permettre d’aborder plus sereinement leurs carrières avant, pendant et après. C’est une autre conception du métier d’agent. Quand ils ne sont pas dans leurs équipes respectives, ils me rejoindront à Nice où ils disposeront d’une maison si ils le désirent quand ils viendront en stage entre 2 courses. On passe quelques jours ensemble pour parfaire leurs formations et suivi individuel, je ferais l’entraînement avec, on parlera de leurs vies de coureur et d’autres choses. On établit surtout un réel lien de confiance entre eux et moi, bien plus qu’une relation agent/coureur. Je veux conseiller, former et protéger au mieux les coureurs. Je suis passer par là, je sais de quoi je parle ! «
« Ce qui m’intéresse le plus c’est l’avenir de l’homme, l’aventure humaine »
C’est un projet qui vous tenait à coeur ?
Christophe Le Mével: « J’ai connu cette carrière de cycliste pro. Je connais donc bien le milieu et je sais qu’il est dur d’y faire sa place en tant que coureur. Si on est mal préparé et mal entouré, on risque de se casser les dents et de s’en remettre difficilement. Je ne veux pas être ce genre d’agent qui vient voir le coureur avec 70 pages à signer pour une équipe pro et juste empocher le pourcentage. Non, ce qui m’intéresse le plus c’est l’avenir de l’homme, l’aventure humaine bien plus que le contrat. Bien sûr le métier d’agent reste mon gagne pain mais je veux le faire à ma façon. Tu sais, dans ma carrière, j’ai parfois connu des agents qui te tapaient dans le dos quand tout allait bien et dont le téléphone sonnait dans le vide quand tout allait moins bien (rires). Pour ma part je veux accompagner le coureur tout le long de sa carrière, de ses années amateurs jusqu’après sa carrière pro. Je ne veux pas 80 coureurs pour rapporter du fric mais juste un petit nombre avec qui j’aurais ce feeling, c’est très important. Un coureur, c’est un homme avant tout, avec ses questions et ses doutes. Il faut être présent tout le temps auprès d’eux pour leurs répondre, les accompagner au mieux. Je suis passé par là et il n’y avait pas grand monde à la fin pour me répondre. Il y a tant de gars qui valent le coup, qui ont ce potentiel et qui quittent pourtant le cyclisme car ils avaient perdu cette flamme comme je l’avais aussi perdu durant les 2 dernières années de ma carrière. Je veux vraiment les accompagner tant j’ai du respect pour ce sport; le sportif et pour l’aventure qu’il procure à l’homme, avec les jeunes et moins jeune par ailleurs car il y a des gars qui sont vraiment fort à 30 ans et que l’on oublie parfois. 30 ans, c’est l’âge de maturité pour un athlète, et ce genre de gars peut faire des prouesses dans le monde pro. On ne leur fait pas assez confiance malheureusement à cause de leur âge et je pense que c’est une erreur. «
Ils disposeront d’un endroit ou loger à Nice ?
Christophe Le Mével: « Oui, c’est le top pour s’entraîner par ici. J’y vivais quand j’étais coureur, il y a tous les profils de route. Les plus beaux cols pas trop loin et le temps y est vraiment idéal. C’est aussi pour ça que plusieurs équipes pros s’y sont installés. C’est pourquoi j’ai décidé d’y installer cette « maison du coureur ». La Côte d’Azur, c’est une terre de cyclisme et c’est un Breton qui vous le dit (rires). «
Quel est l’entraîneur qui vous a marqué le plus durant votre carrière, qui vous a donné cette fameuse « flamme » ?
Christophe Le Mével: « Sans hésiter, Frédéric Grappe. Il est bien plus qu’un entraîneur, il a ce truc en lui qui vous donne envie de le suivre et de l’écouter jusqu’au bout. Il est l’origine de cette méthode de profil de puissance personnalisé (PPP) à chaque coureur. Il m’a apporté énormément, tant sur le plan sportif qu’humain. Quand je lui ai dit que j’allais devenir agent de coureur, il m’a répondu d’un air dubitatif: « Quoi ? Agent ? Tu vas venir en Mercedes sur les courses avec tes feuilles de contrats ? T’es sûr que tu veux faire ça ? » Je l’ai rassuré en lui expliquant mon projet (rires) ! »