31 ans au compteur, l’Albigeois Stéphane Poulhiès en a connu de belles équipes, telles qu’AG2R, Sojasun, et Cofidis. Après un retour en élites chez Occitane CF en 2015, ou il a signé une bonne dizaine de victoires, comme le général du Tour de Gironde ou des étapes sur le Kreiz Breizh Élites, il revient en continentale au sein de l’Armée de Terre en 2016. Pour son retour chez les pros la saison dernière, il s’offre quelques honorables Top 4, sur la Route du Sud notamment, et sur le Critérium International (4ème). Le voilà devenu l’un des capitaines des gunners de l’Armée de terre avec Thomas Rostollan. Bref, régulier et combatif, Stéphane Poulhiès est une valeur sûre du team cam. Il sait ce qu’il veut et ce qu’il est. Cette saison, lui et les boys de l’Armée de Terre ont des ambitions, bien plus que celles d’apprendre.Stéphane, capitaine de route de l’Armée de Terre, tu en as connu des équipes, en quoi sont-elles différentes de l’Armée de Terre ? Stéphane Poulhiès: « (Rires), c’est vrai qu’à 31 ans, je suis l’un des plus anciens mais Julien Loubet, qui vient d’arriver chez nous, a quelques mois de plus que moi. Mais oui, on est un peu les doyens (rires) ! À vrai dire, chez nous, c’est vraiment un autre état d’esprit de ce que j’ai pu connaître avant. Je sais que ça fait cliché de dire ça mais sincèrement, au sein de l’Armée de Terre, il y a une autre mentalité. Dans les grosses écuries, c’est le champion qui gagne, on ne parle jamais ou alors pas vraiment des mecs qui ont bossé pour l’envoyer sur le podium. Depuis que je suis arrivé chez les « Cam », quand l’un de nous gagne, c’est toute l’équipe qui claque. Sur la presse parfois, tu peux même le lire « l’Armée de Terre remporte telle ou telle victoire ». Et c’est vrai que c’est notre mentalité, on roule pour tous et qu’importe le vainqueur, c’est l’équipe qui gagne et pas seulement le champion. C’est la grosse différence avec les équipes que j’ai pu connaître avant. Cela vient peut être du fait que nous sommes encadrés par des militaires, on roule pour le groupe point barre. Regarde dernièrement sur le Tour de Navarre. On était en nombre sur l’échappée principale et tous on a tenté de sortir, on a tout le temps flingué. On s’en foutait de qui pouvait gagner chez nous du moment que c’était l’un des nôtres. C’est notre culture ! »Capitaine de route, cela signifie quoi justement ? Stéphane Poulhiès: « On est plusieurs anciens à jouer ce rôle. Thomas (Rostollan) et moi-même sommes arrivés la saison dernière, donc on connaît mieux les gars que les nouveaux comme Steven Tronet, Damien Gaudin, Morgan Kneisky et Julien Loubet. C’est vrai que l’année dernière, on est arrivé dans une équipe que l’on ne connaissait pas trop et ce n’était pas évident d’y faire sa place, quand on arrive comme ça dans le bain. Il nous a fallu un peu de temps pour nous régler. Mais cette saison du coup, on joue le rôle de capitaine de route car on y est vraiment bien et on se connaît très bien maintenant. Être capitaine de route, c’est un peu comme un caporal-chef au sein de l’armée. En gros, on est dans le groupe avec notre expérience des courses et de l’équipe, on connait les ficelles et on sert d’intermédiaire entre les autres coureurs et les cadres. On sait ce que l’on doit faire et on connaît exactement notre place. Notre job est de les encadrer au mieux. Il y a plein de jeunes talents chez nous qui ne demandent qu’a faire parler d’eux. On est là pour leur apprendre le job et leur éviter quelques pièges surtout. Je suis là pour épauler les coureurs désignés pour des courses précises. Et cette saison, ils auront aussi le renfort de ces champions ! »Justement, l’arrivée de Gaudin, Loubet, Tronet et Kneisky, c’est un plus pour le team !Stéphane Poulhiès: « Oui, c’est clair. Ça nous donne du coffre, de la caisse, et en plus ça donne confiance aux jeunes et à toute l’équipe de les avoir avec nous. Ce sont de beaux coureurs qui nous apportent leurs conseils et qui peuvent aller emmener l’équipe sur les plus beaux podiums. On n’est plus une simple équipe continentale, on a des ambitions dorénavant. »
Justement, la phase d’apprentissage est elle finie? Stéphane Poulhiès: « On a toujours plus ou moins des enseignements à tirer dans le cyclisme et dans la vie. Mais pour ce qui est de l’apprentissage, on est plus là pour ça ! Il nous faut nous imposer dorénavant. À mes débuts, en 2006, on te laissait un an ou deux pour apprendre le job. On te nommait ‘l’espoir » et ça pouvait durer pas mal de temps. Mais les choses ont changé 10 ans plus tard. Maintenant, tu dois être prêt et au niveau de suite. Sa place, il faut la faire dès le début et c’est pareil pour nous. On entame nos 3ème saison et on est plus là pour apprendre, il nous faut nous imposer surtout si on veut évoluer en division supérieur l’année prochaine. Justement, le recrutement cette année est orienté vers cet objectif. »
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Ta retraite, tu y penses?
Stéphane Poulhiès: « Pas vraiment mais j’y pense. J’aime courir, j’aime vraiment ça. Tant que mon corps et cette envie me le permettent, je continuerai. En 2016, j’ai fait de belles places sur la Route du Sud et le Critérium International. J’ai encore des trucs à tenter et je continuerai tant que je le peux. Mais si j’ai choisi l’Armée de Terre, c’est aussi pour y faire carrière par la suite, cette vie après le vélo ! J’aime la vie militaire et le sport. Je ne me vois pas finir derrière un bureau (rires). Je parle beaucoup avec certains actifs que je connais dont certains paras. Il y a cette discipline et exigence qui me conviennent. Leurs vies sont similaires aux nôtres. Je ne parle pas des missions, eux ils sont vraiment dans l’action militaire et en OPEX. Nous, nous ne sommes que des représentants de l’Armée de Terre. Mais ils vivent entre-eux la majeur partie de l’année, comme nous autres les coureurs. Ils sont souvent en mission comme nous sur les courses et ils ont cette esprit de clan comme au sein d’une équipe. Ok, eux ils vont en OPEX et nous sur les courses mais le style de vie est assez similaire. Je me verrais bien par exemple au sein du 8RPIMA (Régiment Parachutiste d’Infanterie de Marine) de Castres. Oui, j’aimerais bien, après le cyclisme, avoir ma chance d’y être capo-chef au sein de ce régiment ! Mais pour l’instant, je suis coureur pour le team « CAM » et mon devoir et de les épauler au mieux et d’atteindre nos objectifs. »