7 titres de champions du Monde de rolles (Galerie Photos Roller Léa Ropher)
C’est à peine l’aurore à Roissy Charles de Gaule, les avions vomissent leurs milliers de passagers venus de tous les coins du monde. Ca se bouscule, râle, braille, pousse, se toise d’un regard noir pour choper un de ces »fucking » taxi. Assis sur un banc, les écouteurs vissés au dessus d’un bonnet, le Breton Ewen Fernandes, pieds posés sur ce sac qui le suit partout depuis des années par tous les pays du globe, regarde cette fourmilière s’agglutiner autour des portes. Il sourit car il s’en fout, c’est surtout un « Beautiful Day » pour le sextuple champion du Monde de roller. Il va rejoindre Nankin en Chine pour prendre son 7ème titre, là bas où ce sport devient populaire autant que le cyclisme, là bas où lui et son pote Alexis Contin (de Saint Malo) sont des véritables stars.
Et oui ! La Bretagne l’ignore sûrement, mais ils ont un septuple champion du Monde issu de cette terre celtique,de cette terre de légende qu’est Callac. Que voulez vous, il ne fait pas de voile, de foot et on attend depuis des décennies un champion du Monde de cyclisme que l’on oublie que d’autres le font déjà! 7 titres pour Ewen dont le dernier cette année à Nankin sur le 10 km. Alexis Contin et lui, les 2 Bretons, sont les stars tricolores de ce sport à l’étranger. La France et leur propre région de Bretagne les connaît pourtant à peine. Allez comprendre ce snobisme so frenchie !
Mais Ewen a une autre passion. Alors que ces adversaires continuent la saison sur le patinage de vitesse sur glace, le Breton enfourche un bike et va se frotter aux durs coursiers de Bretagne. Lui, le professionnel de roller (il vit de ce sport) va se bouffer des kilomètres sur les courses made in BZH. Pourquoi vous dîtes vous? Pour le plaisir, pour ce shoot d’adrénaline, pour cette bande de potes, pour son team de coeur qu’est celui d’Hennebont Cyclisme, pour ses terres, « one love » rien d’autre… Cette saison, on le reverra sur les routes des classiques régionales. Rassurez vous, ces ambitions cyclistes sont surtout de se faire plaisir avant tout. Lui les titres mondiaux, il les accumulent et ne compte pas s’arrêter là, il n’a rien à prouver à personne. A 27 ans il compte encore en faire tomber des records et faire briller sa région Gwenn Ha Du, son pays, tout en foutant le boxon sur les divers continents du globe. Et comme le dit U2 son « band » favori, il cherche toujours ce trip d’aller plus haut, cet « Elevation » à grand coups de « Vertigo » dans les oreilles! «
Ewen Fernandez, 7 fois champions du Monde de roller. Vous allez continuez?
Ewen Fernandez; » Oui bien sûr. Je suis professionnel de roller, c’est mon métier et ma passion, ma raison d’être, mon style de vie. J’ai remporté 7 titres mondiaux dans différentes catégories mais je n’ai que 27 ans, j’ai encore quelques années devant moi. »
Vous revenez de Chine ce mois ci, ce pays où vous y avez été champion du Monde de nouveau en septembre.
Ewen Fenandez; » C’est vrai, j’ai remporte le titre de champion du Monde de roller sur le 10 km à Nankin en septembre dernier. C’était incroyable, il y avait une foule immense, les chinois sont dingues de ce sport. Par ailleurs, ils se mettent à tous les sports dorénavant et ils y investissent beaucoup d’argent. Je reviens d’un marathon roller où j’étais invité pour une exhibition. Il y avait encore un monde incroyable. Ils sont plus d’un milliard là bas et l’avenir du roller est exponentiel du coup, comme tous les autres sports. »
Du coup, la Chine est une belle vitrine pour votre sport et des sponsors éventuels ?
