Le 60ème cyclo-cross de Lanarvily vient de s’achever. La grande messe a rassemblé plus de 10 000 pèlerins venus de toute la France pour rendre hommage à ces apôtres, à ces champions. On y était tous, c’était notre rendez vous, celui de notre famille, de nos vieux à nos gosses et de ces millions d’internautes connectés ! Tremblant dans nos bottes boueuses en tentant de s’éviter une culbute digne de ce nom sur ce mythique parcours du Mingant, on se tapait tous les main au détour d’un chemin, à grands coups de sourire et d’accolades comme dans un poème de leur cousin celtique Kirk Jones dans « Parting Glass »! La grande famille était réunie, celle du cyclo-cross! On a même aperçu Alain Julien avec son éternel grand sourire. Il pourrait faire la gueule le « Juju » car ce jour du premier week-end de janvier, c’était celui prévu pour son cyclo-cross de Gouesnou sur cette terre aussi du bout du monde que l’on nomme Penn Ar Bed. Mais le patriarche s’en cogne comme de sa première chemise! Bien au contraire il était heureux, que ce championnat de France se tienne ce jour là. Pour diverses raisons mais surtout pour que cette âme reste en vie, celle attirant des milliers de personnes. Pas de bol pour l’ancien champion, la coupe du Monde à Rome chez le Pape (pas celui de notre cyclo-cross) est prévue aussi le week-end suivant, jour de son événement. Mais qu’importe, l’important est de garder l’âme de ce sport, de ces épreuves montées par ces bénévoles qui sont les gardiens de l’essence de cette âme, de ce style de vie. Il aura lieu envers et contre tout! Lui, son ami Raymond Le Saout avec leur bande le l‘AC Gouesnou organise le CX de Gouesnou qui aura lieu ce dimanche 15 janvier, qu’il pleuve (mais c’est rare par chez eux sinon que sur les « cons ») où qu’il vente. Il sera le théâtre de la finale du Challenge régional de Bretagne avec ces passionnés réunis, avec ces jeunes qui sont l’avenir de notre « drôle » de famille !
Que voulez vous! Notre cyclo-cross est en train de crever comme le dit John Gadret sans tous ces bénévoles qui se tapent des efforts surhumains pour créer ce genre d’épreuve. Contrairement en Belgique, Royaume Uni et aux Pays Bas, le cyclo-cross chez nous autres gaulois n’attire que peu de télés malgré les millions d’internautes connectés. Notre télévision nationale préférant quand à elle une énième rediffusion de Laurent Ruquier ou de la reproduction des flamands roses sur le lac de tatouinville. Oh oui, de temps en temps elle se penche bien sur notre triste sort mais seulement pour de rares occasions et encore, les organisateurs doivent la payer cash pour nous donner cette petite « gâterie » ! Dans ces cas là, dur d’attirer les sponsors sans payer la tv en monnaie trébuchante! Enfin, heureusement il reste le net mais faut il encore en connaître cette véritable puissance de feu pour nos sponsors nationaux et organisateurs ! Il y a 60 ans, au temps de l’ORTF on ne pariait pas beaucoup sur la télé non plus! Alors qu’ailleurs, les plus grandes marques ont bien compris ce récent créneau et n’hésitent pas à financer cette nouvelle forme de média très prisée chez les jeunes, le futur, l’ avenir !
Bref, il en est tout de même qui ont compris cet élan appelé « web » promu par la jeunesse comme l’organisateur du CX de Gouesnou Alain Julien qui n’est pas un inconnu en terre celtique. En plus d’être proche des jeunes, il a été aussi ce guerrier n’hésitant pas à braver et battre les seigneurs du peloton vers la fin des années 70 tels des Marc Gomez (le vainqueur de Milan San Remo 81) ou Le Bigaut sur la 1ère étape de l’Essor Breton 1978. 3ème du championnat de Bretagne de cyclo-cross en 1981 derrière Patrick Robin et Hilaire Desclos, il en a claqué des courses et critériums, il été l’un des meilleurs espoirs du cyclisme de notre Gwenn Ha du! Pourtant, il décida de partir vers la capitale du pays voisin que l’on nomme Paris pour y être facteur. A l’époque, il était plus sûr d’être à la poste que de partir dans un monde aléatoire pour nourrir sa famille ! Mais il a gardé cette flamme en lui, cette passion de gosse qui ne l’a jamais quitté et qui coule toujours dans ses veines. Tel un patriarche désormais, il est de ceux qui transmettent cet héritage et qui donnent les moyens à ces jeunes de devenir l’un de ces futurs guerriers en créant ce genre de cyclo-cross, comme tant d’autres le font bénévolement à travers la France. Nombre de champions n’auraient pas eu aussi cette destinée sans ce genre de passionné. Pas de pros? Pas de champion de France? Tant pis, ce cyclo-cross aura bien lieu, pour la passion, pour le cyclo-cross, pour tous ces jeunes, pour garder cet âme, notre âme !
Alain Julien, pourquoi avoir créer ce cyclo-cross de Gouesnou?
Alain Julien: » Déjà, c’est la 5ème édition que l’on monte avec Raymond Le Saout et L’AC Gouesnou. Il y a fort longtemps (rires), il y avait des cyclo-cross dans la communauté urbaine de la ville de Brest. En 1978, le dernier des cyclo-cross avait été organisé sur le parc de la Penfeld. Je me rappelle très bien de ce jour là, Georges Marchais y organisé son meeting quelques mois après, une autre époque ! J’avais un vingtaine d’année et le vainqueur était Jean Yves Plaisance. J’avais terminé 8ème. Depuis, il n’y avait plus rien d’organisé. Donc, en 2011 on a eu l’idée de refaire battre le coeur de notre cyclo-cross autour de la ville de Brest. Il y en avait pas mal d’autres dans le coin mais plus rien sur Brest. On est parti voir la municipalité de la ville de Gouesnou à l’époque et c’est parti comme ça. Ensuite, le nouveau Maire Stéphane Roudaut a suivi notre mouvement et on a continué. Je me rappelle bien du premier, on avait vu cette vallée qui était laissée à l’abandon. Il y avait des tas de détritus et de bouteilles à certains endroits, un véritable dépotoire. On a tout nettoyé, défriché et on a fait revivre ce magnifique parcours. En haut de la vallée, c’est un panorama qui nous permet d’admirer les alentours de la ville, une très belle vue et le circuit est magnifique. «
Le France de Lanarvily et la coupe du Monde n’ont ils pas été un frein cette année?
Alain Julien; » Non, Le France à Lanarvily a permis montrer notre Finistère, cette terre de cyclo-cross. C’est vrai que c’était une tradition d’être la première épreuve de l’année par ici mais là c’était pour une très belle cause. Ensuite cette année, il n’y aura pas de pros car c’est une finale du Challenge régional de la Bretagne cycliste. Cela concerne surtout les Bretons même si certains qui sont maintenant champions de France seront absents pour aller défendre leurs couleurs à l’étranger, tous les autres seront là. Non, pas vraiment gênant, le spectacle sera tout aussi beau de toutes façons avec de belles bagarres. »
Quels sont vos objectifs à l’avenir?
Alain Julien; » Organiser un championnat de Bretagne, je pense que l’on est fin prêt pour le recevoir. On a un beau parcours maintenant et enfin reconnu et une mairie qui nous soutient. On ne veut pas devenir une épreuve plus grande car il nous faut tout de même être réaliste. Il nous faut scrupuleusement respecter un budget. Non, ce qui nous intéresse, c’est de garder note âme! Celle des passionnés avec des choses réalistes pour que nos jeunes puissent s’exprimer pleinement. J’en ai connu des gars qui voulaient être plus gros que le boeuf, du genre « ayatholla » aussi bien des organisateurs que des managers d’équipe durant ma vie. Ils se sont tous plantés. Non, je ne suis pas de ce genre là. Il nous faut être réaliste si l’on veut que notre épreuve perdure dans les années futurs. «
Justement, dur d’organiser une épreuve de cyclo-cross de nos jours?
Alain Julien; » Oui, comme partout ailleurs en France. C’est un ensemble de charges énormes. Il nous faut respecter toutes ces lois sur l’utilisation des routes, des sous bois, celle sur l’écologie, les conditions imposées par l’UCI et la FFC, c’est un truc de dingue. Il faut vraiment aimé ça et avoir du temps surtout. Heureusement, le Maire Stéphane Roudaut et son équipe nous donne un sacré coup de main en nous envoyant les employés municipaux pour réveiller cette vallée, en nous offrant l’école pour que les commissaires puissent s’y installer et que les coureurs disposent de douches. Elle est à moins de 500 mètres de l’arrivée. Oui, un budget et un cahier des charges contraignant mais cela vaut le coup tout de même quand on voit le monde et le sourire des coureurs le jour « J ». Ca n’a pas de prix ça, il nous faut garder cette âme ! «
Le cyclisme, plus qu’une passion pour vous ?
Alain Julien; » (Rires)… Je n’étais pas un grand coureur, plutôt un bon régional. Je n’avais pas un gros gabarit, j’étais plutôt une crevette. Mais je gagnais mes 5 ou 6 courses par saison. Je me souviens de belles victoires comme en 78 sur l’Essor Breton devant Marc Gomez et Pierre Le Bigaut. Tous 2 sont passés pros et Marc a remporté Milan San Remo 3 ans plus tard. Je me défendais, j’aimais ça mais je suis devenu facteur à Paris. J’ai continué le cyclisme tout le temps. Je faisais mes tournées tôt le matin et j’allais m’entraîné ensuite où j’allais aux courses. J’ai toujours aimé ça. Pour cela que lorsque je suis revenu à Gouesnou, je voulais faire revivre ce cyclo-cross. Pour que cela ne se perde pas, pour garder notre âme et la transmettre à nos jeunes. «
Fait rares chez les politiciens, le jeune maire Stéphane Roudaut est un sportif accompli. Il n’est pas rare de croiser l’élu en sueur matant péniblement son « pulsar » au poignet. Sa ville et ces rues, il y court régulièrement comme dans cette vallée avant de se « taper » des réunions interminables durant la sainte journée. Il mise lui aussi beaucoup sur le sport et la culture.
Mr Le Maire, pourquoi soutenez bous le cyclo-cross de Gouesnou?
Stéphane Roudaut; » Gouesnou est une ville avec une histoire sportive à la base. On mise justement sur ce domaine et la culture. C’est l’ancienne Mairie qui les a soutenu en premier pour ce cyclo-cross. Mais c’est vrai que le cyclisme est un sport qui m’a épaté dès le début. Ces gars qui s’imposent des charges d’entraînement énormes, je parle aussi bien des amateurs que des pros, c’est pareil à mes yeux. Ils sont constamment en train de s’entraîner et se soumettent à des sacrifices qui me laisse pantois. Pas forcément pour la gagne qui plus est, mais pour surtout se faire plaisir sur les courses. Je reste vraiment admiratif des ces sportifs. C’est un art difficile, exigeant et ils le pratiquent chaque jour avec cette même passion. Donc, il était normal de continuer à les soutenir, pour conserver cette âme comme dirait Alain Julien. »
Liens de l’AC GOUESNOU