Ewen Fernandez; » Oui, bien sûr. Les chinois se mettent à fond au sport et ils ne font rien par dessus la jambe. Ils exploitent tout à fond et pour un sponsor Européen ou Américain, c’est un véritable avenir pour eux en Chine. Je suis sponsorisé aussi par les Français de DIFFUSPORT avec DSX et là bas, la marque était en avant devant tout ce monde. Je suis aussi fan de cyclisme aussi et j’ai appris qu’ils auront une équipe World Tour. Ce team aura sûrement plus d’un milliard de fans derrière eux je pense, tous comme leurs autres équipes nationales ou privées. »
On vous a proposé un beau contrat là bas, pourquoi avoir refusez ?
Ewen Fernandez; « Oui, on m’a proposé d’être entraîneur pour une équipe. Ils étaient prêts à mettre une très belle somme pour la saison. Mais j’ai refusé pour plusieurs raisons. D’une, j’aime ma Bretagne et je voulais y revenir. Ma compagne vit là bas. Ensuite, je compte encore courir en roller pour d’autres objectifs mondiaux et je me sens bien avec le team France. Enfin, j’ai besoin d’un sas de décompression et le cyclisme me permet cela. Du coup, je prends ma licence dans le Morbihan pas trop loin de chez nous (Il vit à la Roche sur Yon).
Pourquoi le cyclisme ?
Ewen Fernandez; « Le vélo me permet de m’éclater tout en travaillant sur la puissance. Je conjugue entraînement et plaisir. Et chez Hennebont Cyclisme avec Cédric Le Ny, c’est un peu comme une famille. J’y ai passé de bons moments auparavant. C’est l’une des rares équipes à ne pas te mettre de pression, tu roules quand tu en as envies, quand tu le sens. Avec eux, on roule en gardant ce plaisir et surtout sans ces contraintes qui ne vous apportent généralement rien du tout en contre partie. Et enfin parce qu’il y a plusieurs cultures sportives dans ce team. Il y a des Australiens, des Irlandais et des Anglais. C’est très enrichissant aussi d’apprendre avec les étrangers. J’allais toujours les voir avant les courses cette saison. Ce n’était pas vraiment évident pour eux qui ne parlent pas beaucoup la langue de Molière. Du coup, cela nous enrichi tous. C’est aussi ça Hennebont Cyclisme, une bande de potes issue de toutes les cultures du monde et qui ne se prend pas la tête. C’est ça que je cherche surtout ! «
Vos ambitions cyclistes ?
Ewen Fernandez; » Me faire plaisir sur le bike et au sein de l’équipe. Je n’ai pas d’ambitions de victoires. Donner le meilleur de moi même déjà pour le team et pour les amis. Je vais courir en cat 2 surtout en Loire Atlantique, en Vendée et dans le Morbihan surtout. je ne veux pas être en cat 1 car je ne pense pas mériter ma place. Il me faut prouver que je suis un bon cat 2 avant d’avoir des ambitions en élites. De plus, quand on te mets dans le mondes des élites de suite sans jamais avoir prouver quoique ce soit, on n’est pas vraiment épanoui et ni à notre aise. En cat 2, j’aurais cette joie de prendre le départ et de batailler sur chaque épreuve et peut être sur la Ronde Finistérienne que j’apprécie particulièrement. Le plus important, c’est de se faire plaisir non? Sans ça, ça ne vaut pas le coup d’y aller, c’est le plus important à mes yeux. «
Ensuite, sur votre carrière pro en roller?
Ewen Fernandez. » On est vraiment 2 à glaner quelques titres, je ne suis pas le seul. Il y a Alex Contin aussi. Mes projets sont de prendre encore des maillots arc en ciels et surtout de gagner enfin les « World Games » l’équivalent des JO pour nous autres. Cette année , ils auront lieu en Pologne, ça sera l’un de mes objectifs principaux. Il y a 4 ans, j’ai raté l’occasion en Colombie car j’étais tombé malade au même moment. Mais cette fois-ci, je l’ai dans le viseur. «